11: Muscles de la jambe et du pied

Chapitre 11


Muscles de la jambe et du pied



PLAN DU CHAPITRE




Les muscles de ce chapitre entraînent principalement des mouvements du pied au niveau des articulations de la cheville et du tarse, mais également des mouvements des orteils au niveau des articulations métatarsophalangiennes (MTP) et interphalangiennes (IP).


En première approche, on peut dire que les muscles qui mobilisent le pied ont leur insertion proximale et leur corps musculaire dans la jambe. Les muscles de la jambe sont classiquement divisés en quatre loges, séparées par des septums ou des fascias : loges antérieure, latérale, postérieure superficielle, et profonde.



La situation de chaque loge donne une indication sur la fonction de ces muscles. Par exemple, tous les muscles de la loge antérieure font de la flexion dorsale. Tous ceux des loges latérale et postérieure font de la flexion plantaire (la flexion dorsale de la cheville est une flexion, tandis que la flexion dorsale des orteils est une extension et vice versa pour la flexion plantaire. Nous gardons les termes anglo-saxons de flexion dorsale ou plantaire qui semblent moins ambigus [NdT]). Tous les muscles de la loge latérale sont valgisants. L’action précise et exacte d’un muscle de la jambe est donnée par la localisation ponctuelle du tendon terminal de chacun de ces muscles par rapport aux axes articulaires. Par exemple, le tibial antérieur est situé dans la loge antérieure de la jambe, et son tendon est médial par rapport aux articulations tarsiennes ; il est donc fléchisseur dorsal et varisant. (Pour nous, une varisation se fait en associant une adduction et une supination. L’inversion suppose en plus une flexion plantaire dans le tarse et la cheville, ce que ne fait pas le muscle tibial antérieur. La valgisation se fait en associant une abduction et une pronation. L’éversion suppose en plus une flexion dorsale dans le tarse et la cheville [NdT].)


Les muscles qui mobilisent les orteils sont habituellement divisés en muscles longs, extrinsèques du pied, et muscles courts, intrinsèques du pied. Les muscles extrinsèques ont leur insertion proximale dans la jambe ou la cuisse et leur insertion distale dans le pied. Les muscles intrinsèques ont leurs insertions proximale et distale dans le pied ; ils sont donc entièrement situés dans le pied. Les muscles intrinsèques sont divisés en muscles dorsaux et plantaires. D’une manière générale, les muscles dorsaux font de la flexion dorsale (extension) des orteils, tandis que les muscles plantaires font de la flexion plantaire (flexion). Les muscles plantaires sont subdivisés en quatre plans, du superficiel au plus profond (les muscles interosseux). Le terme orteils est réservé aux orteils 2 à 5 ; le terme hallux (ou gros orteil) est réservé au premier orteil.




VUE D’ENSEMBLE DES ACTIONS : MUSCLES DE LA CHEVILLE ET DES ARTICULATIONS TARSIENNES


En ce qui concerne les actions des groupes fonctionnels de ces muscles, on peut établir les règles suivantes.



image Si un muscle croise la cheville en avant tout en ayant une direction verticale de ses fibres, ce muscle fait une flexion dorsale du pied à la cheville, en déplaçant la face dorsale du pied vers la face antérieure de la jambe.


image Si un muscle croise la cheville en arrière tout en ayant une direction verticale de ses fibres, ce muscle fait une flexion plantaire du pied, en déplaçant la face plantaire du pied vers la face postérieure de la jambe.


image Si un muscle croise les articulations tarsiennes en latéral, il peut faire un valgus (ou bien une éversion), en déplaçant la face plantaire du pied vers la face latérale de la jambe. Remarque : l’éversion a pour principale composante la pronation.


image Si un muscle croise les articulations tarsiennes en médial, il peut faire un varus (ou une inversion) en déplaçant la face plantaire du pied vers la face médiale de la jambe. Remarque : l’inversion a pour principale composante la supination.


image Les actions inverses se produisent quand le pied est en appui sur le sol. On peut utiliser la même terminologie pour décrire les mouvements de la jambe par rapport au pied. Par exemple, quand la face antérieure de la jambe se déplace vers l’avant en direction de la face dorsale du pied, on parle de flexion dorsale de la jambe par rapport au pied.



VUE D’ENSEMBLE DES ACTIONS : MUSCLES DES ORTEILS


En ce qui concerne les actions des groupes fonctionnels de ces muscles, on peut établir les règles suivantes.



image Les orteils 2 à 5 peuvent se mouvoir autour de trois articulations : les MTP et les interphalangiennes proximales (IPP) et distales (IPD). L’hallux (gros orteil) peut se mouvoir autour de deux articulations : la MTP et une seule IP.


image Pour mobiliser une articulation des orteils, le muscle doit croiser cette articulation. Il est donc indispensable de connaître les insertions des muscles distaux des orteils, de façon à savoir quelle articulation ces muscles peuvent mobiliser.


image Si un muscle croise les articulations des orteils par la face plantaire, il fait une flexion plantaire des articulations qu’il croise. Si un muscle croise les articulations des orteils par la face dorsale, il fait une flexion dorsale des articulations qu’il croise.


image Les actions inverses supposent que les insertions distales se mobilisent vers les insertions proximales. Cela se produit quand la partie distale du pied est fixe, principalement quand le pied est en appui sur le sol. Par exemple, à la fin de la phase d’appui pendant un cycle de marche (phase digitigrade), les métatarsiens font une flexion dorsale vers la phalange proximale et, par conséquent, le pied fait une flexion dorsale au niveau des articulations MTP.










MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED


Tibial antérieur (tibialis anterior)








PALPATION




1. Le sujet est en coucher dorsal. On place la main de résistance sur le côté médial et en distal du pied.


2. On exerce une résistance à la flexion dorsale et à la varisation du pied. On recherche le tendon distal du muscle tibial postérieur en médial de la cheville et du pied. Il est le plus souvent visible (figure 11-8, A).



3. On palpe le tendon distal par un glisser perpendiculaire aux fibres. On poursuit la palpation du tibial antérieur en proximal vers le condyle latéral du tibia par une palpation perpendiculaire aux fibres (figure 11-8, B).


4. Une fois que le tibial antérieur a été localisé, on demande au sujet de se relâcher et on peut apprécier ainsi son tonus de base.




MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED


Long extenseur de l’hallux (extensor hallucis longus)








PALPATION




1. Le sujet est en coucher dorsal. On place les doigts de la main de résistance à la face dorsale de la phalange distale de l’hallux.


2. On exerce une résistance à une flexion dorsale de l’hallux, en regard de la MTP et de l’IP. On recherche le tendon du muscle long extenseur de l’hallux jusqu’à ce qu’il soit visible.


3. On palpe le tendon distal par un glisser perpendiculaire aux fibres (figure 11-10, A).



4. On continue la palpation du muscle long extenseur de l’hallux vers le proximal. À partir du moment où il devient profond par rapport aux muscles voisins, il ne faut pas faire de glisser perpendiculaire. Au lieu de cela, on appuie doucement sur le muscle avec la pulpe des doigts et on doit sentir la contraction du muscle pendant que le sujet fait une flexion dorsale de l’hallux (figure 11-10, B).




MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED


Long extenseur des orteils (extensor digitorum longus)








PALPATION




1. Le sujet est en coucher dorsal. On place la pulpe des doigts de la main de résistance à la face dorsale des orteils deux à cinq.


2. On exerce une résistance contre la flexion dorsale des orteils deux à cinq au niveau des MTP et des IP. On recherche le tendon du muscle long extenseur des orteils qui devient visible à la face dorsale du pied.


3. On palpe les tendons distaux par un glisser perpendiculaire (figure 11-12, A).



4. On continue la palpation du long extenseur des orteils par une palpation perpendiculaire aux fibres (figure 11-12, B).




MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED : Groupe des fibulaires


Long fibulaire, court fibulaire, troisième fibulaire (fibularis longus, fibularis brevis, fibularis tertius)



Le groupe des muscles fibulaires est situé en latéral de la jambe, inséré sur la fibula. Il est composé des muscles long fibulaire, court fibulaire et troisième fibulaire (figure 11-13). Tous les trois font de la valgisation du pied et participent à l’éversion des articulations tarsiennes. Les muscles long et court fibulaires sont situés dans la loge latérale de la jambe ; le long fibulaire est superficiel par rapport au court fibulaire ; le troisième fibulaire appartient à la loge antérieure. Les muscles fibulaires sont souvent appelés péroniers.







PALPATION



Long et court fibulaires




1. Le sujet est en latérocubitus. On place les doigts de palpation le long de la face latérale de la fibula, exactement en distal de la tête de la fibula. On met la main de résistance sur la face latérale du pied.


2. On exerce une résistance à une valgisation-éversion du pied du sujet au niveau des articulations tarsiennes. On doit sentir la contraction du long fibulaire (figure 11-14, A).



3. On poursuit la palpation du muscle long fibulaire vers le distal par un glisser perpendiculaire aux fibres. Le long fibulaire devient un tendon approximativement au milieu de la jambe. Le tendon distal peut le plus souvent être vu immédiatement en postérieur de la malléole latérale de la fibula (figure 11-14, B).


4. Pour palper le court fibulaire, on palpe de chaque côté du long fibulaire, dans la moitié distale de la jambe (figure 11-15, A).



5. Le tendon distal du muscle court fibulaire est souvent visible et palpable en proximal du pied, juste en distal de la malléole fibulaire (figure 11-15, B).



Troisième fibulaire




1. Pour palper le troisième fibulaire, on doit commencer par mettre en évidence le tendon distal, destiné au 5e orteil, du muscle long extenseur des orteils, à la face dorsale du pied. On palpe ensuite directement en latéral ; on doit sentir un tendon qui se dirige vers le 5e métatarsien. Il peut ne pas être visible. On doit donc faire un glisser perpendiculaire à la direction du tendon pour le sentir. Il est quelquefois nécessaire d’utiliser son ongle pour le sentir.


2. Si le troisième fibulaire n’est vraiment pas palpable, il faut exercer une résistance plus forte à un valgus du pied accompagné d’une flexion dorsale et on palpe de nouveau pour mettre en évidence le tendon (figure 11-16).





MUSCLE DE LA JAMBE ET DU PIED : Groupe triceps sural


Gastrocnémien, soléaire (gastrocnemius, soleus)



Le groupe triceps sural de la loge postérieure superficielle de la jambe est formé du muscle soléaire et des deux chefs (médial et latéral) du muscle gastrocnémien (figure 11-17). Le soléaire et le gastrocnémien sont regroupés pour former un seul muscle appelé triceps sural parce qu’ils ont une terminaison commune unique, le tendon calcanéen (d’Achille). En vue postérieure, le gastrocnémien est superficiel par rapport au soléaire. Toutefois, le soléaire devient superficiel en médial et en latéral de la jambe.




Apr 23, 2017 | Posted by in MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE ET PROFESSIONNELLE | Comments Off on 11: Muscles de la jambe et du pied

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