Chapitre 1 Échographie embryofœtale normale
Trois échographies sont réalisées dans le cadre de la surveillance d’une grossesse a priori normale, c’est- à-dire sans antécédent ni facteur de risque particulier. Il est donc habituellement effectué un examen par trimestre :
Échographie du 1er trimestre
Il n’est pas justifié de réaliser une échographie avant 11 SA lorsque la patiente ne présente pas de symptomatologie clinique particulière. En cas de métrorragies, de douleurs pelviennes ou de procréation médicalement assistée, une échographie précoce se justifie afin d’éliminer une grossesse ectopique, une grossesse non évolutive ou un diagnostic de gémellité.
La datation de la grossesse est possible à partir de 4,5 SA grâce à la visualisation du sac gestationnel. En pratique, le sac gestationnel intra-utérin doit être vu lorsque le taux de β-hCG est supérieur à 1 000 mUI/mL. Dans le cas contraire, l’échographie est orientée vers la recherche d’une grossesse ectopique.
À 4,5 SA, le sac est visualisé sous la forme d’une image arrondie, anéchogène, cernée d’un liseré hyperéchogène correspondant au trophoblaste, au sein de l’endomètre épaissi.
Jusqu’à 7 SA, l’image anéchogène correspond essentiellement au cœlome extra-embryonnaire.
À partir de 7 SA, l’amnios devient visible, séparé de l’embryon.
Avant l’apparition des échos embryonnaires, la mesure du sac gestationnel est utilisée pour la datation. Ensuite, à partir de 6 SA, on utilise la mesure de l’embryon pour évaluer l’âge gestationnel.
La première structure visible au sein du sac gestationnel est la vésicule vitelline. Elle est raccordée à l’intestin primitif par le canal vitellin et se situe dans le cœlome extra-embryonnaire. Elle est visible à partir de 5 SA, au sein du sac gestationnel, sous la forme d’une image arrondie, anéchogène, mesurant 3 à 4 mm (fig. 1.1). Une vésicule vitelline de grande taille (supérieure à 7 mm) est un facteur de mauvais pronostic pour la vitalité embryonnaire (fig. 1.2).
L’embryon est présent à 3 SA + 1 jour mais n’est visible en échographie qu’à partir de 5 SA. Il apparaît à ce stade sous la forme d’un épaississement de la paroi de la vésicule vitelline. À partir de 6 SA, il est possible de faire une datation en mesurant une LCC (fig. 1.3). Plusieurs auteurs ont publié des courbes de LCC, dont Robinson en 1975.
L’activité cardiaque est théoriquement visible sur un embryon de 2 mm. Une anomalie précoce de la fréquence cardiaque (bradycardie < 80/min) augmente le taux d’avortements spontanés et multiplie par deux le risque d’anomalies cardiaques ou chromosomiques [1].
La mesure de l’épaisseur de la nuque doit être réalisée à ce terme, entre 11 et 13 SA + 6 jours sur un embryon mesurant entre 45 et 84 mm. La technique de mesure est déterminée selon des critères précis et fait l’objet de contrôles de qualité (voir Chapitre 9, « Échographie obstétricale à la fin du 1er trimestre de la grossesse ») [2].
L’examen doit aussi comporter :
Le compte rendu doit comporter :
En cas de grossesse multiple, il est important de préciser à ce terme la chorionicité, par la présence du signe du Lambda, caractéristique des grossesses bichoriales [3] (fig. 1.4). Si la chorionicité n’est pas précisément définie au 1er trimestre et qu’il n’existe qu’une seule masse placentaire, il peut être par la suite difficile de le faire et d’établir un suivi adapté.
Fig. 1.4 Signe du lambda au 1er trimestre, témoin d’une grossesse gémellaire bichoriale bi-amniotique.
En pratique, il peut exister une discordance de croissance entre les jumeaux dans 90 % des cas, pouvant aller jusqu’à 8 mm sur la LCC [4], sans facteur de risque supplémentaire pour une aneuploïdie. L’estimation de l’âge gestationnel se fait alors sur la mesure de la plus petite LCC. En cas de discordance de LCC supérieure à 10 mm, l’estimation de l’âge gestationnel se fait alors à partir de la plus grande mesure et la patiente doit être référée à un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal en raison du risque majoré d’issue de grossesse défavorable.
Échographie du 2e trimestre
Biométrie
Pôle céphalique
La biométrie céphalique doit comporter à la fois le BIP et le périmètre céphalique (PC). La coupe de référence pour ces mesures est une coupe axiale passant par le cavum, les thalami et les pédoncules cérébraux. Les callipers sont positionnés au contact externe de la table osseuse (fig. 1.5). La biométrie est notifiée dans le compte rendu et exprimée en millimètres.
Abdomen
Le diamètre abdominal et le périmètre se mesurent sur une coupe transversale de l’abdomen passant par la veine ombilicale, l’estomac et les surrénales. Les callipers sont positionnés sur la paroi externe du plan cutané. Le diamètre abdominal moyen est calculé par la moyenne des deux diamètres transverses et est exprimé en millimètres (fig. 1.6).
Segments osseux
Classiquement, c’est le fémur qui fait l’objet d’une mesure systématique, les autres os étant mesurés seulement en cas de suspicion de pathologie osseuse. La mesure intéresse l’axe diaphysaire sur une coupe où l’os est le plus horizontal possible, le membre étant abordé par voie antérieure ou inférieure, afin d’éviter les courbures liées à l’incurvation physiologique du fémur (fig. 1.7).
Étude morphologique
L’examen doit être complet, systématique et répété si la position fœtale n’est pas favorable.
Pôle céphalique
Contours osseux
Les sutures sont étudiées sur des coupes axiale et frontale pour l’étude de la suture métopique (fig. 1.8). Ces sutures se présentent comme une solution de continuité au niveau des contours osseux de la boîte crânienne et doivent être constamment mises en évidence à 22 SA sur une coupe axiale du pôle céphalique. La suture métopique est visualisée sur une coupe coronale très tangentielle. La non-visualisation de ces sutures doit faire suspecter une craniosténose et impose un examen attentif des structures cérébrales et du squelette.
Structures cérébrales
L’examen des structures cérébrales doit être systématique et la coupe de référence passe par un plan axial juste sous la coupe du BIP pour intéresser la fosse postérieure. Sur cette coupe, l’examen des différentes structures doit permettre d’orienter l’examen vers la réalisation de coupes complémentaires en cas de signe d’appel d’anomalies.
L’examen systématique intéresse différents secteurs que sont les structures de la ligne médiane, la fosse postérieure, les cavités ventriculaires et la gyration.
Les structures de la ligne médiane sont examinées d’avant en arrière sur la coupe axiale. L’écho médian est le premier élément à repérer, matérialisant la faux du cerveau sous la forme d’une ligne médiane hyperéchogène, séparant les deux hémisphères en deux. Dans la région antérieure, le cavum du septum pellucidum est visualisé, représenté par deux petites lignes échogènes bordant une cavité médiane anéchogène, centrale. En arrière du cavum, les thalami se présentent comme deux masses ovalaires, formant un angle ouvert en arrière et en dehors, séparés par une fine cavité qui est le troisième ventricule. Enfin, en région plus postérieure, on retrouve les pédoncules cérébraux, réalisant un angle ouvert plutôt en avant et en dehors (fig. 1.9).