1 Traitement topique
Protection cutanée
La peau permet l’homéostasie des liquides et protège contre les infections, la pénétration des toxines et les effets néfastes du rayonnement ultraviolet.
La couche externe superficielle de l’épiderme ou couche cornée (stratum corneum) assure cette protection en constituant une barrière imperméable composée d’acides gras, de cholestérol et de céramides qui cimentent les unes aux autres les cellules cornées compactes et riches en protéines.
Les kératinocytes servent à la fonction de barrière cutanée en contribuant à la barrière physique, mais aussi en contribuant aux défenses immunitaires innées de la peau (par exemple peptides antimicrobiens, cytokines) et à la réponse immunitaire adaptative.
Un des objectifs des traitements dermatologiques topiques ou systémiques est de restituer et d’entretenir les fonctions protectrices essentielles de la peau.
Nettoyage de la peau
Pour la plupart des individus, un lavage du corps en entier tous les jours n’est pas nécessaire pour garder une peau saine.
On doit utiliser des savons doux ou des agents tensio-actifs (syndets) et, pour éviter un effet exfoliant, on ne doit pas frotter excessivement ; il faut éviter l’utilisation des gants de toilette et des brosses.
Les savons parfumés ou contenant des agents antibactériens peuvent provoquer des irritations.
Les patients doivent se baigner à l’eau tiède et éviter de se laver à l’eau très chaude.
Hydratation de la peau
Un émollient est un composé qui sert à quatre fonctions essentielles : réparation de la barrière cutanée, maintien de l’intégrité et de l’aspect de la peau, réduction de la perte d’eau transépidermique et restauration de la capacité de la barrière lipidique de fixer et redistribuer l’eau.
Les émollients occlusifs comme la vaseline agissent en empêchant la perte d’eau à partir de la peau. La lanoline, les huiles minérales et les silicones (par exemple la diméthicone) sont d’autres émollients occlusifs.
Les humectants comme la glycérine agissent en augmentant l’absorption d’eau par l’épiderme.
Les crèmes émollientes et les lotions adoucissent et lissent la peau et ainsi améliorent son aspect.
Immédiatement après un lavage, la peau doit être séchée en la tamponnant avec une serviette et elle doit si nécessaire être hydratée par un émollient.
La vaseline pure est considérée comme l’émollient le moins irritant.
Les émollients épais, tels que la vaseline, sont gras ; ils peuvent obstruer les orifices des follicules pileux et des glandes sudorales, provoquant ainsi l’acné, voire la bourbouille dans de rares cas.
Les lotions s’étalent facilement sur la peau même si elles n’hydratent et ne protègent pas aussi bien que la vaseline et les crèmes plus épaisses.
Les conservateurs présents dans les crèmes et les lotions peuvent provoquer une irritation de la peau ou un eczéma allergique de contact chez certains patients.
Les patients ayant une peau sensible doivent utiliser des lotions non parfumées.
Plusieurs crèmes et lotions contiennent des additifs antivieillissement tels que les vitamines A, C et E, mais leur efficacité n’est pas prouvée.
L’ajout d’un écran solaire à des crèmes et lotions représente une méthode efficace pour retarder le vieillissement de la peau.
Les émollients kératolytiques contenant des acides glycoliques (acide lactique, acide salicylique) et l’urée sont utiles pour provoquer une exfoliation cutanée douce.
Certaines lotions contiennent des additifs pour diminuer le prurit (camphre et menthol par exemple).
De nouveaux émollients contiennent des substances censées augmenter la fonction de barrière cutanée, parfois dans une préparation multivésiculaire (céramides, acide hyaluronique par exemple).
Les patients doivent consulter leur médecin pour des recommandations concernant les soins spécifiques de la peau.
Préparations topiques
Deux facteurs principaux établissent l’efficacité des médicaments topiques : le médicament lui-même et l’excipient.
Pour qu’un médicament topique quelconque soit efficace, il doit être administré à une concentration adéquate et délivré sur la peau dans une préparation appropriée.
Les excipients contribuent à la diffusion du médicament ; ils contribuent aussi aux propriétés thérapeutiques.
Les pommades sont des mélanges eau (20 %)/corps gras (80 %) utilisés sur les peaux sèches. Les pommades augmentent la puissance d’un composé si on compare à la formulation sous forme de crème.
Les crèmes sont des émulsions à phase continue aqueuse (corps gras 50 %, eau 50 %). Elles ne sont pas aussi occlusives que les pommades.
Les pâtes contiennent 20 à 50 % de poudre (oxyde de zinc, amidon). Elles sont plus asséchantes et moins grasses que les pommades. Elles aident à assécher les éruptions suintantes comme celles dues au poison ivy.
Les solutions et les lotions sont des liquides clairs ou laiteux qui s’évaporent sur la peau en produisant un assèchement. Elles sont efficaces pour diffuser des médicaments sur les régions poilues telles que le cuir chevelu, les bras et les jambes. Des picotements peuvent être ressentis suite à l’application.
Les gels sont clairs et sans corps gras. Ils assèchent la peau au contact en laissant une pellicule fine. Ils sont utilisés pour l’acné et contre les manifestations cutanées des régions pileuses.
Les mousses sont formées en piégeant des bulles de gaz dans un liquide ou un solide et sont particulièrement utiles pour délivrer des médicaments dans des zones pileuses.
Les bandes peuvent être imprégnées de médicaments et sont utiles pour traiter des zones limitées comme dans le psoriasis ou les verrues.
Les poudres sont asséchantes et sont efficaces dans les zones humides des plis. Elles constituent les excipients de plusieurs agents antifongiques.
L’eau peut aider à ramollir des squames et est utile dans le traitement de manifestations cutanées généralisées (bain d’avoine par exemple).
Application locale et dosage
Une couche fine du médicament doit être appliquée. La pénétration cutanée se fait par un massage doux. Des applications épaisses n’augmentent pas la pénétration cutanée.
Un gramme de crème s’étale sur une surface de 10 × 10 cm et les pommades s’étalent sur une surface légèrement plus étendue.
L’unité phalangette est une méthode pour évaluer la dose de crème à appliquer. Une unité phalangette est la dose extraite d’un tube dont l’embout a un diamètre de 5 mm et qui est appliquée sur l’index en partant du pli distal pour atteindre l’extrémité de ce doigt. Chez l’adulte, une unité phalangette a un poids approximatif de 0,5 g. Le nombre d’unités nécessaires pour couvrir des régions particulières du corps est illustré dans l’annexe A.
La fréquence d’application varie selon le médicament, mais la plupart des médicaments dermatologiques sont appliqués une ou deux fois par jour.
La pénétration cutanée d’un médicament varie selon le site anatomique (muqueuses, scrotum, paupière, visage, torse, membres, paume des mains et plante des pieds).
Les états qui provoquent des altérations cutanées permettent une pénétration accrue des médicaments. À mesure que la fonction de la barrière épidermique s’améliore, l’absorption percutanée diminue.
Les médicaments placés sous des pansements occlusifs ou sous des adhésifs sont plus facilement absorbés par la peau.