7. Myocardiopathies
Myocardiopathies hypertrophiques
Les MCH primitives se distinguent en formes obstructives et non obstructives. L’hypertrophie pariétale peut être localisée (MCH asymétrique) ou diffuse, intéressant toutes les parois du VG (MCH symétrique).
Myocardiopathie hypertrophique obstructive
Il s’agit le plus souvent d’une hypertrophie de type asymétrique localisée au niveau du septum interventriculaire (dans 95 % des cas). Cette hypertrophie peut réaliser une obstruction de la voie d’éjection du VG, responsable d’un gradient de pression systolique systoliqueintraventriculaire gauche, entre la chambre de remplissage et la chambre de chasse sous-aortique.
Éléments diagnostiques
Le diagnostic positif de MCH obstructive à l’échographie est fondé sur quatre anomalies principales (figure 7.1) :
• hypertrophie septale asymétrique (HSA) ;
• mouvement systolique antérieur de la valve mitraleMouvement systolique antérieur de la valve mitrale (SAM) ou SAM ;
• fermeture mésosystolique des sigmoïdes aortiques (FMS) ;
• gradient de pression systolique Gradient de pressiontransmitralintraventriculaireintraventriculaireGradient de pressionsystolique gauche.
Figure 7.1 |
L’association HSA, SAM et/ou FMS rend hautement probable le diagnostic de MCH obstructive. L’existence d’un gradient intraventriculaire, décelé au Doppler, témoigne de l’obstruction dynamique.
Hypertrophie septale asymétrique (HSA)
L’HSA (Figure 7.2 and Figure 7.3) est caractérisée à l’échographie par :
• l’augmentation de l’épaisseur du septum interventriculaire (> 15 mm), pouvant atteindre 30 mm en télédiastole, avec un rapport entre l’épaisseur septale et la paroi postérieure (SIV/PP) supérieur à 1,5, considéré comme pathologique ;
• l’aspect dense hyperéchogène de la paroi septale témoignant de la modification de la texture du myocarde. De plus, l’endocarde septal présente souvent un « cal » brillant qui correspond à la butée septale de la grande valve mitrale, en diastole.
Figure 7.2 |
Figure 7.3 |
L’échographie 2D permet de préciser l’étendue et la répartition de l’Hypertrophieseptalehypertrophie septale et donc de déterminer la forme topographique de MCH : sous-aortique (15 %), septale diffuse (41 %), septale à prédominance médioventriculaire (24 %), septale diffusant à la paroi libre du VG (16 %), apicale (4 %).
La classification de MaronClassificationMaron définit 4 types d’hypertrophie dans la MCH : septale sous-aortique dans 10 % des cas (type I) ; septale diffuse dans 20 % des cas (type II), septale et antérolatérale dans 52 % des cas (type III), apicale ou postérolatérale dans 18 % des cas (type IV).
La forme sous-aortique doit être différenciée d’une angulation septo-aortique anormale (Coudure septalecoudure septale) ou d’un Bourrelet septalsous-aortiquebourrelet septal sous-aortique (hypertrophie localisée à la partie basale du septum).
L’HSA est responsable d’une réduction de la taille du VG dont la cavité réalise, en coupe apicale 2D, l’image en « banane ».
L’hypertrophie pariétale peut également concerner le ventricule droit.
Enfin, le Doppler couleur tissulaire permet de confirmer le caractère pathologique de l’hypertrophie myocardique (diminution du gradient transmyocardique de vitesse). De même, l’imagerie de strain/strain rateStrainStrain rate est particulièrement utile dans le diagnostic de MCH.
Mouvement systolique antérieur de la valve mitrale (SAM)
Le SAM (SAM (Systolic Anterior Motion)Systolic Anterior Motion) est l’anomalie cinétique la plus caractéristique de la MCH obstructive, notée dans 69 % des cas.
Il correspond à un mouvement anormal de tout l’appareil mitral vers le septum interventriculaire pendant la systole. Ce mouvement est dû probablement à un soulèvement excessif des muscles papillaires par les parois postérieure et antérieure hyperkinétiques, ce qui entraîne un relâchement des cordages mitraux. La valve mitrale serait aspirée dans la chambre de chasse du VG par un EffetVenturieffet Venturi du fait du régime de basse pression en milieu de systole. Néanmoins, certains éléments font penser actuellement que d’autres phénomènes jouent un rôle plus important dans la physiopathologie du SAM.
Au TM, le SAM se traduit par un bombement maximal en mésosystole du segment CD de l’échogramme mitral en direction du septum (figure 7.2 b). Il semblerait que l’obstruction dynamique soit d’autant plus sévère que le SAM se rapproche davantage du septum. Le SAM absent à l’état basal peut apparaître lors des manœuvres physiques (ValsalvaValsalva) ou pharmacodynamiques (Trinitrinetrinitrine, Isuprel®, nitrite d’amyle).
Enfin, un faux SAM, habituellement protosystolique, est observé dans les conditions suivantes : syndromes hyperkinétiques, hypovolémie aiguë, prolapsus mitral, épanchement péricardique abondant, sténose sous-valvulaire aortique, fente mitrale, après Valvuloplastievalvuloplastie chirurgicale d’une fuite mitrale.
Fermeture mésosystolique des sigmoïdes aortiques (FMS)
Elle signifie l’obstruction dynamique sur la voie d’éjection du VG et correspond à une chute du débit aortique au milieu de la systole.
Au TM, c’est une fermeture partielle, brève, suivie d’une réouverture d’une ou des deux sigmoïdes aortiques en mésosystole (aspect en « ailes de papillon »). La FMS est inconstante, observée à l’état basal dans 42 % des MCH obstructives, provocable par trinitrine, Isuprel® ou nitrite d’amyle. Elle se rencontre également dans d’autres conditions telles que : sténose sous-aortique en diaphragme, communication interventriculaire septale haute, dissection aortique, prolapsus mitral, bas débit. Dans ces cas, elle est plutôt proto ou télésystolique.
Gradient de pression systolique intraventriculaire gauche