10: LA PLÈVRE

CHAPITRE 10


LA PLÈVRE



10.1


ANATOMIE – SÉMIOLOGIE – PATHOLOGIE NON TUMORALE




ANATOMIE RADIOLOGIQUE


Les deux feuillets pleuraux accolés ont une épaisseur inférieure à 0,4 mm. Ils délimitent une cavité virtuelle maintenue à l’état normal par un film liquidien. Le feuillet viscéral tapisse la face superficielle du poumon. Le feuillet pariétal revêt la plus grande partie de la surface profonde des parois de la cavité thoracique.


En bas, la plèvre recouvre en partie la face supérieure des coupoles diaphragmatiques ; à droite, le recouvrement est assez étendu et tapisse la partie de la coupole en dehors d’une ligne antéro-postérieure passant par le bord externe de l’orifice de la veine cave inférieure ; à gauche, la plèvre recouvre les deux tiers postéro-externes de la coupole, le reste étant occupé par l’insertion du péricarde [4]. En dedans, la plèvre délimite le médiastin, selon une direction antéro-postérieure, depuis la face postérieure du sternum en avant jusqu’aux gouttières costovertébrales en arrière. La plèvre se moule sur les organes médiastinaux. L’interface du complexe poumon aéré-plèvre dessine des limites ana-tomiques. Elle est exploitée par les différentes techniques d’imagerie.



Radiographie thoracique


En périphérie du poumon, la plèvre normale est directement visible comme une fine ligne d’opacité hydrique sous deux conditions : si le rayon incident lui est tangent, et si la plèvre est entourée de part et d’autre d’une structure de densité radiographique différente. Seul le niveau scissural peut répondre à ces deux conditions. Ailleurs la tangence se fait, mais sur une interface où la plèvre et le tissu adjacent ont la même densité hydrique. Ainsi, la plèvre n’est visible qu’indirectement et ses limites déterminent celles du médiastin. On dénomme alors la zone d’interface du nom de l’organe moulé par le poumon aéré. Cela s’applique également à la ligne de réflexion sur le diaphragme.



Scissures


Elles séparent le lobe inférieur du lobe supérieur à gauche, le lobe inférieur du lobe moyen et du lobe supérieur à droite.


La scissure horizontale (petite scissure) a une direction horizontale. De profil, elle se détache de la scissure oblique (grande scissure) au-dessous de la projection de la bronche lobaire supérieure droite. Par son trajet horizontal ou discrètement convexe en haut, elle atteint la paroi thoracique antérieure à hauteur du 3e espace intercostal. De face, elle atteint la paroi latérale du thorax à hauteur de la 4e ou de la 5e côte droite et s’interrompt avant le bord droit du médiastin.


La scissure oblique droite et la scissure gauche ne sont pas visibles sur les clichés de face (absence de rayon tangentiel). Elles peuvent se voir de profil sous forme d’une fine ligne hydrique oblique en bas et en avant depuis l’arc postérieur de la 4e côte jusqu’au tiers antérieur de la coupole diaphragmatique.


Des scissures accessoires sont possibles : une scissure para-cardiaque droite de face, une scissure séparant le segment apical des autres segments de la pyramide basale d’un lobe inférieur.


La pseudo-scissure azygos est une dépression profonde des deux feuillets pleuraux par une veine azygos latéralisée. Il y a trois variations topographiques (latérale, moyenne et médiale). Le territoire ainsi délimité n’a pas de pédicule bronchovasculaire particulier. De face, il s’agit d’une fine ligne opaque convexe en dehors, dont l’extrémité inférieure se situe à un niveau variable dans la région sus-hilaire, en projection de l’opacité de la veine azygos [10]. La confrontation radiographies-TDM assure une analyse plus précise.



Bords de la silhouette cardiomédiastinale


Les interfaces du bord droit correspondent à des éléments veineux : la ligne paraveineuse supérieure sur le tronc veineux brachiocéphalique droit, la veine cave supérieure en continuité avec la précédente et qui peut être masquée par l’aorte ascendante chez la personne âgée, l’oreillette droite, la ligne paraveineuse inférieure oblique sur la veine cave inférieure et barrant l’angle cardiophrénique droit.


