Qu’est-ce que le corps humain ?

1. Qu’est-ce que le corps humain ?








Connaître l’organisation du corps humain est nécessaire à l’apprentissage médical, essentiel aux explorations cliniques morphologiques, indispensable pour tout geste thérapeutique interventionnel. Il n’y a pas de médecine sans cette connaissance. Cette connaissance porte un nom : c’est l’anatomie.


I. Définitions


Que signifie le mot anatomie ?



1. Signification étymologique


Le mot anatomie vient du grec tomein, « couper », et ana, « de bas en haut ». Ce mot désigne donc un geste : l’ouverture d’un corps pour la dissection des organes. La dissection est à la base de l’anatomie : franchir l’enveloppe cutanée pour découvrir les organes qui composent le corps, leur forme, leur structure, leurs relations. Pendant longtemps, on a dit « faire une anatomie » au sens technique du terme. C’est ce sens que l’on donne dans le langage courant à une étude minutieuse quel qu’en soit l’objet : anatomie d’un succès, anatomie d’un ouragan, anatomie d’une voiture, etc.


2. Signification scientifique


L’anatomie est l’étude des différents composants d’un corps en euxmêmes (description), en relation avec les autres (situation dans le corps, rapports dans la région du corps) et des modifications anatomiques qu’ils subissent (fonctions).

Cette étude tient compte de l’évolution du corps (organogenèse, biométrie) et de la comparaison avec les autres corps humains (anthropologie physique) et avec les animaux (anatomie comparée).


3. Signification médicale


Connaître le corps humain, c’est connaître les organes sains qui le composent en place, afin de savoir, en clinique (examen clinique, imagerie, intervention chirurgicale), les reconnaître et les différencier des situations pathologiques. Cette connaissance anatomique est un préalable à toute approche médicale.



II. Principes généraux de l’anatomie


La connaissance de l’anatomie du corps humain nécessite la compréhension préalable d’un certain nombre de principes propres à cette science médicale, indispensable avant d’en aborder l’étude : la terminologie, l’orientation, l’organisation.


A. Terminologie anatomique


La connaissance anatomique, telle que nous la possédons aujourd’hui, est apparue avec Aristote au IVe siècle avant J.-C. Dans l’Antiquité, la description des structures anatomiques a fait appel à des comparaisons avec des éléments connus. Ainsi, pour les os : la « trochlée », qui signifie poulie en grec, ressemble à cet instrument ; « processus » signifie une avancée, et le «processus styloïde » est une avancée en forme de pointe ressemblant à un stylet ; le «processus odontoïde » a la forme d’une dent ; le « processus ptérygoïde » ressemble à une aile – le mot ptère signifie aile en grec – ; l’os « scaphoïde » ressemble à une barque ; la «clavicule » a la forme d’une clef ; l’écaille de l’os temporal parle d’elle-même, etc.

Ces termes ont été apportés par les anatomistes depuis Aristote le Stagyrite et bien d’autres anatomistes grecs : Hérophile, Erasistrate, etc. Devant la multiplication des termes anatomiques, Galien de Pergame, au IIe siècle après J.-C., ne retient et définit qu’un terme pour chaque organe, chaque structure.

André Vésale, au moment de la Renaissance, fait de l’anatomie une discipline scientifique au sens moderne du terme, c’est-à-dire observation par soi-même de ce que l’on décrit et confrontation aux travaux antérieurs. En 1543, il publie le premier traité d’anatomie illustré, le De Hominis Corporis Fabrica, chaque terme s’y appuyant sur une image. C’est à lui aussi que l’on doit les éponymes, c’est-à-dire l’adjonction au nom d’une structure du nom de celui qui l’a décrite pour la première fois dans un but scientifique ; en effet, il rappelle, à côté de ses propres constatations, celles de ces prédécesseurs dans une démarche critique. Vésale a réalisé la révolution de l’anatomie scientifique par l’image et par le raisonnement.

Les différentes Écoles d’anatomie ont multiplié les noms et les éponymes nationaux non plus dans un but scientifique, mais à visée de renom – d’où une grande confusion. Dans un désir d’uniformisation et de simplification, en 1895 à Bâle, les anatomistes germanophones créent une nomenclature : les Nomina Anatomica. Ils se donnent comme règles : un terme unique pour une structure, le latin comme langue commune, la suppression des éponymes.

En 1955 à Paris, lors du congrès international de la Fédération des associations d’anatomistes, cette nomenclature est acceptée sur le plan international comme la Parisiensa Nomina Anatomica. Depuis, elle a été modifiée, complétée. La dernière édition de la terminologie anatomique, Terminologia Anatomica, publiée en 1998, comprend environ 6 000 termes d’anatomie. Elle est traduite en toutes les langues dans la forme la plus proche possible du terme latin.








Quelques références…


Vésale A. – De humani corporis fabrica. Basilea, Oporinus, 1543.

Galien C. – Œuvres médicales choisies. Vol. 1. Collection Tel. Gallimard, Paris, 1994.

Rouvière H., Delmas A. – Anatomie humaine. 15e édition. Masson, Paris, 2002.

Delmas A. – Anatomie humaine. Collection Que sais-je ? n° 1652. 3e édition. PUF, Paris, 1986.

Apr 2, 2020 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Qu’est-ce que le corps humain ?

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access