Moyens Thérapeutiques Actuels et Modernes



Ces médicaments peuvent être séparés en deux grandes catégories : les antiactivateurs et les inhibiteurs de l’agrégation proprement dits. Les indications reposent en général sur les résultats de plusieurs essais thérapeutiques, récapitulés de manière exhaustive et englobante (toutes indications et critères d’inclusion jusqu’en mars 1990) dans le gigantesque travail collaboratif de méta-analyse. De nombreuses méta-analyses thématiques ont été publiées depuis (voir notamment Cochrane et al., et la validation des doses faibles – 50 à 100mg/j – par rapport à 300mg d’aspirine en prévention secondaire sur une durée de 2 ans), ainsi que des recommandations en cardiologie (européennes et nord-américaines), en prévention primaire. Les sites de l’HAS (artériopathie athéroscléreuse des membres inférieurs, diabète, neurovasculaire) et le consensus d’experts nord-américains Chest Physicians régulièrement actualisé (focalisé sur des traitements antithrombotiques) sont à consulter.


La surveillance clinique vise à détecter aussi tôt que possible les effets indésirables, notamment hémorragiques et les échecs (survenue d’une thrombose). La surveillance biologique systématiquement requise se limite à la vérification de la numération plaquettaire lors des traitements par inhibiteurs du complexe GPIIb/IIIa.


Médicaments disponibles et leur mode d’action









































Tableau 8.I Spécialités disponibles en France contenant de l’acide acétylsalicylique (AAS) (ou un précurseur) et ayant une AMM cardiovasculaire
*sel composé de deux molécules d’AAS réunies par un atome de calcium et stabilisées par une molécule d’urée. Mis en solution aqueuse, il se dissout très rapidement et libère des ions acétylsalicylate, du calcium et de l’urée
AIC : accident ischémique cérébral, IDM : infarctus du myocarde
Molécule(s) Galénique Nom de spécialité (et quantité d’AAS) AMM Posologie
Acétylsalicylate de lysine Poudre (sel de lysine) pour solution buvable Kardégic 75, 160, 300mg


Prévention secondaire après un AIM ou un AIC lié à l’athérosclérose


Réduction de l’occlusion des greffons veineux de pontage aortocoronaire


– Pour 75m : en dehors du contexte de l’urgence
75,160, 300mg en 1 prise/j
AAS Gélules, AAS microencapsulé à l’éthylcellulose Aspirine UPS A 325mg


– Prévention secondaire après un AIM ou un AIC lié à l’athérosclérose


– Réduction de l’occlusion des greffons veineux de pontage aortocoronaire
1 prise/j
AAS +
dipyridamole
AAS en comprimé et microgranules de dipyridamole, dans 1 gélule Asasantine dans chaque gélule 25mg AAS + 200mg dipyridamole


– Prévention de l’AlC après un AIC transitoire ou constitué, lié à l’athérosclérose, et datant de moins de 3 mois
1 gélule matin et soir
AAS +
pravastatine (40mg)
Comprimé Pravadual 81mg Prévention secondaire : réduction de la mortalité et de la morbidité cardio-vasculaires chez les patients ayant un antécédent d’IDM ou d’angor instable et une concentration de cholestérol normale ou élevée lorsque l’association de pravastatine et d’une faible dose d’AAS est considérée comme appropriée































Tableau 8.II Spécialités inhibitrices plaquettaires autres que celles contenant de l’AAS et administrées per os
AVC : accident vasculaire cérébral, IDM : infarctus du myocarde
Molécule Galénique Nom de spécialité AMM Posologie
Dipyridamole Comprimé Persantine 75 plusieurs génériques – Prothèses valvulaires mécaniques, en association avec les anticoagulants oraux 3 comprimés/j
Flurbiprofène Comprimé Cébutid 50 – Prévention secondaire dans les suites d’un IDM et après désobstruction, quand un traitement par aspirine est temporairement contre-indiqué 1 comprimé de 50mg matin et soir
Clopidogrel Comprimé Plavix – Prévention des événements liés à l’athérosclérose chez les patients souffrant d’un IDM (datant de quelques jours à moins de 35 j), d’un AVC ischémique (datant de plus de 7j et de moins de 6 mois), ou d’une artériopathie oblitérante de membres inférieurs établie; chez les patients souffrant d’un SCA, en association à AAS 1 comprimé de 75mg/j