Les interfaces du bord gauche correspondent à des éléments artériels : la ligne para-artérielle supérieure, formée par l’artère subclavière gauche, est arciforme à concavité inféro-latérale ; le bouton aortique déterminé par une ligne de réflexion pleurale sur la portion postérieure de la crosse ; le tronc artériel pulmonaire dessinant l’arc moyen gauche de la silhouette cardiaque, l’auricule gauche pouvant soulever sa partie inférieure ; le ventricule gauche constituant l’arc cardiaque inférieur gauche.


En résumé, les limites pleurales sur la silhouette cardiovasculaire sont dans un plan antérieur, sauf celles du bouton aortique et de la ligne subclavière gauche.




Récessus pleuraux


De chaque côté se réunissent les différents segments costal, diaphragmatique et médiastinal de la plèvre pariétale.


Le récessus médiastinocostal antérieur ou récessus retrosternal, étendu depuis l’articulation sternoclaviculaire jusqu’au 7e cartilage costal, décrit une concavité externe jusqu’au 2e cartilage costal puis descend verticalement jusqu’au 5e espace à droite (jusqu’au 4e à gauche) et obliquement vers l’extérieur jusqu’au 7e cartilage costal. Là, il se continue avec le récessus costodiaphragmatique ou récessus inférieur. Il n’est pas visible de face. Sur le cliché de profil, il limite la bande rétrosternale dont la partie inférieure devient triangulaire au niveau du muscle triangulaire du sternum.


Le récessus médiastinocostal postérieur ou récessus latéro-vertébral suit une direction verticale, le long des gouttières costovertébrales. C’est la ligne de réflexion paravertébrale visible lorsque la tangence du rayon incident le permet, du bouton aortique jusqu’à T10-T11 à gauche, et de T8 à T12 sur le bord droit du rachis à droite. Elle est très inconstante à droite, même en décubitus dorsal [11]. C’est une zone déclive de la plèvre en décubitus dorsal.


Le récessus médiastinodiaphragmatique s’étend d’avant en arrière depuis le sternum jusqu’à l’extrémité postérieure du 11e espace, avec un dénivelé droite-gauche peu marqué. De face, il dessine l’angle cardiophrénique avec une tangence sur le bord du cœur, à hauteur de T10-T11. L’interposition de franges graisseuses pleuropéricardiques l’émousse. De profil, il n’a pas de tangence propre.


Le récessus costodiaphragmatique décrit globalement une courbe à concavité supérieure. Sa projection sur la paroi thoracique est une ligne qui part du 7e cartilage costal en avant, croise le 7e espace sur la ligne mamelonnaire, et le 10e cartilage costal sur la ligne axillaire moyenne. À partir du 10e espace, le trajet devient horizontal et croise la 11e côte. Plus en arrière, la projection est ascendante en haut et en dedans, suit la 12e côte, et rejoint le récessus médiastinocostal postérieur. Le cliché de profil objective qu’il s’agit de la zone déclive de la plèvre en station verticale. Sur la radiographie de face en basse tension, seule cette portion est visible chez un individu normal. En haute tension, il n’y a pas d’autre tan-gence individualisée, mais le parenchyme du lobe inférieur est visible en projection sous-diaphragmatique. Il existe des variations morphologiques individuelles et des modifications de la profondeur du récessus selon le temps respiratoire.





TDM



Aspects TDM des scissures


La finesse des scissures explique leur aspect tomodensitomé-trique conditionné par l’épaisseur de coupe et par l’orientation du plan de la scissure par rapport à celui de la coupe. En coupe centimétrique, sur la portion perpendiculaire au plan d’acquisition, la scissure apparaît comme une opacité fine et linéaire. Lorsque le plan de coupe et le trajet scissu-ral sont obliques l’un par rapport à l’autre, l’image pleurale est imprécise en raison du volume partiel avec le parenchyme pulmonaire adjacent. Quand la divergence des plans est très marquée, la zone scissurale laisse place à une zone avasculaire qui correspond au parenchyme juxtascissural dans lequel les vaisseaux périphériques ne sont pas visibles en raison de leur taille [8]. En haute résolution (coupes millimétriques reconstruites avec un algorithme de haute résolution spatiale), la réduction de l’effet de volume partiel permet de voir l’image fine, dense et régulière de la scissure, la finesse étant d’autant plus nette que le trajet de la scissure est perpendiculaire au plan de coupe.


