Chapitre 12. Les bêtabloquants et l’anxiété
Introduction168
L’anxiété liée à la performance168
Le trouble anxieux généralisé169
Les attaques de panique : un puzzle ?169
Le tremblement170
L’akathisie et l’impatience170
Les effets indésirables des bêtabloquants170
INTRODUCTION
Durant les années 1990, suite aux inquiétudes liées à l’utilisation des benzodiazépines, on s’est intéressé à l’utilisation des bêtabloquants pour le traitement de l’anxiété. Les principaux médicaments de ce groupe sont repris dans le tableau 12.1.
DCI : dénomination commune internationale. | |||
DCI | NOM DE SPÉCIALITÉ | ||
FRANCE | BELGIQUE/SUISSE | CANADA/ÉTATS-UNIS | |
Propranolol | Avlocardyl®, Hemipralon®, Sthasin® | Inderal®/Inderal® | Inderal®/Inderal® |
Aténolol | Tenormine®, Betatop®, Cuxanorm®, Tenordate®, Tenoretic®, Beta Adalate® | Tenormin®/Ténormin®, Aténil®, Cardaxen®, Selobloc® | Tenoretic®, Tenormin®/ Tenormin® |
Les bêtabloquants sont classiquement utilisés pour le traitement de l’hypertension, de l’angor (angine de poitrine) ou des arythmies cardiaques. Leur usage en psychiatrie est lié au fait qu’ils bloquent les manifestations périphériques de l’anxiété telles que l’augmentation du rythme cardiaque ou les tremblements des mains. Des signes tels que ceux-ci nous permettent d’apprécier notre niveau d’anxiété. Quand ces effets de l’anxiété sont contrôlés, deux boucles de rétroaction peuvent être interrompues. La première, celle liée à l’anxiété, est anticipative. Pour certaines personnes, la peur de présenter des signes d’anxiété déclenche l’anxiété. Par exemple, le violoniste concertiste peut avoir peur à l’avance de l’effet d’un tremblement des mains sur son archet face à son public. La seconde est celle qui s’enclenche, en cours de performance, quant l’anxiété de l’orateur est accentuée parce qu’il sent que sa voix tremble et que sa bouche devient sèche. Le fait de pouvoir contrôler ces manifestations physiques peut diminuer l’anxiété anticipative et apaiser le stress au niveau psychique durant la performance par le simple fait de ne pas sentir son corps s’emballer.
L’ANXIÉTÉ LIÉE À LA PERFORMANCE
Le rôle des bêtabloquants dans la gestion de l’anxiété est bien connu parce que les musiciens qui craignent les effets du trac en font souvent usage. Grâce à ces médicaments, ils sont capables de faire face au public et d’effectuer leur performance avec plus d’assurance. Plus d’un tiers des musiciens d’orchestre disent avoir déjà eu recours à ce type de produit pour éviter d’avoir les mains qui tremblent et des palpitations. Ils sont aussi utilisés pour les mêmes raisons par les joueurs de billard [20].
Une dose de 10 mg par jour de propranolol suffit en général pour bloquer ces manifestations du trac. Des doses supérieures à 40 mg sont rarement nécessaires.
LE TROUBLE ANXIEUX GÉNÉRALISÉ
Vu l’inquiétude concernant l’utilisation de benzodiazépines, durant les années 90, les médecins généralistes ont commencé à prescrire des bêtabloquants à leurs patients souffrant d’états anxieux diffus. L’efficacité dans cette indication est moins nette que dans celle du trac. En effet, dans ce dernier cas, la prise de médicament est liée à une situation spécifique, alors que dans le cas du trouble de l’anxiété généralisée (TAG), l’anxiété est constante et des doses plus importantes doivent être utilisées sur de plus longues périodes de temps.
La dose standard de propranolol utilisée dans le TAG est de 20 mg 4 fois par jour ou 80 mg en formule retard. Des essais cliniques pour le TAG ont été réalisés avec quatre bêtabloquants : le propranolol, l’oxprénolol, le sotalol et le practolol. Le sotalol et l’oxprénolol n’ont pas d’effets anxiolytiques clairs. Les autres bêtabloquants tels que le labétalol, le métoprolol, le timolol, le pindolol, le nadolol et l’aténolol n’ont pas été étudiés dans cette indication.
Le propranolol a néanmoins montré une efficacité comme anxiolytique sans causer d’effets sédatifs. Il améliore les palpitations, les sueurs, les diarrhées et le tremblement. Cette efficacité peut faire penser que le propranolol aurait une certaine action sur le système sérotoninergique (voir le chapitre 11). Cette hypothèse est renforcée par le constat que les autres bêtabloquants n’ont pas d’effets sur le TAG.
LES ATTAQUES DE PANIQUE : UN PUZZLE ?
L’utilisation des bêtabloquants peut être envisagée pour tous les états anxieux se manifestant par des signes périphériques prédominants. Étonnamment, cependant, ces médicaments ne semblent pas efficaces dans les attaques de panique qui pourtant se caractérisent par des symptômes physiques très prononcés et invalidants.
LE TREMBLEMENT
Les bêtabloquants sont aussi utilisés pour réduire les tremblements liés à la prise de lithium et pour des dyskinésies induites par les neuroleptiques (voir le chapitre 3).