Inhibiteurs de l’activation plaquettaire


L’aspirine (acide acétylsalicylique) et flurbiprofène inhibent à plus de 90 % entre deux prises la capacité plaquettaire de synthèse de thromboxane (Tx), le premier de manière irréversible, le second de manière réversible. À noter que beaucoup d’AINS réversibles administrés à doses thérapeutiques à visée antalgique et/ou anti-inflammatoire ne sont inhibiteurs qu’à 70–90 %; les exceptions documentées étant l’indométacine, l’ibuprofène et le naproxène, qui logiquement interfèrent avec l’effet durable de l’aspirine sur les plaquettes; les coxibs (inhibiteurs préférentiels de l’isoforme 2 de la PGH synthase) n’ont pas d’effet inhibiteur plaquettaire. L’inhibition massive de la synthèse plaquettaire de Tx s’accompagne d’une diminution des réponses fonctionnelles plaquettaires (dont l’agrégation) à différents agonistes, mais elle n’est que partielle.

Un antagoniste du Tx (teruban, S18886) est en développement avancé.

Le clopidogrel agit au niveau de l’un des trois récepteurs plaquettaires à l’ADP, P2Y12, couplé à l’adénylcyclase. Un métabolite actif responsable de l’inactivation irréversible du récepteur est formé au niveau du foie, sous l’action d’un ou plusieurs composants du système cytochrome P450. Il a une durée de vie brève et n’est pas facilement détectable dans la circulation systémique. Le profil fonctionnel plaquettaire observé après administration de clopidogrel est identique à celui observé sous ticlopidine, à savoir altération prédominante de l’agrégation induite par l’ADP. Il existe une variabilité de réponse de paramètres biologiques ex vivo au traitement par thiénopyridines. Cette variabilité pourrait être essentiellement en rapport avec l’activité du cytochrome P450, qui a un déterminisme génétique et qui est influencée par des médicaments : certaines statines et certains inhibiteurs de la pompe à protons, des macrolides inhibiteurs sont susceptibles de réduire l’effet antiplaquettaire du clopidogrel. Le prasugrel est une nouvelle thiénopyridine dont le métabolisme hépatique est plus simple, ce qui expliquerait l’effet inhibiteur plaquettaire plus important et plus constant que celui du clopidogrel.

L’association aspirine + anti-ADP est logique : deux systèmes d’amplification de l’activation plaquettaire sont atteints.


Les prostaglandines anti-activatrices plaquettaires sont la prostacycline (prostaglandine I2, époprosténol) et ses analogues (comme iloprost) qui stimulent la production plaquettaire d’AMPc. Ces produits doivent s’administrer par voie parentérale et leur perfusion s’accompagne d’un effet vasodilatateur pouvant être bénéfique dans certaines situations, mais susceptible aussi de compliquer leur utilisation.


Inhibiteurs du complexe GPIIb/IIIa


Abciximab, fragment Fab chimérique murin-humain d’un anticorps monoclonal murin, inhibe l’interaction fibrinogène-complexe GPIIb-IIIa, mécanisme moléculaire de l’agrégation. Abciximab se fixe également à d’autres intégrines présentes à la surface de leucocytes et de cellules de la paroi vasculaire, mais la signification clinique de ces propriétés reste hypothétique.

Des anticorps anti-immunoglobuline de souris peuvent apparaître mais aucune signification clinique n’a pu leur être trouvée. Un registre indique qu’une réadministration d’abciximab est possible, le produit paraissant aussi efficace et sûr qu’en cas de première utilisation (avec peut-être plus de thrombopénies toutefois).

L’eptifibatide (heptapeptide cyclique) et le tirofiban (peptidomimétique) sont des inhibiteurs compétitifs de la liaison du fibrinogène aux plaquettes. Ils sont en général décrits comme étant sélectifs du complexe GPIIb-IIIa.

L’administration de ces trois médicaments entraîne l’apparition d’un phénotype qui ressemble à celui d’une thrombopathie constitutionnelle liée à un défaut de GPIIb/IIIa (thrombasthénie de Glanzmann), c’est-à-dire que l’agrégation est inhibée quel que soit l’inducteur.

