Microgreffes de cheveux

31 Microgreffes de cheveux





Introduction


Les prémices de la greffe de cheveux furent observées au Japon en 1939. Le docteur Shoji Okuda publia 200 cas de reconstruction d’alopécie cicatricielle et congénitale par transplantation autologue de cheveux [1]. Cependant, la paternité de la greffe de cheveux dans la reconstruction de l’alopécie androgénique revient au Dr Orentreich, dermatologue new-yorkais, qui décrivit le principe de l’aire dominante en 1959 [2]. Ce dernier établit que les cheveux prélevés en zone occipitale puis, transplantés en zone alopécique, continuaient leur croissance sans souffrir de la chute des cheveux de la zone d’implantation, même à long terme. Puis c’est à partir de la description histologique des unités folliculaires (UF) par Headington [3] qu’apparaîtront les nouveaux standards de la microgreffe de cheveux, réduisant la taille des greffons en unités folliculaires par la découpe de la bandelette occipitale au microscope, puis leur transplantation se fera dans des microfentes [4], reprenant le dessin d’une implantation « naturelle » [5] (Figure 31.1).



Les techniques de prélèvements de la zone donneuse ont également permis de rendre la cicatrice occipitale imperceptible, que ce soit en réalisant une suture dite « trichophytique » [6], ou grâce à l’extraction des unités folliculaires (FUE) [7].


Ce chapitre a pour but de présenter les avancées technologiques les plus importantes et les plus récentes de la microgreffe de cheveux. Il confirme l’intérêt de l’association des médications à la microgreffe et met en évidence l’intérêt de la vidéomicroscopie dans le domaine chirurgical de la microgreffe de cheveu.



Consultation préopératoire




Un temps majeur, indispensable


La consultation préopératoire constitue pour le patient et le praticien le moment essentiel pour aboutir ensemble à une demande réaliste.


La consultation permet d’établir :





Cette consultation permet d’exposer au patient :




Plusieurs points importants sont à préciser au patient :








Une ordonnance pour un bilan sanguin préopératoire ainsi qu’une prescription de prémédication seront remises au patient. Un document d’information consentement, ainsi qu’un devis précisant le montant exact de l’intervention sera établi. Un délai de réflexion de 15 jours avant l’intervention devra être respecté.



Sélection des bonnes indications opératoires


Comme pour toute chirurgie, la qualité du résultat esthétique est étroitement liée à la bonne indication opératoire. Le chirurgien doit distinguer plusieurs critères de sélection des patients :







Certains critères mineurs, comme la couleur, la texture et le calibre des cheveux, la densité et la surface de la zone donneuse, mais aussi la couleur de la peau et la surface de la zone receveuse, les antécédents d’alopécie androgénique familiaux du patient permettent d’établir une prévision du résultat de la microgreffe.




Médicaments


En aucun cas la microgreffe de cheveux n’arrête le processus évolutif alopéciant de l’AAG comme peuvent le penser certains patients qui demandent à se faire opérer pour pouvoir arrêter leurs traitements. Le minoxidil [9] et le finastéride [10] ont montré leurs effets positifs sur la correction de l’alopécie, tant sur l’amélioration de la densité que sur l’augmentation des diamètres des cheveux. Le finastéride a également prouvé son efficacité [11] en association à la microgreffe de cheveux, en augmentant la densité et la qualité des cheveux préexistants autour des microgreffons. Ces traitements permettront de stabiliser l’AAG, d’augmenter la densité visuelle de façon importante et de maintenir le résultat de la microgreffe de façon prolongée.



Examen vidéomicroscopique


La vidéomicroscopie du cuir chevelu offre, de par une excellente visibilité en fort grossissement, la possibilité de confirmer le diagnostic d’AAG par la reconnaissance de certains signes dermoscopiques spécifiques.



Aujourd’hui, certains logiciels couplés à une vidéocaméra (Figure 31.7) permettent de déterminer avec une grande précision les différentes données relatives au cuir chevelu [14].