L’étude de la morphologie et de la topographie scissurales permet de situer plus précisément la topographie d’un nodule pulmonaire solitaire ainsi que le franchissement ou non de la scissure par un processus néoplasique.



Scissure oblique (fig. 10-1)

Sa forme hélicoïdale se traduit en imagerie TDM par un changement d’orientation entre ses portions supérieure, moyenne et inférieure. Ainsi, en haut, la scissure apparaît concave en avant ou rectiligne et son extrémité la plus antérieure, médiale ; dans la zone hilaire, sa ligne est frontale rectiligne ou concave en avant ; en bas, la scissure devient rectiligne avec son extrémité antérieure en situation latérale. Trois secteurs sont individualisés : une portion suprahilaire séparant les segments S3 et S6 des poumons, une portion hilaire en rapport avec l’artère pulmonaire et une portion infrahilaire séparant le lobe inférieur du lobe moyen ou de la lingula. Dans ce secteur, l’extrémité médiale de la scissure arrive au contact du cœur.



Des différences droites-gauches existent : la partie supérieure et médiale de la scissure se situe au niveau T3-T4 à gauche et au niveau T4-T5 à droite. Les rapports anatomiques médiastinaux diffèrent à droite et à gauche. À droite, il s’agit successivement, de haut en bas, du bord latéral du corps vertébral, de la paroi postérieure de la bronche principale droite et du tronc intermédiaire, de l’artère interlobaire, puis de l’oreillette droite, du ventricule droit et de la veine pulmonaire inférieure droite. À gauche, le bord médial de la scissure entre en rapport successivement, de haut en bas, avec le bord latéral du corps vertébral, la partie postérieure de la crosse aortique, le bord postéro-latéral de l’aorte descendante, l’artère pulmonaire gauche, le ventricule gauche et la veine pulmonaire inférieure gauche.



Scissure horizontale

Elle sépare le lobe supérieur et le lobe moyen. Sa forme est horizontale ou convexe vers le haut, plus rarement ondulée, jamais concave vers le haut à l’état normal. En coupes centi-métriques, englobée dans l’épaisseur de coupe, elle apparaît comme une zone avasculaire triangulaire ou ovalaire [9]. Elle est visible dans 50 à 100 % des cas [19]. En haute résolution, même sa faible convexité permet de la mettre en évidence dans 80 % des cas [2]. Sa partie supérieure forme un quart ou un demi-cercle au-dessus de l’origine de la bronche lobaire moyenne. L’épaisseur à ce niveau est de l’ordre de 1,5 à 3 mm. Berkmen et al. [2] admettent deux configurations principales selon la localisation médiale (type I) ou latérale (type II) de la scissure horizontale matérialisée par le dôme du lobe moyen et de son expansion sur les coupes sous-jacentes (fig. 10-2). Dans le type I, la scissure forme un quart de cercle dont l’épi-centre est au niveau du hile droit. Le dôme lobaire moyen est cerné en avant par le lobe supérieur et en arrière par le lobe inférieur. Pour la variante Ia, l’épicentre du quart de cercle est plus antérieur. Le lobe supérieur s’interpose donc entre le lobe moyen en avant et le lobe inférieur en arrière. Dans le type II, la courbure scissurale est inversée avec une concavité latérale. Le lobe moyen qui est latéral au niveau de son dôme est entouré uniquement par le lobe supérieur. Au-dessous, la scissure s’étend à la fois en arrière et en dedans. Pour la variante IIa, le dôme du lobe moyen est situé plus en arrière. Il est limité en arrière par le lobe inférieur, en avant et en dedans par le lobe supérieur. Par ailleurs, la veine V2b courant parallèlement à la scissure horizontale permet de différencier le lobe supérieur du lobe moyen, notamment quand la scissure est incomplète ou absente. Ce vaisseau assure également la distinction entre les deux sous-types de scissure horizontale puisqu’il est identifié soit latéral (Ia), soit médial (IIa) à cette scissure.