Il existe une relation entre degré d’occupation du récepteur et inhibition du fonctionnement plaquettaire, avec un seuil, car si l’occupation des récepteurs n’est que de 50 %, l’agrégation n’est aucunement affectée. Une occupation supérieure à 80 %, voire 95 %, est visée. Un test simple et dédié à l’étude de la capacité de liaison du fibrinogène aux plaquettes activées permet de détecter facilement le niveau d’inhibition. Il a été rapporté une association significative entre ce retentissement biologique et l’évolution clinique.


Cinétique de l’effet




Aspirine et flurbiprofène


L’administration d’aspirine entraîne une inhibition irréversible de l’isoforme 1 de la prostaglandine H (PGH) synthase. En conséquence, la perturbation de la synthèse de Tx n’est complètement corrigée que lorsque toutes les plaquettes circulantes ont été renouvelées, c’est-à-dire normalement en 7 jours au moins, puisque les plaquettes, dépourvues de noyau, peuvent être considérées comme incapables de synthèse protéique.

Quand un plein effet doit être obtenu rapidement (en moins d’une heure), il faut administrer plus de 100mg d’une formulation à absorption digestive non contrôlée. L’administration d’une posologie quotidienne aussi faible que 0,5mg/kg est suffisante pour maintenir une inhibition proche de 100 % de la capacité plaquettaire de synthèse de Tx chez la plupart des patients.

L’effet de flurbiprofène sur les plaquettes est rapide et réversible. il s’estompe au fur et à mesure que la concentration plasmatique diminue. La demi-vie d’élimination est d’environ 5h et son effet a été rapporté avoir disparu 24h après la dernière prise.


Thiénopyridines


Le plein effet de ticlopidine n’est obtenu qu’après quelques jours de traitement. Il en va de même avec clopidogrel même si son effet commence plus rapidement. Dans le contexte des prothèses endocoronaires non programmées, une dose de charge (clopidogrel : 300mg) est souvent utilisée, qui permet de raccourcir ce délai. Si l’implantation est programmée, un prétraitement de 5 à 7 jours est envisageable, voire souhaitable.

L’effet inhibiteur plaquettaire des thiénopyridines est irréversible. Il est donc attendu que l’effet ait totalement disparu lorsque les plaquettes ont été complètement renouvelées dans la circulation, voire un peu avant (5 jours), car comme avec aspirine il n’est très probablement pas nécessaire que toutes les plaquettes soient renouvelées pour obtenir cette récupération fonctionnelle.


Dipyridamole


La pharmacocinétique de ce médicament (forme standard avec libération immédiate, et forme galénique à libération contrôlée et prolongée) est bien décrite. Il est hautement vraisemblable que l’effet du produit soit en stricte relation avec sa concentration plasmatique.



Retentissement sur l’hémostase, évalué biologiquement


Aucune étude clinique n’a encore formellement démontré que le fait de disposer d’un quelconque paramètre biologique, et de s’en servir pour déterminer une attitude clinique particulière (choix du médicament, modification de la posologie par exemple), changeait le résultat clinique. Dans le contexte d’un traitement préventif par aspirine chez des femmes enceintes à risque de pré-éclampsie, il convient toutefois de signaler deux études d’observation (rétrospective et prospective respectivement). Elles suggèrent que la titration de la dose, en partant d’une faible dose de 75–100mg quotidiens, pourrait être cliniquement bénéfique sur l’évolution soit du temps de saignement (TS), soit du volume plaquettaire moyen (VPM). Il n’y a pas d’intérêt démontré à étudier les fonctions plaquettaires dans le contexte d’un acte avec effraction vasculaire chez un malade recevant un traitement IFP.

