Chapitre 4 Médecine légale
La Justice – La Police
Rôle de la justice
Définition
C’est l’organisation qui, dans un État, fait régner et respecter le droit positif, la légalité.
L’exécutif (le gouvernement) est chargé de leur exécution.
Principes de la justice
La justice, service public, est :
Organisation de la justice
On distingue l’ordre judiciaire et l’ordre administratif.
Ordre judiciaire
Il règle les litiges entre les personnes et sanctionne les atteintes contre les personnes, les biens ou la société. Lorsque les personnes soupçonnées d’infraction sont jugées, elles le sont par les juridictions pénales (répressives). Les juridictions qui n’infligent pas de peine mais tranchent un conflit d’intérêt sont les juridictions civiles. Certaines affaires sont examinées par des tribunaux spécialisés : conseils des prud’hommes, etc.
Le tableau 4-1 résume les différentes juridictions de l’ordre judiciaire. Le contrôle est effectué par la Cour de cassation qui vérifie l’application correcte de la loi.
Ordre administratif
Les juridictionsadministratives traitent des litiges qui surviennent entre les usagers et les pouvoirs publics, c’est-à-dire les administrations de l’État, les régions et départements (tableau 4.2).
Premier jugement | |
Juridictions spécialisées : | |
Appel | Cour administrative d’appel : réexamen de l’affaire jugée |
Contrôle | Conseil d’État : vérifie l’application de la loi |
L’appel, deuxième degré de la juridiction, est constitué par les cours administratives d’appel.
Acteurs de la justice
Magistrats
Auxiliaires de justice
Les auxiliaires de justice participent et aide à la mission de la justice :
Juridictions professionnelles
La plupart des professions libérales (avocats, infirmiers, masseurs kinésithérapeutes…) disposent d’un ordre professionnel et d’une juridiction professionnelle.
Infraction
Une infraction est un comportement réprimé car interdit par la loi pénale et sanctionné par une peine prévue par cette loi.
On distingue trois catégories d’infractions selon leur gravité : contravention, délit, crime.
Garde à vue
C’est la situation de privation de liberté d’une personne suspectée d’avoir commis ou tenté de commettre une infraction punie d’une peine d’emprisonnement. Cette personne est gardée par les forces de police ou de gendarmerie dans le cadre de l’enquête. Sa durée est strictement limitée : 24 heures avec possibilité de prolongation de 24 heures supplémentaires sur autorisation écrite du procureur de la République ou d’un juge d’instruction ; 4 jours maximum en cas de banditisme, proxénétisme, trafic de stupéfiants, terrorismes ; 6 jours pour les besoins d’une enquête relative au terrorisme lorsqu’il y a un risque d’actes de terrorisme.
Perquisitions et saisies
Une perquisition est une mesure d’enquête visant à rechercher des éléments de preuve d’une infraction au domicile d’un suspect. Il peut s’agir de documents, d’objets ou de données informatiques.
Témoin
Est témoin toute personne qui expose à la justice des faits dont elle a connaissance. Le témoin, s’il fait une déposition mensongère, s’expose à des poursuites pénales pour faux témoignage.
Le témoin assisté est une personne visée par une plainte, mise en cause ou poursuivie par le parquet contre laquelle il existe de simples indices insuffisants pour la mise en examen.
Organisation de la police et de la gendarmerie
La sûreté fait partie des droits inaliénables et imprescriptibles de l’homme. La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée (Déclaration des droits de l’homme de 1789 reprise dans la Constitution française).
Les missions de police sont ainsi actuellement :
Gendarmerie nationale
Force de police à statut militaire sous emploi du ministère de l’Intérieur pour les missions de sécurité intérieure (totalement dépendante de l’Intérieur au 1er janvier 2009), la gendarmerie est plus habituellement chargée des zones rurales (la police étant presque exclusivement urbaine).
La gendarmerie assure des missions variées :
L’intégration au ministère de l’Intérieur ne modifie pas le statut de militaire des gendarmes.
Des unités spécialisées s’ajoutent à ces brigades :
Les unités de la gendarmerie mobile sont essentiellement chargées du maintien de l’ordre.
Des unités sont très spécialisées :
Police nationale
Organisation
La police nationale est sous l’autorité d’un directeur général de la police nationale. Elle comporte de nombreux services :
Des unités spécialisées existent :
Ces unités sont directement rattachées au directeur général de la police nationale.
Organisation des professions de santé
Administration sanitaire et sociale
Cette administration regroupe un ensemble de services complémentaires recouvrant la santé, la sécurité sociale, l’action sociale, la famille, les personnes handicapées, les personnes âgées, les populations et les migrations, l’insertion sociale, la politique de la ville, l’économie solidaire et le droit des femmes.
Ces services sont actuellement regroupés en deux ministères :
La répartition de ces services varie selon les gouvernements successifs.
Les masses financières mises en jeu en matière de santé sont énormes.
Grandes directions centrales
Direction générale de la santé
La direction générale de la santé (DGS) a en charge les politiques de santé et la qualité du système de santé, la gestion des risques, la santé et la société et les produits de santé.
