24. Les métaphores thérapeutiques
Métaphores et communication usuelle
L’usage du conte, de l’allégorie et de beaucoup de véhicules métaphoriques, destinés à produire un changement, une ouverture d’esprit voire une révélation est vieux comme le monde puisqu’on en retrouve des traces dans toutes les traditions, les civilisations, les religions. Les messages transmis ont passé le temps et beaucoup de ces contes continuent à tracer leur sillage même à notre époque. Les métaphores utilisées facilitent l’évocation et la mémorisation, car elles se réfèrent à des réalités concrètes sensoriellement perceptibles.
La métaphore permet, comme son étymologie l’indique, de réaliser une transposition. Il s’agit donc d’une évocation comparative, mais elle n’impose pas forcément la déduction.
La métaphore prend une définition extensive et tout moyen propre à concrétiser une transposition devient ainsi un véhicule métaphorique. Il peut en être ainsi des :
– conte, histoire, fable, parabole ;
– calembour, anecdote ;
– expérience corporelle, physique ;
– musique, peinture, film, objet, livre ;
– sculpture (en séance thérapeutique) ;
– tâches (à la façon dont les prescrivait parfois M.H. Erickson).
L’allégorie est un récit métaphorique construit avec certaines règles répondant point par point au problème rencontré par une personne à un moment donné.
Si l’on retient l’hypothèse de la spécialisation hémisphérique, le langage métaphorique permet de court-circuiter l’hémisphère gauche et sa logique analytique et objective pour favoriser l’expression de l’hémisphère droit et sa compréhension globale synthétique et symbolique. Au premier serait réservé le langage digital tandis qu’au second le langage analogique plus intuitif conviendrait mieux. Ainsi, l’alternance de discours et de langage face à un problème peut permettre des éclairages enrichissants et, espèret-on, des changements.
Sans connaître cette spécialisation hémisphérique, beaucoup de sages, de poètes, de philosophes ont tenté de transmettre leur message de cette façon, espérant être mieux entendus en dépassant la censure naturelle de la logique.
Les métaphores sont souvent un mode d’expression naturel de la réalité vécue par le patient. Parfois, elles sont des images potentiellement aliénantes par la vision péjorative qu’elles mettent en place, contribuant à la construction d’une réalité peu propice au changement.
Le thérapeute avisé saura utiliser les métaphores du patient comme moteur du changement en faisant évoluer l’image en gardant le même contexte. Ainsi, un patient se trouvant dans la « galère » peut s’entendre interrogé sur le choix de son poste : au gouvernail ou à la rame, ou encore sur la distance pour le prochain port. Un autre patient se vivant « au pied du mur » sera interrogé sur la manière de le franchir, de l’escalader ou de le contourner.
Différentes formes
Au-delà des différentes sources de moyens citées précédemment et laissées à la libre appréciation de l’intervenant, il existe :
– des métaphores ouvertes pour lesquelles la solution est à trouver par celui qui la reçoit, permettant à la personne de participer ;
– des métaphores fermées dans lesquelles la solution est implicite et transposable, conforme à l’objectif exprimé par le sujet ;
– des métaphores de surface très liées à la situation du patient, faciles à comprendre ;
– des métaphores profondes quand le lien n’est pas explicite ;
– des métaphores imbriquées (métaphore dans la métaphore) ;
– des métaphores utilisationnelles créées à partir des propres métaphores du patient et parfois de ses symptômes (ces derniers étant souvent euxmêmes de magnifiques métaphores de sa situation).
Bien sûr, les formes métaphoriques varient à l’infini selon le « véhicule » utilisé (sculpture en séance, prescription de tâche, jeu, conte, etc.).
Intérêt des métaphores thérapeutiques
Le contenu métaphorique est variable et doit être adapté à chaque patient, respectant même quand c’est possible une relation dite isomorphique à son problème et à sa situation.
L’usage de la métaphore, quel que soit le moyen utilisé, est censé enrichir la thérapie en :