Nous allons brièvement mentionner les effets qui peuvent être observés avec des tests de biologie clinique. La mesure du TS in vivo tend à être de moins en moins pratiquée. Des données existent aussi concernant le retentissement sur un dispositif de maniement simple (l’automate PFA-100) d’exploration in vitro de certains aspects de l’hémostase primaire. Dans ce système, l’effet des anti-ADP est faible. Des dispositifs dédiés de maniement simple ont également été mis au point. Des synthèses récentes suggèrent une association du retentissement biologique aux événements cliniques (aspirine, clopidogrel en bithérapie pour revascularisations endocoronaires), mais l’intérêt de l’utilisation de l’un ou l’autre de ces nouveaux tests en pratique clinique n’est pas encore démontré. Il n’y a pas d’intérêt démontré à étudier les fonctions plaquettaires dans le contexte d’un acte avec effraction vasculaire chez un patient recevant un traitement IFP.



Agrégation plaquettaire photométrique


Dans les laboratoires spécialisés, le fonctionnement plaquettaire est habituellement exploré par la méthode photométrique (variation de transmission lumineuse) avec un plasma anticoagulé avec du citrate et riche en plaquettes (centrifugation différentielle permettant de séparer les globules, rouges et blancs, des plaquettes). Les principaux IFP induisent une thrombopathie caractéristique. Les coxibs n’ont pas d’effet sur les plaquettes.

Il existe donc un profil typique pour la plupart des médicaments utilisés, mais son absence peut suggérer, dans les 24h après la dernière prise prescrite pour les traitements par voie orale, une mauvaise observance – ou, sinon, une résistance.

Aucun retentissement n’est décrit pour dipyridamole, utilisé seul, dans ces conditions expérimentales précises, c’est-à-dire en l’absence d’autres cellules que les plaquettes.


Tests de coagulation


Aucun des tests de coagulation effectués avec un plasma pauvre en plaquettes au laboratoire (avec ajout de phospholipides : les temps de prothrombine (TP) et temps de céphaline avec activateur [TCA]) n’est évidemment modifié par un traitement IFP.

Les inhibiteurs de GPIIb/IIIa retentissent sur les activités procoagulantes plaquettaires et peuvent donc sensibiliser des tests globaux en sang total (utilisés en chirurgie cardiaque et en salle de cathétérisme artériel interventionnel) à l’effet anticoagulant de l’héparine non fractionnée (HNF).

La thromboélastographie est un test de coagulation qui explore les qualités mécaniques du caillot; elle peut être réalisée avec du sang total, donc en présence des plaquettes. Il a été proposé des variantes permettant de discerner l’effet antiplaquettaire via l’étude du paramètre «amplitude maximale».


Posologie d’aspirine : la plus petite possible? Résistance?









































Tableau 8.III Dose d’aspirine la plus faible démontrée efficace pour différentes pathologies vasculaires
IDM : infarctus du myocarde
*Attention! Cette dose n’est pas nécessairement optimale; il est recommandé d’administrer une dose de charge en cas de syndrome coronaire aigu
Situation clinique Essai Dose quotidienne minimale cliniquement efficace (mg) *
Hypertension artérielle systémique HOT 75
Angor stable SAPAT 75
Angor instable RISC 75
Phase aiguë de l’IDM ISIS-2 160
AIT et AIC ESPS-2 50
Phase aiguë de l’ischémie cérébrale CAST 160

Des états de moindre sensibilité plaquettaire ont été décrits chez certains patients (sur la base de tests fonctionnels ex vivo dits d’agrégation plaquettaire). Le fait de ne pas trouver l’effet biologique attendu (agrégation plaquettaire et autres moyens d’étude du fonctionnement plaquettaire comme le dispositif PFA-100 [automate platelet function analyser], synthèse de Tx in vivo ou in vitro au cours de la coagulation de sang total) peut recevoir plusieurs explications : mauvaise compliance, interférence avec un AINS qui a un effet réversible et qui prévient l’acétylation irréversible en cas de prise simultanée ou préalable, renouvellement plaquettaire accéléré (diminution de la durée de vie plaquettaire par consommation), présence dans certains cas de l’isoforme 2 de la PGH-synthase dans les plaquettes (point controversé), rôle particulièrement mineur du Tx dans le fonctionnement plaquettaire chez certains malades, autres sources cellulaires de Tx moins ou non sensibles à un traitement par aspirine, à petites doses du moins. L’éventuelle pharmacogénomique de la variabilité de la réponse n’a pas été établie.

