13 Affections vésiculeuses et bulleuses
Dermatite herpétiforme
Dermatose chronique rare, intensément prurigineuse et bulleuse associée ou non à une entéropathie au gluten.
Anamnèse
Elle survient chez les hommes et les femmes selon un rapport de 2 pour 1.
Elle se manifeste rarement dans les populations africaines et asiatiques.
L’incidence s’accroît quand elle est associée aux antigènes leucocytaires humains (human leukocyte antigens [HLA]) HLA-DRw3, HLA-B8 et HLA-DQw2.
La prévalence est supposée être de 11 à 39 pour 100 000.
La maladie se révèle à l’âge adulte entre 20 et 60 ans. Elle est rare chez les enfants.
Manifestations cutanées
Prurit et sensations de brûlure.
Les vésicules ou excoriations sont groupées et distribuées de façon symétrique sur les coudes, les genoux, le sacrum ainsi que la base du cuir chevelu, mais elles peuvent aussi être généralisées.
Les vésicules intactes sont fréquemment excoriées par grattage et deviennent alors souvent difficiles à identifier.
Bien que les lésions soient couramment des vésicules, elles peuvent aussi être des papules érythémateuses ou urticariennes.
Manifestations non cutanées
L’atteinte gastro-intestinale est généralement asymptomatique.
Les modifications observées sur l’intestin grêle évoluent vers une disparition des villosités intestinales.
La biopsie de l’intestin grêle révèle une atrophie villositaire.
Moins de 20 % des patients absorbent mal les graisses, le D-xylose ou le fer.
La sévérité de l’affection cutanée n’est pas en corrélation avec le degré d’atteinte intestinale.
Il existe un risque accru de lymphome de l’intestin grêle ou de lymphome non intestinal chez les patients qui ont une maladie cœliaque. Le risque est diminué si le patient suit strictement un régime sans gluten.
Une hypothyroïdie ou des affections de la glande thyroïde peuvent être associées.
Examens de laboratoire
Une biopsie cutanée révèle des décollements dermoépidermiques et un infiltrat dermique composé de polynucléaires neutrophiles et de quelques éosinophiles.
L’immunofluorescence directe d’une biopsie cutanée est la technique privilégiée pour établir le diagnostic.
La biopsie est effectuée sur une peau saine, périlésionnelle.
Quatre-vingt-dix pour cent des cas montrent un dépôt granuleux ou fibrillaire d’immunoglobuline A dans les papilles dermiques.
Le sérum sanguin de 70 % des patients qui n’observent pas un régime sans gluten contient des anticorps anti-endomysiaux circulants de type immunoglobuline A.
Les titres sériques d’anticorps anti-endomysiaux sont en corrélation avec la gravité de l’atrophie villositaire du jéjunum.
Évolution et pronostic
La maladie est typiquement chronique et une rémission spontanée survient dans un tiers des cas.
L’absorption de produits iodés peut aggraver la dermatite herpétiforme.
La maladie est récidivante, mais elle est généralement bien contrôlée par des sulfones tels que la dapsone ou par un régime strictement sans gluten.
Traitement
Une alimentation comportant une éviction du gluten (ce qui n’est pas simple) peut, à elle seule, aider à limiter la maladie ou permettre de décroître le besoin en médication par voie orale.
Une adhésion stricte à une alimentation fondée sur des produits ne contenant pas de gluten est nécessaire pendant plusieurs mois pour un contrôle efficace de la maladie.
Les céréales, excepté le riz, l’avoine et le maïs, contiennent du gluten. Les aliments ne contenant pas de gluten peuvent être commandés dans des magasins spécialisés. Les facteurs nécessaires à une adhésion réussie à une alimentation avec des produits sans gluten comprennent la motivation et des prescriptions diététiques.
Le traitement ne diminue pas la durée de la maladie mais permet de la contrôler et de permettre sa rémission.
Le médicament de choix est la dapsone à un dosage de 100 à 150 mg quotidiennement. Elle soulage le prurit et les brûlures en 48 à 72 heures.
La dose d’entretien quotidienne est de 25 à 200 mg par jour.
Le niveau de glucose-6-phosphate déshydrogénase doit être contrôlé avant le traitement pour éviter une hémolyse intense chez les patients déficitaires.
Les patients ayant une hémolyse, une anémie ou une méthémoglobinémie doivent faire l’objet d’un suivi prudent de la dapsone. Des hémogrammes doivent être réalisés chaque semaine pendant un mois, puis chaque mois pendant 6 mois, et enfin deux fois par an.
Les tétracyclines à une dose de 500 mg une à quatre fois par jour, ou la minocycline à une dose de 100 mg deux fois par jour, et le nicotinamide à une dose de 500 mg deux ou trois fois par jour ont été rapportés comme étant utiles dans certains cas.
Conseils et recommandations
Un prurit intense et continu qui ne répond pas à la prednisone sous-entend la présence d’une gale ou d’une dermatite herpétiforme.
L’immunofluorescence peut confirmer un diagnostic de dermatite herpétiforme.
Bien que la dermatite herpétiforme soit une affection provoquant des bulles, il est rare en pratique de pouvoir voir des bulles, car le prurit induit le grattage qui élimine les vésicules et les petites bulles en laissant seulement des papules croûteuses et de petites érosions.
Pemphigus vulgaire
Affection rare, potentiellement mortelle, auto- immune, provoquant des bulles intraépidermiques et atteignant la peau et les muqueuses.
Anamnèse
L’âge moyen pour le déclenchement est de 60 ans.
Les hommes et les femmes sont également susceptibles.
L’incidence est évaluée à 0,5 à 3,2 cas pour un million.
L’incidence est plus forte chez les personnes d’ascendance juive ashkénaze en association avec les groupes antigéniques des leucocytes humains HLA-DR4, HLA-DQ8, et chez les sujets non juifs en association avec les groupes HLA-DR6, HLA-DQ5.
En général, des érosions buccales précèdent l’apparition des bulles cutanées pendant des semaines ou des mois.
Le prurit est minime et la plupart des patients décrivent des douleurs ou une irritation cutanées.
Manifestations cutanées
Le diamètre des bulles varie de 1 à 3 cm.
Elles deviennent visibles graduellement et peuvent être localisées pendant longtemps, mais s’étendent en l’absence de traitement.
Les bulles se rompent facilement, car leur partie supérieure est fragile puisqu’elle n’est constituée que d’une fine portion de l’épiderme superficiel.
En appliquant une pression sur les petites bulles intactes, le liquide qui s’y trouve s’échappe latéralement pour disséquer latéralement les régions médianes épidermiques modifiées par la fixation des immunoglobulines G (signe d’Asboe-Hansen).
Une traction sur une peau intacte provoque la formation de bulles (signe de Nikolsky).
Les érosions cutanées demandent des semaines pour guérir, produisent une hyperpigmentation marron mais ne laissent pas de cicatrices.
Des érosions buccales douloureuses existent chez 50 à 70 % des patients ; elles précèdent l’apparition des bulles pendant des semaines ou des mois.
Des bulles, des érosions et des stries érythémateuses peuvent apparaître dans le pharynx et dans l’œsophage.