Scissures incomplètes et scissures accessoires

Des scissures incomplètes sont d’observation courante. Décrites comme très fréquentes dans la littérature, leur prévalence reste difficile à évaluer car elle dépend de la technique utilisée (TDM en coupes centimétriques ou en haute résolution, autopsies). À droite, la variante habituelle est l’interruption de la partie médiale de la scissure oblique dans sa portion suprahilaire. Elle détermine une séparation incomplète entre deux lobes. La scissure horizontale peut, elle aussi, se présenter comme incomplète dans sa partie médiale. À gauche, la communication entre le lobe inférieur et la lingula par interruption de la portion médiale de la scissure se rencontre aussi.


Des scissures accessoires peuvent isoler un segment pulmonaire du territoire lobaire dont il dépend par invagination du feuillet viscéral. Trois localisations sont remarquables : la scissure accessoire inférieure ou scissure paracardiaque est parfois observée sur les clichés radiographiques de face naissant sur la partie interne de la coupole diaphragmatique, avec une orientation verticale en direction du hile, et sur le profil comme une image linéaire en arrière de la scissure oblique. La TDM démontre soit son aspect rudimentaire au niveau de la coupole diaphragmatique, soit sa forme pyramidale isolant le segment S7 du reste du lobe inférieur. La scissure accessoire supérieure ou scissure de Dévé sépare de façon plus ou moins marquée le segment S6 de la pyramide basale. Vue sur un cliché de face, elle peut prêter à confusion avec la scissure horizontale en raison de son trajet horizontal. Sur le profil, si elle est visible, elle s’identifie, horizontale dans l’alignement de la scissure horizontale qu’elle semble prolonger vers la paroi thoracique postérieure. La TDM confirme ces différents éléments. La troisième localisation scissurale accessoire est une scissure horizontale gauche, séparant les segments S1 + 3 des segments S4 + 5. L’aspect en TDM est comparable à la scissure horizontale controlatérale.


D’autres scissures accessoires ont été décrites, telles la scissure accessoire du lobe inférieur gauche et des scissures intersegmentaires S4-S5 à droite, et S8-S9 à droite et à gauche.


La pseudo-scissure azygos (fig. 10-3) apparaît comme une structure opaque, linéaire et verticale oblique sur les clichés standard. En TDM, elle a une concavité interne et une direction antéro-postérieure. Sur les coupes inférieures, la crosse de la veine grand azygos est en situation plus crâniale et plus latérale que la normale. Les contours de la ligne de réflexion pleurale sur le bord droit du médiastin peuvent être modifiés en raison d’une protrusion possible du parenchyme pulmonaire en pré- et rétrotrachéal [20].




Ligament pulmonaire


Il correspond à la ligne de fusion, sous le pédicule pulmonaire, de la plèvre ayant circonscrit les plans antérieur et postérieur du hile. Il est donc constitué de quatre feuillets. Sa forme est triangulaire dans le plan frontal. L’extension caudale est plus ou moins marquée vers le diaphragme. Il s’étend à gauche le long de l’œsophage, et à droite entre les veines cave inférieure et azygos. La description TDM correspond habituellement au ligament triangulaire et au prolongement fibreux plus ou moins marqué que constitue le septum intersegmentaire S7-S10. Le ligament pulmonaire a été retrouvé chez 38 % des patients à gauche, 12 % à droite et 8 % en bilatéral [5]. Il est mieux analysé en coupes fines et fenêtres larges. On décrit deux variantes de ce ligament qui amarre le lobe inférieur au médiastin et la coupole diaphragmatique au hile [14] : une implantation diaphragmatique jusqu’au tiers ou à la moitié de l’hémicouple, et une variante courte dont la zone d’implantation reste médiale, proche du médiastin.





SÉMIOLOGIE



Pneumothorax


Il correspond à l’irruption d’air dans la cavité pleurale. Sa mise en évidence dépend de son volume, de la position du patient, de la technique et de l’incidence utilisées, de la compliance pulmonaire sous-jacente et de la pathologie associée. Il se traduit par une hyperclarté où aucune structure vasculaire n’est visible. L’air se collecte dans la portion haute de la cavité, qui change selon la position du patient.



Radiographie thoracique en station verticale






Radiographie thoracique en décubitus dorsal [17]




Pneumothorax modéré

Selon la répartition de l’air, on décrit plusieurs aspects [28].



