10 Moelle Spinale
10.1 Cytoarchitecture de la substance grise de la moelle spinale
10.2 Les niveaux de la moelle spinale : cervical, thoracique, lombaire et sacral
10.3 Les niveaux de la moelle spinale : cervical, thoracique, lombaire et sacral (suite)
10.4 Les niveaux de la moelle spinale : cervical, thoracique, lombaire et sacral (suite)
10.5 Les niveaux de la moelle spinale : cervical, thoracique, lombaire et sacral (suite)
10.6 Imagerie de la moelle spinale : IRM
10.7 Organisation et contrôle médullaire du motoneurone périphérique
10.8 Voies réflexes spinales somatiques
10.9 Récepteurs musculaires et articulaires et fuseaux neuromusculaires
10.10 Étirement musculaire et son contrôle central par les motoneurones γ
La substance grise de la moelle spinale est située à l’intérieur de celleci et a une forme de « papillon ». Elle est divisée en trois cornes : (1) la corne postérieure (dorsale), site majeur du traitement de l’information sensorielle ; (2) la substance grise intermédiaire, avec la corne I até- rale où se trouvent, d’une part, les corps cellulaires préganglionnaires sympathiques (thoracolombaires) et parasympathiques (sacraux) et, d’autre part, le site du traitement de l’information par les interneurones ; (3) la corne antérieure (ventrale), où sont situés les motoneurones périphériques, lieu de convergence des voies réflexes et des voies descendantes régulatrices centrales. Les groupes cellulaires neuronaux sont rassemblés dans certaines régions de la substance grise, avec des noyaux bien distincts (par exemple le noyau de Clarke, la substance gélatineuse). Les couches de Rexed, autre système de classification cytoarchitectonique établi en 1950, subdivisent la substance grise spinale en dix couches. On utilise ce système essentiellement pour désigner la corne dorsale et la substance grise intermédiaire (couches I à VII) en relation avec la description du traitement de l’information nociceptive, et pour certaines voies réflexes et cérébelleuses. Bien que ces couches présentent quelques particularités en fonction des segments médullaires examinés, on reconnaît des similitudes tout au long de la moelle spinale. La substance grise est plus abondante au niveau des renflements cervical et lombaire, d’où part l’innervation des membres, que dans les régions cervicale haute, thoracique et sacrale.
La substance grise est organisée en couches de Rexed tout le long de la moelle spinale. Les cornes postérieure et antérieure sont élargies au niveau des renflements cervical et I ombo-sacral. La corne latérale est seulement présente de T1 à L2. Certains noyaux, tels que les noyaux de la colonne cellulaire intermédiolatérale avec les neurones sympathiques préganglionnaires (corne latérale de T1 à L2), le noyau de Clarke (C8 à L2) et le noyau des neurones parasympathiques préganglionnaires (S2 à S4), sont présents seulement dans des régions bien précises. La quantité de substance blanche augmente de la partie caudale à la partie rostrale. Dans les colonnes dorsales, le faisceau gracile est seulement présent au-dessous de T6 ; il est doublé latéralement par le faisceau cunéiforme au-dessus de T6. Le système spinothalamique/spinoréticulaire antérolatéral augmente en taille de la partie caudale à la partie rostrale. Les voies descendantes corticospinales diminuent de la partie rostrale à la partie caudale. Le faisceau corticospinal latéral laisse plus de la moitié de ses axones sur les synapses des segments cervicaux, puis diminue en taille en direction caudale.
Une lésion du funiculus latéral de la moelle spinale cervicale par une lésion démyélinisante, un traumatisme ou une ischémie, peut aboutir à une interruption (1) du faisceau corticospinal latéral descendant et du faisceau rubrospinal et (2) des axones descendants de l’hypothalamus qui se projettent aux neurones sympathiques préganglionnaires dans la colonne intermédiolatérale aux niveaux médullaires T1 et T2. Ces neurones préganglionnaires innervent le ganglion cervical supérieur, dont sont issus les neurones post-ganglionnaires sympathiques noradrénergiques destinés à l’hémiface ipsilatérale. Une interruption de ces axones descendants dans le funiculus latéral, à n’importe quel endroit en distal de la voie sympathique, est responsable d’un syndrome de Claude Bernard-Horner, qui associe un ptosis ipsilatéral (en raison de l’innervation au muscle tarse supérieur), un myosis (en raison de l’innervation au muscle dilatateur de la pupille) et une anhidrose (par diminution de l’activité de la glande sudoripare). Un traumatisme qui lèse un côté de la moelle spinale au niveau cervical produit d’une part une paralysie spastique ipsilatérale avec des réflexes ostéotendineux vifs et un syndrome de Claude Bernard-Horner ipsilatéral et, d’autre part : (1) une paralysie flasque des muscles innervés par les motoneurones atteints directement par la lésion, (2) une perte de la sensibilité épicritique (tact fin discriminatif, sensibilité vibratoire, sens de position des articulations) ipsilatérale au-dessous du niveau du traumatisme par atteinte de la colonne dorsale et des axones du funiculus dorsolatéral, et (3) une perte de la sensibilité thermique et algique en controlatéral au-dessous de la lésion, par atteinte du système antérolatéral (système spinothalamique/spinoré- ticulaire). Cet ensemble de symptômes résultant d’une hémisection de la moelle spinale est nommé syndrome de Brown-Séquard.