Leçon apprise sur le terrain

50. Leçon apprise sur le terrain

dans les situations impossibles, les problèmes inhabituels requièrent des solutions inhabituelles


Vous êtes l’anesthésiste d’un hôpital de mission en Afrique . Vous êtes appelé pour anesthésier un homme de 35 ans en bonne santé qui a été blessé au cou par un couteau en bois. Vous courez en salle d’urgences et trouvez le patient dans un état stationnaire, conscient et coopératif. Le manche du couteau est visible, sortant de son cou, avec la lame en bois qui disparaît sous la clavicule en direction du cœur. Il est par ailleurs en bonne santé, sans antécédents chirurgicaux ou allergiques. Le chirurgien souhaite procéder au retrait du couteau sous anesthésie générale. Vous prélevez du sang pour groupage et mettez en place deux grosses voies d’abord. Le patient est transporté en salle d’opération. Dès que 4 unités de sang sont disponibles en salle, vous induisez l’anesthésie par une séquence rapide. La tolérance du patient à l’induction est bonne et les paramètres vitaux restent inchangés. Le chirurgien nettoie le cou et retire le couteau en bois. Une chute de pression artérielle sévère avec tachycardie se produit, accompagnant une hémorragie importante visible par la plaie cervicale. Le chirurgien pratique une sternotomie et découvre à la consternation de l’équipe une plaie aortique de 0,5–1cm sur la crosse entre le tronc innominé et la carotide primitive gauche. Vous savez que le patient devrait immédiatement être placé sous circulation extracorporelle (CEC) mais rien de tel n’est disponible là où vous êtes. Que pensezvous que le chirurgien peut faire pour sauver la vie du patient ?


Solution


Cette situation est arrivée à l’un de mes amis. Le chirurgien a clampé l’aorte en amont de la plaie, mais de façon à préserver un débit dans le tronc innominé (figure 50.1). Il a ensuite commencé la réparation en demandant à mon collègue, le Dr Michael Grant, de surveiller la dilatation des pupilles. Michael l’informait dès qu’une mydriase apparaissait pour qu’il relâche le clamp quelques secondes. Cette séquence fut répétée plusieurs fois avant que la réparation ne prenne fin. L’importance de la dilatation pupillaire peut être discutée dans ce cas. J’ai déjà observé des dilatations pupillaires majeures lors d’hémorragies peropératoires sévères qui ne se corrigeaient qu’après une réanimation adéquate. Des barbituriques auraient pu être utilisés chez ce patient, selon son état hémodynamique.

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Apr 25, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Leçon apprise sur le terrain

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