Chapitre 12 Paludisme
COMPRENDRE LE CYCLE PARASITAIRE
Le paludisme (appelé malaria dans de très nombreux pays) est une maladie résultant d’une infection par un hématozoaire du genre Plasmodium, dont il existe quatre espèces : falciparum, vivax, ovale et malariae. Ce sont des protozoaires intracellulaires. La maladie sévit dans l’ensemble des régions tropicales du globe, et on estime à 3 millions le nombre de décès résultant de l’infection chaque année. Les moustiques anophèles femelles transmettent la maladie à l’homme à l’occasion d’un repas sanguin. Ces moustiques vecteurs ont auparavant prélevé des gamétocytes de plasmodium chez un autre homme malade. La phase sexuée de la reproduction du plasmodium se déroule dans l’organisme de l’anophèle. De cette phase résultent de nouvelles formes parasitaires appelées sporozoïtes, que transmettront les moustiques (Fig. 1). Chez l’homme, les sporozoïtes gagnent le foie pour y subir une nouvelle phase de maturation et de multiplication au sein des hépatocytes. Cette phase qui se déroule lors de la période d’incubation est complètement asymptomatique. Elle dure environ une dizaine de jours pour P. falciparum, mais parfois plusieurs mois pour les autres espèces plasmodiales. Une fois achevée la phase hépatique du cycle, les parasites sont libérés dans la circulation sanguine sous forme de mérozoïtes, qui gagnent les hématies où ils se transforment en trophozoïtes, visibles à l’examen du frottis sanguin. Débute alors la phase érythrocytaire, celle de la maladie. Les trophozoïtes vont se multiplier au sein des hématies qui finissent par se rompre en libérant de nouveaux mérozoïtes qui entretiennent la phase érythrocytaire et donc la maladie. Les antipaludiques disponibles aujourd’hui agissent sur la phase érythrocytaire du cycle parasitaire. Ils suppriment ainsi les formes parasitaires responsables des manifestations cliniques, mais pas celles des précédentes étapes du cycle parasitaire.
PROTECTION CONTRE LES PIQÛRES DE MOUSTIQUES ET CHIMIOPROPHYLAXIE ANTIPALUDIQUE
Il faut convaincre les voyageurs de l’importance que revêt l’observance de ces deux mesures de protection qui vont de paire. Près de 75 % des cas de paludisme d’importation sont diagnostiqués chez des personnes originaires d’Afrique qui résident en France, et qui se sont infectées lors d’un voyage dans leur pays d’origine. Une attention toute particulière doit donc être apportée à la préparation au voyage pour ces sujets, et d’autant plus s’ils se déplacent avec de jeunes enfants. Ces derniers sont particulièrement exposés aux complications graves de la maladie, comme le sont également les femmes enceintes (voir l’encadré 3).
Encadré 3 Prophylaxie : ce qu’il faut retenir
Pas de piqûre, pas de palu ! La protection contre les piqûres de moustique n’est pas accessoire !
Protéger le voyageur contre les piqûres de moustique
Les anophèles piquent entre le coucher et le lever du soleil, il faut donc agir en fin de journée et durant la nuit. Les barrières sont mécaniques et chimiques, elles sont résumées dans l’encadré 1.
Encadré 1 Moyens de protection contre les piqûres de moustiques
Voyageur
Éviter de sortir le soir si cela est possible
Porter en soirée des vêtements longs et amples, imprégnés de pyréthrinoïdes*
Utiliser des répulsifs** qui doivent être appliqués sur toutes les parties découvertes du corps, visage compris (attention aux yeux et à la bouche, pas de spray sur le visage !). Ils ne doivent être appliqués que sur peau saine. La durée de protection varie de 2 à 12 heures, variable selon la composition et la concentration du produit utilisé, les conditions climatiques, la transpiration, les bains et les douches