A
Description des faits. L’homosexualité comme conduite ou tendance manifeste. — L’homosexualité, c’est-à-dire l’attirance érotique prédominante, et souvent exclusive, pour un individu du même sexe, est un phénomène fréquent, si l’on en croit Kinsey (1948-1954) qui fournit le chiffre de 35 % pour les hommes américains, et de 30 % pour les femmes, admettant avoir connu une expérience homosexuelle d’au moins trois ans. Le chiffre fourni par
Eck (1966), pour les hommes et les femmes, concerne ceux d’entre eux qui se fixent dans cette attirance : il serait de 10 % de la population globale. Il faut en effet distinguer (c’est sans doute une explication de l’écart entre les chiffres des auteurs) l’homosexualité passagère, fréquente à l’adolescence, du véritable homo-érotisme (terme préféré par Ferenczi), fixé comme attirance libidinale, dont nous parlerons maintenant, et qui comporte lui-même une assez grande variété de formes. Notons dès le début que
l’homosexualité n’est pas symétrique chez l’homme et chez la femme, ni quant à ses variétés cliniques, ni quant aux théories qui cherchent à en rendre compte.
C
hez l’homme, on distingue généralement l’homosexualité
narcissique, où le culte de la virilité pousse à la recherche d’un partenaire qui représente l’idéal de beauté (amour grec ; O. Wilde, Verlaine) ; la
pédophilie, amour pseudo-maternel pour un jeune garçon (Gide) ; l’
inversion, ou
uranisme, identification à la femme, recherche de la séduction, avec passivité à l’égard d’un partenaire actif ; beaucoup de ces derniers sujets pratiquent un métier généralement féminin (coiffure, couture, etc.) ; un degré de plus et l’identification à la femme aboutit à la recherche de ses vêtements
(travestis) ou à celle d’une modification de son sexe
(trans-sexualisme), position proche du délire, où le sexe est littéralement renié.
Elle est mieux connue chez l’homme.
C
hez la femme, l’homosexualité est moins bien connue parce que les sujets consultent rarement. On distingue seulement en général l’
homosexuelle virile, par recherche d’une identification masculine ; elle est la plus connue du public parce que la plus voyante; et l’
homosexuelle passive, partenaire recherchée par la première. L’ambivalence sexuelle fréquente chez la femme explique la fréquence des situations intermédiaires ; la meilleure tolérance du Moi à l’égard de l’homosexualité, et la meilleure tolérance du groupe social, expliquent la rareté de l’appel à l’aide et la méconnaissance relative de la question.