14: Anesthésie chez le brûlé adulte

Chapitre 14 Anesthésie chez le brûlé adulte



L’anesthésie fait partie intégrante de la thérapeutique : sans elle, il n’y a pas de prise en charge efficace des brûlures graves, d’où un retard d’évolution et des complications infectieuses à court terme et cicatricielles à plus long terme ; ainsi s’explique souvent le transfert secondaire dans nos structures de patients ne pouvant pas bénéficier d’une logistique bloc/anesthésie appropriée. La tactique anesthésique doit tenir compte des impératifs spécifiques induits par la pathologie (modifications pharmacocinétiques et pharmacodynamiques, variations pour un même individu au cours du temps, car il s’agit souvent de durées d’hospitalisation prolongées). Enfin, un anesthésiste peut être amené à intervenir dans différentes situations bien différentes : prise en charge d’un brûlé en préhospitalier ou aux urgences, intervention chirurgicale unique sur un brûlé aigu ou au stade des séquelles et, bien sûr, anesthésie itérative pour lésions graves en centre spécialisé [14].



Impératifs chirurgicaux du point de vue de l’anesthésiste




Excisions


Elles permettent l’ablation des tissus nécrotiques. C’est une chirurgie de surface hémorragique avec, par ordre croissant de saignement, l’avulsion au bistouri électrique, l’hydrodétersion et l’excision tangentielle. Les pertes sanguines sont difficiles à évaluer en peropératoire, de l’ordre de 211 ± 166 ml de sang par % de surface corporelle (SC) excisée [7], ou 2,8 % ± 0,23 % de la masse sanguine par % de SC excisée [8]. Ces valeurs peuvent servir de base de calcul pour prévoir la compensation en concentrés globulaires peropératoire, sous couvert des paramètres habituels de surveillance. De nombreuses techniques sont proposées pour réduire le saignement : garrots, compresses imbibées d’adrénaline ou injections sous-cutanées d’adrénaline [9], pulvérisation de facteurs de coagulation [10], facteur VII activé [11], terlipressine [12].


La mobilisation des tissus nécrotiques peut entraîner la dissémination d’un inoculum bactérien et nécessiter la prescription d’une couverture antibiotique.


La durée de l’excision varie en fonction de la complexité de l’acte, de l’ordre de 90 minutes pour un visage, une main, ou 10 % de la surface corporelle. L’excision est en général suivie d’un recouvrement qui prolonge le temps opératoire, soit greffe dermo-épidermique, soit substitut dermique temporaire ou définitif. Certains de ces substituts sont particulièrement sensibles à l’infection et peuvent justifier une antibioprophylaxie per opératoire.








Modifications biologiques induites par la brûlure


Elles apparaissent à partir de 15 à 20 % de surface corporelle brûlée, sont majeures à la phase initiale d’évolution, moins importantes ensuite.







Pharmacologie appliquée



Propofol


Il est utilisé depuis longtemps pour sa maniabilité [18]. Sa posologie doit être adaptée à l’état hémodynamique. En cas d’utilisation contemporaine de la molécule pour la sédation, il faut tenir compte d’un éventuel syndrome de sevrage [19], mais surtout du risque d’apparition d’un « propofol infusion syndrome » à partir d’une administration ≥ 4 mg kg−1 h−1, avec acidose, rhabdomyolyse et insuffisance rénale [20].

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Sep 21, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 14: Anesthésie chez le brûlé adulte

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