Le point le plus important en pratique est le risque d’interaction négative entre aspirine et autres AINS, ou du moins certains d’entre eux comme indométacine et ibuprofène. Une étude épidémiologique suggère que la mortalité globale est accrue chez les malades cardiovasculaires traités par aspirine et ibuprofène par rapport aux malades traités par aspirine seulement. L’association d’un coxib à un traitement par aspirine ne peut pas interférer avec l’effet antiplaquettaire du second, mais alors le gain possible en terme de tolérance digestive du traitement coxib par rapport à un AINS traditionnel risque d’être perdu.


Modifications de l’hémogramme (effets indésirables)




Thiénopyridines


Les neutropénies et agranulocytoses constatées avec ticlopidine ne sont plus un problème avec clopidogrel. La pharmacovigilance a suggéré pour ticlopidine d’autres effets indésirables comme aplasie et purpura thrombotique thrombopénique. Quelques cas ont été aussi rapportés chez des malades traités par clopidogrel. Des cas de thrombopénie ont été rapportés comme pouvant être isolés lors de traitements avec ticlopidine.


Thrombopénies des traitements par inhibiteurs du complexe GPIIb/IIIa


Des thrombopénies, notamment majeures (< 50G/l) et suraiguës, peuvent survenir lors des traitements par inhibiteurs des GPIIb/IIIa. Elles peuvent être détectées dans les toutes premières heures du traitement. Il y a deux diagnostics différentiels d’importance capitale :


– le premier concerne la survenue de fausses thrombopénies par agglutination en acide édétique (EDTA) qui a été signalée à plusieurs reprises en présence du médicament (2,1 % des traités par abciximab);


– le second diagnostic différentiel est constitué par les thrombopénies induites par l’héparine (TIH).



BIBLIOGRAPHIE


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Bertrand, M.E.; Simoons, M.L.; Fox, K.A.A.; Wallentin, L.; Hamm, C.W.; Mcfadden, E.; et al., Management of acute coronary syndromes without persistent ST-segment elevation, Eur Heart J 23 (2002) 18091840.

Halushka, M.K.; Halushka, P.V., Why are some individuals resistant to the cardioprotective effects of aspirin? Could it be thromboxane A2? Circulation 105 (2002) 16201622.

Hamm, C.W.; Bertrand, M.E.; Braunwald, E., Acute coronary syndrome without ST elevation : implementation of new guidelines, Lancet 358 (2001) 15331538.

Jarvis, B.; Simpson, K., Clopidogrel : a review of its use in the prevention of atherothrombosis, Drugs 60 (2000) 347377.

Nurden, P.; Nurden, A.; Conley, P.B., Le récepteur plaquettaire de l’ADP nouvellement identifié : P2Y12, Hématologie 8 (2002) 273279.

Samama, C.M.; Bastien, O.; Forestier, F.; Denninger, M.H.; Isetta, C.; Juliard, J.M.; et al., Antiplatelet agents in the perioperative period : expert recommandations of the French Society of Anesthesiology and Intensive Care (SFAR) 2001 – summary statement, Can J Anesth 49 (2002) S26S35.

US Preventive Services Task Force, Aspirin for the primary prevention of cardiovascular events : recommandation and rationale, Ann Intern Med 136 (2002) 157160.



Traitement Anticoagulant Oral : Antivitamines K (AVK)

Gérard Potron and Pierre Sié







Mécanismes interférant sur l’action des AVK



Sensibilités individuelles


Des facteurs génétiques partiellement connus expliquent en partie les réponses individuelles variables. Le métabolisme hépatique des AVK fait intervenir le système des cytochromes P450 dont certains polymorphismes peuvent expliquer une sensibilité exagérée au traitement. La sensibilité de l’enzyme VKORCI à l’anticoagulant oral joue un rôle dans la variabilité interindividuelle de la réponse des patients.


Interférences médicamenteuses


Le nombre de molécules capables d’interférer sur les AVK est élevé. Toute association médicamenteuse doit donc faire l’objet d’une documentation et, même si aucune information n’est retrouvée, entraîner un suivi biologique plus rapproché au départ.



Médicaments inhibiteurs


Parmi eux : aziothioprine, barbituriques, carbamazépine, chlordiazépoxide, cholestyramine, ciclosporine, dicloxacilline, etretivate, griséofulvine, rifampicine, sucralfate.