Pneumothorax antérieur: De face, en présence d’un décollement axillaire, le pneumothorax se manifeste par une hyperclarté d’épaisseur uniforme de l’apex à la base, matérialisant le récessus inférieur. Le liseré de la plèvre viscérale est visible. En l’absence de décollement axillaire, l’aspect est celui d’une asymétrie de transparence des plages thoraciques, avec hyperclarté nette du récessus pleural inférieur [21]. De profil avec rayonnement horizontal, il se traduit par une bande d’hyperclarté rétrosternale, qu’il y ait ou non décollement axillaire sur la face. Le pneumothorax droit peut être reconnu par son encoche en regard du pied de la scissure horizontale. En l’absence de liseré pleural, il peut être difficile de différencier le pneumothorax d’une hernie pulmonaire médiastinale antérieure.








Épanchement pleural liquidien


Comme pour le pneumothorax, la mise en évidence d’un épanchement liquidien dépend de son volume, de la position du patient, de la technique d’imagerie et de l’incidence utilisées, de la compliance pulmonaire sous-jacente et de la pathologie associée.



Radiographies thoraciques


Quelle que soit la nature du liquide (exsudat, transsudat, sang, glucose), sur les clichés, l’épanchement a une tonalité hydrique. L’abondance de l’épanchement et le positionnement du patient par rapport au rayonnement incident conditionnent l’aspect observé.



Épanchement pleural libre


En station verticale: L’épanchement de faible abondance est une opacité qui émousse le récessus pleural latéral de face, et comble le réces-sus costodiaphragmatique postérieur de profil. Pour le différencier d’un récessus normal mais peu profond, un cliché de face en décubitus latéral du côté suspect objectivera la bande liquidienne de l’épanchement en zone déclive. Dans cette position, 25 ml sont détectables, alors que 250 ml sont nécessaires en position debout sur l’incidence de face.


L’épanchement de moyenne abondance se traduit par une opacité basale effaçant la coupole diaphragmatique. Sa limite supérieure est concave en dedans. De profil, l’opacité a une limite supérieure concave vers le haut, remontant plus haut en arrière et effaçant la coupole au contact (fig. 10-8).



L’épanchement de grande abondance s’exprime par un hémithorax opaque sans bronchogramme aérien, avec refoulement controlatéral du médiastin.



En décubitus dorsal: L’épanchement pleural de faible abondance peut échapper au cliché réalisé de face en décubitus. La diminution homogène de clarté de l’hémithorax, avec visibilité des vaisseaux normaux en l’absence d’atélectasie ou de condensation parenchymateuse, la perte de la visibilité normale du contour diaphragmatique et un émoussement du récessus costo-diaphragmatique latéral (signe du ménisque) sont des arguments du diagnostic. Un cliché de profil obtenu avec rayon horizontal détecte ce type d’épanchement, sous forme d’une bande opaque postérieure plus épaisse vers le diaphragme. Mais la réalisation de ce type de cliché est difficile (fig. 10-9).



L’épanchement de moyenne abondance se localise d’abord dans la gouttière costovertébrale et se traduit de face par un écartement de la ligne paravertébrale (signe qui semble plus précoce à gauche). Il détermine également une coiffe pleurale opaque, la surélévation apparente d’une coupole diaphragmatique et, dans certains cas, un élargissement de la scissure horizontale. Quand il augmente, il détermine une bande opaque latéro-thoracique en continuité avec la coiffe pleurale et refoulant le poumon en dedans (fig. 10-10).



L’épanchement pleural important se caractérise par une asymétrie de transparence des poumons avec vascularisation pulmonaire conservée et visible. Très abondant, il donne un hémithorax opaque avec refoulement controlatéral du médiastin, comparable au cliché en station verticale.



Épanchement pleural localisé





Échographie


L’épanchement présente une échostructure le plus souvent hypo-échogène ou anéchogène. Il est bordé par la ligne hyper-échogène de l’interface plèvre viscérale-poumon. Le renforcement postérieur n’est pas analysable en raison des phénomènes de diffraction dans l’air. On peut constater cependant un renforcement des échos de sortie [15]. Il y a aussi des liquides d’échostructure échogène non homogène (pus, sang, chyle). La topographie thoracique de l’épanchement est démontrée par sa situation au-dessus de la ligne hyperéchogène de l’interface diaphragmatique en abord sagittal, et postérieure au foie avec un prolongement médial prononcé en arrière de la veine cave inférieure sur les coupes axiales transverses.







