Facteurs de Risque de Thrombose chez la Femme




GROSSESSE








Tableau 18.I Facteurs de risque de TV et grossesse
Syndrome des antiphospholipides (SAPL)
Thrombophilie héréditaire (risque variable selon la thrombophilie)
Âge > 35 ans
Césarienne, surtout si elle est réalisée en urgence
Alitement pendant la grossesse
Prise de poids importante
Multiparité
Grossesse gémellaire
Antécédent personnel de TV
Hyperstimulation ovarienne sévère


De nombreuses modifications de l’hémostase sont observées pendant la grossesse et en particulier raccourcissement du temps de céphaline avec activateur (TCA), augmentation du taux de fibrinogène et de la plupart des facteurs de coagulation (à l’exception du FXI qui a tendance à diminuer), diminution de l’antithrombine (AT) et de la protéine S (PS), inhibiteurs physiologiques de la coagulation. Il en résulte une hypercoagulabilité et le taux des marqueurs d’activation de la coagulation (fragment 1 + 2 de la prothrombine [F1 + 2], D-dimères [D-Di]) augmente. Parallèlement, il existe une hypofibrinolyse avec allongement des temps de lyse du caillot des euglobulines et augmentation des inhibiteurs physiologiques de la fibrinolyse, PAI1 plasmatique et PAI2 d’origine placentaire. L’hypercoagulabilité et l’hypofibrinolyse, facteurs potentiels de risque de thrombose, se normalisent plus ou moins rapidement après l’accouchement. La fibrinolyse se corrige aussitôt après la délivrance tandis que les modifications de la coagulation se normalisent en 4 à 6 semaines après l’accouchement.


Ainsi, un traitement anticoagulant préventif peut être nécessaire pendant la grossesse et surtout pendant le post-partum. Il varie en fonction des facteurs de risque de la patiente (antécédent de thrombose avant la grossesse, alitement, âge) et du type de thrombophilie (voirchapitre 6).

La recherche d’une thrombophilie héréditaire n’est pas justifiée à titre systématique avant toute grossesse. En revanche, elle est conseillée chez les femmes qui ont des antécédents personnels de TV et chez celles qui ont des antécédents familiaux de TV avant l’âge de 50 ans. Elle comprend les dosages d’AT, PC et PS, le test de résistance à la PC activée (PCa) (et s’il est anormal, la recherche de la mutation FVL), ainsi que la recherche de la mutation 20210A du gène de la prothrombine. Le syndrome des antiphospholipides est associé à la survenue de thromboses, de fausses couches et de complications de la grossesse. Il est détecté par le TCA, la recherche d’ACC et le dosage d’ACL.


SYNDROME D’HYPERSTIMULATION OVARIENNE SÉVÈRE



La prévalence des thromboses est estimée à 1 cas/128 hyperstimulations sévères (grade 3). Comme une hyperstimulation survient dans 0,5 à 5 % des cycles, le risque de thrombose en cas de fécondation in vitro est voisin de 1 pour 2 650 à 6 400 cycles.

Les thromboses sont veineuses ou artérielles. Les TV sont les plus fréquentes. Elles ont souvent des localisations inhabituelles : membres supérieurs, veines jugulaires, veines cérébrales. L’EP est peu fréquente. Les thromboses artérielles touchent presque exclusivement les artères cérébrales. Ainsi, les vaisseaux les plus touchés sont ceux de la tête et du cou, pour une raison encore inconnue, mais le taux élevé des œstrogènes dans le liquide péritonéal et leur passage dans le système lymphatique pourraient avoir un rôle dans la localisation de ces thromboses. La thrombose survient souvent non pas au pic du taux d’œstradiol, au moment de l’hyperstimulation sévère, mais 6 à 70 jours après l’injection d’HCG. Le délai moyen est plus long dans le cas des TV (38 jours) que des thromboses artérielles (14 jours). La patiente est enceinte dans la majorité des cas (80 % environ).

Une augmentation de la viscosité sanguine et de facteurs de la coagulation ainsi qu’une diminution des inhibiteurs physiologiques de la coagulation sont probablement des éléments à rapprocher de l’hyperœstrogénémie et de l’augmentation du risque de thrombose. L’hypercoagulabilité liée à la grossesse pourrait se surajouter au risque lié à l’hyperstimulation et expliquer le délai entre l’hyperstimulation et la survenue des thromboses. Une thrombophilie héréditaire et/ou un syndrome des antiphospholipides (SAPL) ont été trouvés chez certaines femmes.

La prévention des thromboses dépend des antécédents personnels de la patiente et de l’existence éventuelle d’une thrombophilie. Elle n’est pas bien définie.

La recherche d’une thrombophilie héréditaire n’est justifiée que si la patiente a des antécédents personnels de thrombose ou bien des antécédents familiaux avant l’âge de 50 ans.


CONTRACEPTION


La contraception comporte le plus souvent l’administration orale d’œstroprogestatifs ou parfois, de progestatifs seulement (Serfaty, 2007). La voie non orale est également possible : patch, anneau vaginal, implant ou stérilet diffusant des hormones.


Contraception œstroprogestative



Risque de TV


Le premier cas d’EP sous contraception orale (CO) a été rapporté en 1961. Différentes études ont ensuite montré que le risque de TV était augmenté sous CO (tableau 18.II). Il s’agit le plus souvent de TV des membres inférieurs ou d’EP, parfois d’autres localisations : TV cérébrale par exemple.



















































Tableau 18.II Risque de thrombose sous CO et THS
Trait & Auteur Année Étude RR (IC95 %)
CO


WHO Europe


Spitzer


Bloemenkamp


1995 Cas-témoin 4,1 (2,5-6,9)
1996 Cas-témoin 4,0 (3,1-5,3)
1999 Cas-témoin 3,9 (2,6-5,7)
THS


Oger


HERS


WHI


Beral


Scarabin


E2 voie orale


E2 voie transdermique


1999 Méta-analyse 2,1 (1,2-3,8)
1998 Randomisée 2,66 (1,41-5,04)
2002 Randomisée 2,13 (1,39-3,25)
2002 Quatre études randomisées 2,16 (1,47-3,18)
2003 Cas-témoin


3,5 (1,8-6,8)


0,9 (0,5-1,6)

La contraception œstroprogestative comporte un œstrogène synthétique, l’éthinylœstradiol (OE) et un progestatif. La dose d’OE a diminué : elle est actuellement comprise entre 50 et 15 μg. Les progestatifs sont de 2e (lévonorgestrel) ou de 3e génération (gestodène, désogestrel), ou autre (acétate de cyprotérone, drospirénone).

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Jun 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Facteurs de Risque de Thrombose chez la Femme

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