L’ensemble est regroupé en deux directions :
Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins
La direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) comporte deux pôles :
Professions médicales et Professions paramédicales
Les professions de santé comportent les professions médicales et les auxiliaires médicaux.
Toutes sont réglementées par le Code de santé publique dans sa IVe partie.
Le livre Ier traite des professions médicales : médecins, chirurgiens dentistes et sages-femmes.
Le livre II concerne les pharmaciens et les préparateurs en pharmacie.
Le livre III concerne les auxiliaires médicaux qui sont au nombre de treize :
Professions médicales
L’exercice illégal de ces professions est un délit. Chacun des professionnels doit disposer d’une assurance en responsabilité civile. Les conseils de l’ordre de ces professions comportent des conseils départementaux chargés de la gestion de l’ensemble de la profession et des conseils régionaux chargés des problèmes disciplinaires.
Auxiliaires médicaux
Toutes ces professions comportent une formation spécialisée sanctionnée par un diplôme obligatoire, national, autorisant l’exercice. Des conditions sont précisées : enregistrement du diplôme, inscription sur une liste départementale, secret professionnel, exercice illégal.
Les thanatopracteurs n’appartiennent pas aux professions de santé!
Législation de la mort, prélèvements, autopsies, don du corps
Certificats de décès
Terminologie
Déclaration de décès : elle est faite par toute personne ayant connaissance d’un décès (habituellement la famille) à la mairie, habituellement dans les 48 h suivant le décès.
Acte de décès : pièce officielle d’état civil attestant du décès et marquant le jour de l’ouverture de la succession. Il est établi par la mairie.
Permis d’inhumer : autorisation réglementaire de procéder aux opérations funéraires, établie par l’officier d’état civil et jamais par un médecin. En cas d’enquête décès, c’est le magistrat qui établit cette autorisation de pourvoir aux opérations funéraires, avec parfois certaines réserves (interdiction de crémation…).
L’ officier d’état civil ne délivre le permis d’inhumer et ne rédige l’acte de décès qu’après s’être assuré de l’authenticité du décès au moyen du certificat médical de décès.
Rédaction du certificat de décès
Il peut être rédigé sur formulaire papier ou sur le site du CEPIDC par voie électronique qui permet d’imprimer la partie administrative.
Un modèle (« vert ») est à utiliser pour les nourrissons décédés (de la naissance à 27 jours inclus), un autre modèle (« bleu ») au-delà de cet âge (fig. 4-1).
Il comporte notamment une case « Obstacle médico-légal : oui – non » permettant au médecin de le délivrer dans tous les cas (même lors d’un décès suspect ou violent).
La partie supérieure doit être complètement remplie, compte tenu des rappels figurant au verso.
Cas des nouveau-nés et nourrissons décédés jusqu’à 27 jours de vie
Plusieurs cas sont possibles :
Levée de corps
Examen des lieux
L’examen de l’environnement du corps permet d’apporter de nombreux renseignements. Il doit être systématique, en association avec les services de police, et comporte un inventaire des objets, traces et taches entourant le cadavre. Cet examen apporte des éléments permettant de savoir si le corps a été ou s’est déplacé avant sa découverte. Il peut relever des éléments permettant l’identification de personnes impliquées (empreintes, taches, cheveux, objets divers). Il permet de confirmer les témoignages (déplacement de la victime attesté par l’existence de taches de sang). Il offre une orientation diagnostique : découverte de médicaments, de produits toxiques, de lettres, d’un environnement dangereux.
Examen du cadavre
Cet examen doit suivre un protocole rigoureux.
Un prélèvement de sang, voire d’urine, n’est utile que si l’autopsie n’est pas demandée.
Lors de la levée de corps, le diagnostic de cause de décès peut être évident, notamment dans la plupart des cas de mort violente. Le diagnostic des circonstances du décès est plus difficile : crime, suicide ou accident. L’environnement proche est alors fondamental : position de l’arme, tabouret basculé lors d’un suicide par pendaison, signes de lutte, de désordre et blessures multiples d’un homicide avec acharnement…
Autopsie – don du corps
Autopsie hospitalière dite scientifique
Des autopsies, souvent partielles, peuvent être pratiquées en milieu hospitalier à la demande des cliniciens des services où les malades sont décédés.
Ces autopsies ne sont possibles qu’après établissement d’un constat de la mort qui oblige, en plus du certificat de décès classique, à établir un procès verbal de constat de la mort.
Seuls des établissements agréés peuvent effectuer ces opérations.
Prélèvement d’organes à visée thérapeutique
Les lois bioéthiques précisent également les conditions de ces prélèvements destinés à une utilisation thérapeutique (greffe).
Ces prélèvements ne peuvent pas se faire si la personne a manifesté son opposition de son vivant.
Techniques de l’autopsie
Examen externe et dissection
L’autopsie est un acte médical effectué par un médecin.
L’autopsie comprend plusieurs temps :
L’incision du corps elle-même peut se faire soit de manière mento-pubienne (fig. 4-2 à 4-5), soit en Y au niveau du thorax, respectant plus facilement les téguments du cou.