Chapitre 10 Surdité
Entendre est un des supports essentiels de la communication et aucune plainte concernant l’audition ne doit être négligée. Il n’existe pas forcément de corrélation entre l’intensité de la plainte du patient et l’importance d’un déficit auditif : si le déficit s’est installé progressivement, le patient a pu s’y habituer progressivement et ne pas se plaindre, au contraire, si le déficit a été brutal, la plainte peut être majeure (Encadré 1). Le niveau d’exigences du patient vis-à-vis de l’information sonore est un autre facteur qui vient également moduler la plainte. La place que nous accordons à l’audition dans la collecte des informations n’est pas la même pour le sujet de 40 ans en activité professionnelle ou pour la personne retraitée de 70 ans. Leur rythme de vie et leurs échanges avec l’extérieur ne sont en effet pas comparables.
DIAGNOSTIC
Interrogatoire
Examen clinique de l’oreille ou otoscopie
Il recherche une éventuelle atteinte d’autres paires crâniennes.
Bilan auditif
Impédancemétrie
Réalisation du tympanogramme
Cet examen est de réalisation simple, atraumatique pour le patient et peu coûteux en temps, tout à fait objectif puisque ne demandant pas la participation du sujet. Il consiste à réaliser l’étanchéité dans le conduit auditif externe puis à envoyer un son qui va se réfléchir sur la membrane tympanique et à recueillir ce son réfléchi. On imagine facilement que si la membrane tympanique est très tendue elle va réfléchir davantage le son incident telle une membrane de tambour. En revanche, si le tympan a perdu ses caractéristiques de rigidité, le son incident va être beaucoup moins réfléchi. On étudie cette réflexion sonore en faisant varier la pression dans le conduit auditif externe. On trace alors le tympanogramme. Il s’agit dans le cas normal d’une figure en pagode centrée entre −50 et +50 mm d’eau (Fig. 1, A).
La chaîne tympano-ossiculaire vibre de façon optimale lorsque la pression est la même de part et d’autre du tympan. Cette équipression est assurée par un fonctionnement normal de la trompe d’Eustache qui s’ouvre très régulièrement, aussi bien pendant les périodes de veille que pendant les périodes de sommeil. Lorsque la trompe d’Eustache fonctionne mal, elle entrave la vibration ossiculaire. Le tympanogramme est plus ou moins réduit en amplitude et plus ou moins centré vers les pressions négatives (Fig. 1, B et C). Si aucune thérapeutique n’est apportée à ce stade, peu à peu la trompe d’Eustache ne va plus fonctionner du tout, la muqueuse de la caisse des osselets va se mettre à sécréter et un liquide muqueux va s’accumuler derrière le tympan : il s’agit d’une otite séreuse. Le tympanogramme est alors totalement plat.
En cas de perforation tympanique on ne peut pas faire l’étanchéité dans le conduit auditif externe lorsque la trompe d’Eustache fonctionne. En revanche, si l’on arrive à faire l’étanchéité et qu’il y a une perforation cela signe une trompe d’Eustache non fonctionnelle ou incomplètement fonctionnelle.
Recherche des réflexes stapédiens
Il existe donc quatre types de réflexe stapédien à rechercher : le réflexe stapédien droit en réponse à une stimulation sonore du côté droit ou du côté gauche et de même le réflexe stapédien gauche en réponse à une stimulation sonore du côté gauche ou de l’autre côté. Nous allons donc recueillir des réflexes stapédiens ipsilatéraux droits et gauches et controlatéraux droits et gauches. On les recherche pour les fréquences 500, 1 000 et 2 000 Hz, le réflexe stapédien obtenu sur la fréquence 4 000 Hz étant d’obtention plus aléatoire. Il est très commode de faire figurer les réflexes stapédiens sur l’audiogramme lui-même. On les fait figurer par un grand I lorsqu’il s’agit d’un réflexe stapédien ipsilatéral et par un grand C lorsqu’il s’agit du réflexe stapédien controlatéral. Il est indiqué du côté de la stimulation auditive (Fig. 2). Cette écriture est commode parce qu’elle permet de situer immédiatement d’un simple regard les réflexes stapédiens par rapport aux seuils tonals.