Chapitre 1. Introduction
Les consommateurs et l’observance2
La variabilité interindividuelle de la réponse aux médicaments3
La psychopharmacologie3
Cette tendance a favorisé, ces dernières années, la publication de manuels reprenant les modes d’action, les bénéfices et les effets indésirables potentiels des médicaments psychiatriques. Ce genre de livre est constitué le plus souvent d’un répertoire de médicaments accompagné d’affirmations péremptoires quant aux modes d’action présumés et d’une liste exhaustive d’effets indésirables. Or ceci ne nous donne aucune idée de la façon dont les médicaments concernés peuvent interférer avec le fonctionnement individuel ou affecter le bien-être d’un individu.
Un des buts de ce livre, à la différence de ce qui vient d’être décrit, est de produire un texte qui rend compte de ces questions en les replaçant dans la vie quotidienne des individus. Pour ce faire, je ferai un détour en donnant quantité de détails sur l’histoire des différents médicaments. Seront repris à la fois les hypothèses et les doutes actuels concernant les modes d’action des différents produits. L’excès de certitude, selon moi, nuit à la fois au progrès et à la science. Et ce qui se présente comme la vérité académique a tendance à invalider les perceptions des personnes qui prennent ces médicaments alors qu’elles sont actuellement les mieux placées pour contribuer à enrichir nos connaissances en psychopharmacologie.
Je tenterai ensuite d’évaluer l’influence de l’industrie pharmaceutique sur les perceptions des cliniciens et des patients.
Plutôt que de fournir une simple liste des bénéfices et des effets indésirables, j’esquisserai une description plus réaliste de ce à quoi peut ressembler le fait d’avoir des effets indésirables et de la façon dont ils affectent la vie normale. J’ai donc mis l’accent sur la compréhension globale plutôt que sur l’exhaustivité. Les lecteurs doivent être conscients du fait que ce livre ne répertorie pas tous les effets indésirables connus et qu’il ne donne pas de valeurs précises quant à leur incidence. Il ne mentionne pas toutes les interactions médicamenteuses mais les plus fréquentes, et tente de rendre compte de leur importance et de leur caractère imprévisible.
Nous obtenons en définitive une liste d’effets indésirables qui, à bien des égards, paraît effrayante, ce qui pourrait accroître les soupçons de vénalité déjà bien présents à l’endroit des prescripteurs ou de l’industrie pharmaceutique. Nombre de mes collègues se demandent s’il est judicieux d’adopter ce type de position. J’ai de bonnes raisons de répondre par l’affirmative.
LES CONSOMMATEURS ET L’OBSERVANCE
La seule personne qui est, en définitive, capable de juger si un médicament psychiatrique est utile ou non est celle qui le prend. La prescription de tout médicament et donc de ceux dits psychiatriques implique une évaluation de la balance entre les bénéfices et les risques. Les prescripteurs ont l’habitude de déterminer ce juste équilibre à la place de ceux qui prennent le produit. En médecine générale, quand les fonctions respiratoire et cardiaque sont compromises, cette position est parfois la seule envisageable. Mais quand il s’agit de médicaments psychiatriques, ce n’est ni la seule solution, ni la meilleure.