humaines de la mort

Chapitre 7 Sciences humaines de la mort



Rituels du deuil


La mort d’un proche est un événement douloureux, difficile à métaboliser, c’est pour cela qu’il faut trouver une place symbolique à cet événement, les rituels funéraires aidant la famille, l’entourage à effectuer ce travail de deuil.


Chacun apprend ainsi à « RE VIVRE » ou à « SURVIVRE » à la mort de l’autre, sans être tenté par le désir de le rejoindre.





Données historiques




Au XXe siècle


Au cours du XXe siècle, la mort devient un phénomène privé, familial.


La moitié du XXe siècle marque « le début du mensonge » et deux notions importantes apparaissent : la déresponsabilisation progressive qui mène à la médicalisation de la naissance et de la mort.


Les années 1930–1950 voient le transfert progressif du mourant du domicile vers l’hôpital.


Les progrès de la médecine, les nouvelles thérapeutiques, contribuent à cacher le spectre de la mort, on arrive même à croire qu’un jour la médecine pourrait tout guérir !


On parle de « Mort aseptisée ». « La mort se contemple sans être regardée, elle se montre sans être vue. »1


Dans les années 1980, il n’est plus question de mort, mais de fin de vie. Le mouvement des soins palliatifs voit le jour ; ceux-ci ont pour mission :




On peut parler d’un nouveau rite de la mort, spécifique de la mort institutionnelle.


Aujourd’hui, 75 % des décès ont lieu en institution. Les soignants sont les témoins de ces décès.


Il leur convient d’élaborer de nouveaux rites qui puissent leur permettre de faire le deuil des patients.


L’accompagnement des malades et de l’entourage symbolise la forme la plus élaborée de ces rites.


Les soignants, prenant en considération les attitudes autour du mourir, pourront peut-être aider l’ensemble de la société à retrouver des rites communs pour surmonter l’angoisse de la perte de l’autre : la mort.


La mort due au sida (maladie liant à la fois la sexualité et la mort) est un exemple de nouveau rite. La solidarité autour des victimes de cette épidémie a permis d’élaborer le « patchwork des noms » (carrés de tissu cousus ensemble lors d’une cérémonie de deuil par les amis, la famille, les voisins, etc.) et de créer des cimetières virtuels.



Les différentes phases du deuil



Le choc


Définition : c’est l’annonce de la perte, elle se caractérise par des manifestations psychiques et physiques.





Déroulement


Il dure de quelques heures à quelques jours. Il est très différent si c’est un deuil prévu (après une longue maladie ou chez une personne âgée, par exemple) ou si la perte est inattendue, inopinée, brutale. Dans le premier cas, la tristesse s’exprime rapidement et la phase du choc est plus souvent brève.


La personne préparée à ce deuil (dite phase de pré-deuil) s’est mentalement disposée à ce temps. Généralement, elle a pu échanger avec le mourant, lui dire adieu ou aborder des sujets restés confidentiels tout au long de la vie. Son travail de deuil s’en trouve ainsi aidé.


Vous trouverez souvent face à vous, des gens plus sereins qui parlent de cette perte comme de l’aboutissement d’une histoire.


Ils ont souvent préparé les formalités administratives, voire organisé la cérémonie avec le défunt.


Cependant, ce n’est qu’une généralité et certains d’entre eux peuvent vivre cette perte comme ils ont vécu la maladie de leur proche, dans le déni. Il n’est pas rare que les pompiers soient appelés chez des gens parce que les voisins se plaignent d’une odeur nauséabonde et découvrent un corps en décomposition veillé par une personne ne croyant pas à son décès.


En cas de deuil brutal, la phase de choc est plus intense dans la force et dans la durée comme l’a été le décès du disparu.


Les émotions violentes qui suivent l’annonce de la mort doivent pouvoir s’exprimer pour que le deuil suive son cours. Ainsi l’endeuillé qui pleure, crie, peut exprimer ces sentiments si forts. Celui qui au contraire reste calme paraît insensible à son entourage, risque plus de bloquer le travail psychique du deuil nécessaire pour assumer ce traumatisme.


Parfois, le déni est très fort et tout le rituel du deuil (les cérémonies, les condoléances…) aide l’endeuillé à affronter une réalité si pénible que son esprit ne peut la braver.


Le regard de l’entourage valide cet état de choc et, par cette reconnaissance, aide à l’acceptation de cet état par l’endeuillé : « Pleurer, c’est demander de l’aide, chercher la compassion, le soulagement, la consolation, le réconfort, c’est aussi l’expression de la lutte contre un angoissant sentiment d’abandon. »2



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Jul 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on humaines de la mort

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