TDM







Épaississements pleuraux



Épaississements pleuraux localisés


Les plaques sont des lésions fibrohyalines qui peuvent se calcifier. Elles ont une distribution préférentielle sur la plèvre pariétale. Elles épargnent les sommets et les récessus costodiaphragmatiques, et se développent dans les régions postérieures ou postéro-basales entre les 6e et 10e côtes et sur la plèvre diaphragmatique. Bilatérales et asymétriques, elles suggèrent une exposition à l’amiante.


Sur les clichés radiographiques, les plaques non calcifiées ne sont visibles que si elles sont tangentes au rayon incident. Il peut être difficile de leur attribuer leur topographie pleurale. Les plaques calcifiées sont mieux visibles, sous forme d’images linéaires de tonalité calcique.


La TDM montre des épaississements aplatis ou nodulaires de densité tissulaire ou calcique à limite nette et d’épaisseur régulière de 1 à 5 mm (fig. 10-11). Une fine couche de graisse les sépare des tissus extrapleuraux [12].




Épaississements pleuraux diffus (pachypleurites)


Un épaississement régulier continu sur au moins un quart de la paroi thoracique avec ou sans oblitération des récessus costodiaphragmatiques (fig. 10-12) évoque le fibrothorax secondaire à l’organisation d’un épanchement (tuberculeux, pyothorax, hémothorax, épanchement lié à l’amiante). En TDM, il existe souvent un épaississement de la graisse extrapleurale. Sur des lésions très anciennes, il y a une rétraction hémithoracique et un cheminement de vaisseaux systémiques dans la graisse extrapleurale. Ces éléments peuvent être mis en évidence en écho-Doppler [15].



Un épaississement irrégulier ou nodulaire tissulaire et se rehaussant en TDM lors de l’injection de contraste iodé évoque un processus tumoral malin.



Calcifications pleurales


Elles se présentent sous deux aspects principaux, soit fines, linéaires et calciques (fig. 10-13), parallèles à la paroi thoracique, au médiastin ou au diaphragme, soit plus arrondies ou en masses. Il faut les distinguer de calcifications pulmonaires, extrapleurales ou pariétales. La TDM, plus que les radiographies, le permet.




PNEUMOTHORAX


Il est admis que le déclenchement du pneumothorax survient lors d’une mise en tension de lésions bulleuses dont les limites de compliance sont dépassées. On distingue les pneumothorax secondaires à un facteur traumatique, iatrogène, ou à une maladie pleuropulmonaire préexistante (tableau 10-1), des pneumothorax spontanés. Un pneumothorax est grave s’il est sous tension, s’il est bilatéral ou s’il décompense une maladie sous-jacente du parenchyme pulmonaire. Il peut être méconnu à l’examen clinique et sur les clichés radiographiques chez l’emphysémateux.



L’imagerie intervient dans le diagnostic, le bilan morphologique des lésions associées et le contrôle du positionnement des systèmes de drainage utilisés.


Les clichés radiographiques retrouvent pour le pneumothorax spontané les éléments sémiologiques de l’irruption d’air dans la plèvre. On observe souvent une petite réaction pleurale liquidienne associée [29].


La TDM à titre diagnostique objective les pneumothorax difficiles à voir sur les clichés radiographiques, fait la part avec une bulle d’emphysème et distingue le pneumothorax des autres épanchements thoraciques gazeux (pneumomé-diastin, emphysème pariétal, voire pneumopéricarde) par leur topographie. Les coupes en haute résolution décèlent les signes de pneumopathie infiltrative diffuse éventuelle.


La TDM pour le bilan morphologique du parenchyme à distance de l’épisode initial peut objectiver un emphysème circonscrit sous-pleural, avec une couronne de bulles périphériques, un emphysème paraseptal non circonscrit, ou encore un emphysème cicatriciel scléro-atrophique [13].

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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 10: LA PLÈVRE

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