10: Génodermatoses

Chapitre 10


Génodermatoses




Épidermolyse bulleuse




Caractéristiques


L’épidermolyse bulleuse fait référence à un groupe de maladies mécanobulleuses héréditaires dans lesquelles un traumatisme mineur entraîne la formation de bulles. Les anomalies de structure au niveau de la membrane basale sont responsables d’une cohésion incomplète entre le derme et l’épiderme. Cette affection est rare chez le chien et le chat, les animaux atteints développant généralement les lésions peu de temps après la naissance.


Des vésicules, des bulles, des érosions, des croûtes et des ulcères apparaissent sur les sites de traumatismes par friction tels que les coussinets, les lèvres, les gencives, la langue, le palais et en regard des saillies osseuses des membres. Les lésions peuvent également intéresser la face, le tronc, la queue ou l’abdomen ventral. Une chute des griffes et une paronychie bactérienne secondaire sont possibles. Dans certaines formes de la maladie, en plus des vésicules et des ulcères buccaux, d’autres portions du tractus digestif supérieur (par exemple l’œsophage) sont atteintes de façon similaire.





Traitement et pronostic








Dermatomyosite familiale canine




Caractéristiques


La dermatomyosite familiale canine est une anomalie inflammatoire héréditaire de la peau et des muscles dans laquelle on suspecte l’intervention d’une vasculopathie microvasculaire. La cause est mal connue, mais on a proposé l’existence d’une prédisposition héréditaire qui, sous l’action d’un élément déclenchant (par exemple infection, autre facteur environnemental), entraînerait un processus à médiation immune et l’apparition de signes cliniques. Elle est peu fréquente chez le chien, l’incidence la plus élevée étant rapportée chez le Colley, le Shetland et les chiens croisés issus de l’une ou l’autre de ces races. Les lésions surviennent initialement chez les chiots âgés de 2 à 6 mois. Plusieurs chiots d’une même portée peuvent être atteints, mais la gravité de la maladie varie généralement de façon importante entre les chiots.


Les lésions cutanées sont non prurigineuses, de sévérité variable et peuvent aller et venir. Elles se caractérisent par des degrés variables d’érythème, d’alopécie, de desquamations, de croûtes, d’érosions, d’ulcérations, de cicatrices et, de façon plus rare, par des papules et des vésicules. Les lésions cutanées surviennent sur le chanfrein, autour des yeux et des lèvres, sur la face médiale des pavillons auriculaires, à l’extrémité de la queue et en regard des saillies osseuses des extrémités distales. Plus rarement, on observe des ulcères sur les coussinets. Les signes d’atteinte musculaire sont variables. Les chiens peuvent paraître asymptomatiques, présenter une atrophie bilatérale et symétrique des muscles temporaux ou masséters, ou encore une atrophie musculaire symétrique généralisée. Les chiens souffrant d’une atteinte des muscles masséters peuvent présenter des difficultés de préhension, de prise de boisson ou de déglutition. Les chiens sévèrement atteints peuvent être faibles, léthargiques, sous-développés, boiteux et stériles. En cas d’atrophie musculaire des membres, les chiens affectés peuvent montrer une démarche anormale (membres levés trop haut). Lorsque les muscles de l’œsophage sont atteints, un méga-œsophage peut se développer.




Diagnostic




1. Exclure les autres hypothèses diagnostiques.


2. Dermatohistopathologie (peut être non diagnostique) : dégénérescence disséminée de cellules basales épidermiques ; infiltrats inflammatoires périfolliculaires de lymphocytes, d’histiocytes et d’un nombre variable de mastocytes et de neutrophiles ; dégénérescence de cellules basales folliculaires ; et atrophie folliculaire sont des lésions très évocatrices mais ne sont pas systématiquement présentes, en particulier lors de lésions chroniques ou cicatricielles.


3. Électromyographie : on observe des potentiels de fibrillations, des décharges de haute fréquence anormales et des ondes aiguës au niveau des muscles atteints.


4. Histopathologie (biopsies musculaires) : accumulations multifocales variables de cellules inflammatoires comprenant des lymphocytes, des macrophages, des plasmocytes, des neutrophiles et des éosinophiles ; dégénérescence des myofibrilles ; atrophie et régénérescence des fibres musculaires.



Traitement et pronostic




1. Un traitement symptomatique par des shampoings peut être bénéfique pour retirer les croûtes.


2. Traiter toute pyodermite superficielle secondaire à l’aide d’antibiotiques systémiques appropriés.


3. Éviter tout activité pouvant traumatiser la peau.


4. Stériliser les femelles entières car l’estrus, la gestation et la lactation exacerbent la maladie. Les mâles affectés doivent être castrés afin qu’ils ne puissent pas reproduire.


5. Une supplémentation orale quotidienne en acides gras essentiels et l’administration de vitamine E à raison de 400 à 800 UI PO toutes les 24 heures peuvent être bénéfiques pour les lésions cutanées. On doit observer une amélioration après 2 ou 3 mois de traitement (voir tableau 8.2).


6. L’administration de pentoxifylline à raison de 25 mg/kg PO toutes les 12 heures avec le repas peut être bénéfique chez certains chiens. Une amélioration doit être appréciée en 1 à 3 mois de traitement.


7. La ciclosporine administrée à la posologie de 5 à 10 mg/kg/jour PO peut être bénéfique (les effets sont observés en 4 à 6 semaines). Il convient ensuite de réduire progressivement la fréquence d’administration à une fois toutes les 48 à 72 heures. Il est possible d’administrer des glucocorticoïdes en début de traitement afin d’accélérer la réponse thérapeutique. Alors que ces lignes sont écrites, il n’a pas été établi de lien entre les effets immunologiques de la ciclosporine et une augmentation statistiquement significative du risque d’apparition de tumeurs ou d’infection sévère.


8. Il est possible d’administrer de la prednisone en cas de poussée aiguë de la maladie à la posologie de 1 mg/kg/jour PO jusqu’à amélioration des lésions (environ 7 à 10 jours), puis réduire progressivement la posologie. L’utilisation prolongée de corticoïdes peut cependant exacerber l’atrophie musculaire.


9. Le pronostic est variable suivant la sévérité de la maladie. Chez les chiens atteints d’une forme minime de la maladie, les lésions cutanées ont tendance à guérir spontanément sans cicatrices. Chez les chiens atteints de formes légères ou modérées, les lésions cutanées finissent généralement par guérir, mais les cicatrices sont fréquentes. Cependant, même en cas de guérison des lésions, des rechutes peuvent survenir à l’âge adulte. Chez les chiens sévèrement atteints, la dermatite et la myosite ne guérissent pas ; le pronostic de survie à long terme est sombre. Indépendamment du degré de gravité de la maladie, les chiens affectés doivent être écartés de la reproduction.





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Figure 10.5 Dermatomyosite familiale canine. Même chien que sur la figure 10.4. Les lésions actives ont guéri et laissent place à une peau cicatricielle et alopécique. (Remerciements à M. Mahaffey.)










Ichtyose



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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on 10: Génodermatoses

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