Ces logiciels réalisent des photographies standards qui définissent le stade de l’alopécie dans la classification de Norwood (Figure 31.8).


Dans tous les cas, l’étude du cuir chevelu en vidéomicroscopie sera un préalable indispensable à tout acte chirurgical de microgreffe. Ces images par vidéomicroscopie ont aujourd’hui montré leur intérêt dans la pose des indications opératoires [15]. Ils déterminent les densités de cheveux par cm2 sur les zones receveuses et sur la zone donneuse (Figure 31.9).




Intérêt de la mesure du taux de miniaturisation


Le rapport du nombre de cheveux terminaux sur le nombre de cheveux miniaturisés (diamètre < 40 µm) permet d’établir le « taux de miniaturisation » et de préciser l’aspect évolutif de l’AAG.







Indications




Alopécie androgénique


C’est la principale indication de la microgreffe de cheveux. Elle se définit par la raréfaction diffuse et par la diminution de la densité des cheveux chez des patients génétiquement prédisposés. Il se produit sur les follicules pileux un processus de miniaturisation qui transforme les cheveux terminaux en cheveux à type de duvets fins et courts, sous l’influence de facteurs héréditaires et androgéniques.


Chez l’homme, sa prévalence a été bien documentée et rapportée par Hamilton [20] et Norwood [21]. Ils ont, les premiers, décrit une classification en 7 stades évolutifs (cf. Figure 31.8).


Très peu de patients débutent une AAG avant l’âge de 20 ans. Dans la majorité des cas l’alopécie s’installe entre 25 et 45 ans, puis une raréfaction continue et progressive de la chevelure se fait avec l’âge. Ainsi il est estimé que 50 % des hommes sont alopéciques à 50 ans et que 80 % des hommes sont chauves après 70 à 80 ans, l’AAG rejoignant à cet âge l’alopécie sénile.


Chez la femme, la classification établie par Ludwig [22] est aujourd’hui la plus utilisée, même si elle n’est pas réellement adaptée aux différentes situations cliniques rencontrées. Le début de l’AAG féminine se fait préférentiellement vers la fin de la 20e année jusqu’à la quarantaine. Deux principales formes cliniques ont été décrites :




Une troisième forme dite « en arbre de Noël » a également été décrite par Olsen [24]. Celle-ci dégarnit la chevelure de la partie médiofrontale de la femme en forme de triangle, à l’image d’un sapin (Figure 31.11). Enfin, il existe une quatrième forme extrêmement diffuse à l’ensemble du cuir chevelu et qui atteint également la zone occipitale, habituellement préservée par le processus androgénique. Le diagnostic de cette forme diffuse (25 % chez la femme) est une contre-indication à une intervention de transplantation capillaire (Figure 31.12). Plus de 30 % des femmes, après la ménopause, sont atteintes d’alopécie androgénique. Cependant, chez la femme, l’alopécie peut être multifactorielle et on s’assurera bien de la réalité du diagnostic d’alopécie androgénique par un bilan clinique et biologique qui permettra d’éliminer une autre cause parfois associée à cette alopécie, comme une carence vitaminée, ou en fer, ainsi qu’un dysfonctionnement hormonal.




La prescription de minoxidil sera souhaitable car cela permettra une diminution de la chute de cheveux postopératoire, (phénomène fréquent chez la femme).


La technique de transplantation des unités folliculaires sera peu différente de la technique standard utilisée chez l’homme. Cependant certains points seront particuliers : il faudra minimiser les dommages des bulbes préexistants en créant des fentes de plus petites tailles. On respectera les cheveux préexistants en restant parallèle aux tiges pilaires adjacentes. La densité de transplantation de 20 à 25 cheveux par cm2 sera suffisante pour donner un résultat esthétique dense, tout en minimisant les risques d’effluvium télogène.

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Apr 23, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on Microgreffes de cheveux

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