La prise régulière d’un médicament interférant ne pose que le problème de l’adaptation de posologie de l’AVK. Un exemple est celui de l’aspirine qui augmente l’efficacité des AVK dans un très petit nombre d’indications. Toutefois, surtout chez un patient mal équilibré, cette association augmente le risque hémorragique. Mais l’aspirine est surtout dangereuse dans le cadre d’automédication sporadique chez un patient non informé.

L’alcool, en qualité d’inducteur enzymatique hépatique, est plutôt un inhibiteur des AVK sauf en cas de toxicité hépatocellulaire. En pratique, à dose modérée, il a peu d’influence.


Interférences alimentaires

































































































Tableau 8.IV Aliments riches en vitamine K1

Médiane yg/100g
Médiane yg/100g
Légumes
Légumes secs
Bette ou blette 830 Fève 19
Brocoli 180 Lentille 22
Chicorée frisée 230 Soja 40
Choux (Bruxelles) 280 Huiles
Chou 170 Pépins de raisin 280
Choucroute 25 Soja 150
Chou frisé 770 Colza 140
Cresson 280 Noix
Épinards 380 Pistache 70
Fenouil (feuilles) 240 Herbes aromatiques
Laitue 150 Ciboulette
Asperge 60 Menthe 270
Chou-fleur 20 Persil 230-860
Haricot vert 36 Fruits 550
Poireau 14 Kiwi
Pois 30 Cassis 27
Tomate 6
30


Contre-indications des AVK


Elles sont absolues dans les cas suivants :


– accident vasculaire cérébral (AVC) hémorragique;


– AVC thromboembolique récent;


– neurochirurgie, traumatisme crânien récent (moins d’une semaine) (sauf scanner normal ou simple image hypodense);


– hypertension non contrôlée (PA systolique > 120mmHg);


– varices œsophagiennes;


– diabète avec rétinopathie;


– 1er et 3e trimestre de la grossesse;


– trouble grave de la synthèse hépatique;


– insuffisance rénale grave (clairance à la créatinine < 20ml/mn);


– syndromes hémorragiques;


– troubles psychiques graves.

Elles sont relatives dans les cas suivants :


– chirurgie récente;


– sujets âgés ou misère physiologique;


– pathologie biliaire;


– infection intestinale avec destruction de la flore intestinale;


– insuffisance rénale et hépatique modérée.

Warfarine et acénocoumarol ne sont pas contre-indiqués chez la mère allaitante.


Suivi biologique des AVK



INR = (temps patient/temps témoin) ISI = coefficient de correction du réactif Malheureusement, l’INR laisse persister de nombreux problèmes pratiques. Le choix d’un réactif à ISI proche de 1 améliore les résultats. Il est recommandé que le patient soit, si possible, suivi par le même laboratoire.

Les zones thérapeutiques recommandées sont :



Complications des traitements par AVK



Hémorragies


Les risques sont appréciés de façon variable selon les études et semblent dépendre du type de pathologie traitée. Ainsi les hémorragies fatales exprimées en % par an sont de 1,2 à 5,6 pour les valves mécaniques, 0,3 à 1,3 pour les fibrillations auriculaires. La fréquence des hémorragies intracrâniennes (exprimé pour 100 patients/année) pour les traitements au long cours est de 0,1 à 1,8.

Le risque hémorragique est en partie lié à l’INR et apparaît à INR > 3,0 avec un accroissement important à INR > 4,0. L’influence péjorative de l’âge est inconstamment retrouvée. Elle est peut-être due aux comorbidités, excepté le risque d’hémorragies intracrâniennes après 75 ans.

Le risque hémorragique augmente chez les patients traités pour hypertension, affection cérébrovasculaire, affection cardiaque sérieuse, insuffisance rénale et cancer.

Enfin, en toute logique, une hémorragie pourra survenir sur une lésion (connue ou non) telle qu’une affection digestive ou génito-urinaire même chez un patient ayant un INR < 3,0.

Quelques études ont démontré que le risque semblait plus élevé en début de traitement mais le risque cumulé est directement lié à la durée du traitement.


Traitement des surdosages aux AVK



Jun 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Moyens Thérapeutiques Actuels et Modernes

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