Évaluation hémodynamique et du risque thrombo-embolique des patients en fibrillation auriculaire

15. Évaluation hémodynamique et du risque thrombo-embolique des patients en fibrillation auriculaire

J. Maizel, M. Slama, S. Ederhy and A. Cohen



La fibrillation auriculaire (FA) est la première cause d’arythmie dans la population générale avec une prévalence de 0,4 % [1]. Sa prévalence augmente avec l’âge et l’existence d’une cardiopathie. L’apparition d’une FA est associée à une augmentation de la mortalité estimée à 1,5 fois après ajustement sur les autres comorbidités. Cette surmortalité augmente avec l’âge, de 1,5 fois chez les patients quinquagénaires jusqu’à 23,5 fois chez les patients octogénaires [1]. La FA augmente également la morbidité. Dans une étude européenne, les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral ischémique présentaient une surmortalité et un pronostic fonctionnel aggravé s’ils étaient en FA [2]. L’utilisation des anticoagulants, seul traitement permettant une prévention efficace des accidents vasculaires cérébraux ischémiques en cas de FA [3], expose également au risque d’événements hémorragiques, notamment chez les patients les plus âgés [4]. Les patients les plus âgés étant les plus à risque d’accidents emboliques, la prise en charge des patients souffrants de FA est fondée sur un rapport bénéfice/risque qui doit conduire à évaluer le risque thrombo-embolique de la FA et le risque hémorragique du traitement préventif.

Il ne semble pas exister de différence de morbimortalité entre une attitude thérapeutique agressive destinée à obtenir le retour en rythme sinusal et un traitement visant simplement à un ralentissement de la FA, la poursuite du traitement anticoagulant étant déterminée par la seule appréciation du risque thrombo-embolique [5, 6]. L’attitude qui consiste à ralentir la FA est préconisée dans certaines situations cliniques, notamment pour les patients les plus âgés [7]. Cela devrait augmenter le nombre de patients en FA permanente, y compris dans les services de réanimation.

En réanimation comme dans la population générale, la FA est l’arythmie la plus fréquente [8]. De nombreuses études ont montré une surmortalité en période postopératoire de chirurgie cardiaque chez les patients en FA [9, 10 and 11]. En réanimation médicale, l’incidence des arythmies auriculaires varie entre 14 et 50 % [12, 13]. L’inhomogénéité des populations et des arythmies étudiées est probablement à l’origine de cette disparité marquée entre les études. Celles-ci confirment la surmortalité liée à la survenue d’une arythmie auriculaire en réanimation médicale. De nombreux facteurs propices à la survenue d’une FA sont rencontrés chez les patients souvent âgés qui sont hospitalisés en réanimation : hypoxémie, hyperthermie, hypokaliémie et hypomagnésémie, hypovolémie, et certaines interventions thérapeutiques (hémodialyse, catécholamines), etc. Dans ces situations, l’échocardiographie peut aider à améliorer la prise en charge des patients en identifiant la cardiopathie causale et en évaluant les conséquences hémodynamiques ainsi que le risque thrombo-embolique (Tableau 15-1).















































Tableau 15-1 Informations fournies par l’échocardiographie Doppler chez un patient en fibrillation auriculaire
*Performance diagnostique de l’échocardiographie transœsophagienne supérieure à celle de l’échocardiographie transthoracique.
Cardiopathie causale
Valvulopathie (valve mitrale > aortique)
Cardiopathie ischémique
Cardiomyopathies
Retentissement sur le massif auriculaire
Diamètre maximal, surfaces et volume des oreillettes (paramètres indexés à la surface corporelle)
Dimensions et fonction ventriculaire gauche
Épaisseur pariétale et masse ventriculaire gauche
Fraction d’éjection du ventricule gauche
Profil Doppler transmitral
Pressions de remplissage du ventricule gauche et pressions artérielles pulmonaires
Marqueurs du risque thrombo-embolique
Contraste spontané intra-atrial et/ou intra-auriculaire (cotation en grades 1 à 3) *
Thrombus atrial ou surtout auriculaire gauche (mobile, sessile, pédiculé) *
Profil Doppler de l’auricule gauche (incidence apicale 3 ou 5 cavités) *
Marqueurs du risque de récidive
Dimensions du massif auriculaire
Fonction systolique du ventricule gauche
Profil Doppler de l’auricule gauche*


Définitions


On distingue la FA paroxystique, persistante et permanente (Tableau 15-2). Chez les patients de réanimation, la FA est souvent paroxystique et rapidement réversible en moins de 24h avec la correction du facteur déclenchant. Elle peut être permanente, et dans ce cas rarement isolée mais plutôt secondaire à une cardiopathie sous-jacente.












Tableau 15-2 Définitions des différents types de fibrillation auriculaire



– Fibrillation auriculaire paroxystique : épisode de fibrillation auriculaire se terminant spontanément, dans un délai habituellement inférieur à 7 jours, en pratique souvent inférieur à 24h.



– Fibrillation auriculaire persistante : épisode de fibrillation auriculaire soutenue, durant en règle plus de 7 jours, nécessitant souvent une cardioversion. Il peut s’agir d’un premier épisode ou de l’évolution d’une forme précédemment paroxystique.



– Fibrillation auriculaire permanente : évolution sur un mode continu et prolongé (> 1 an) d’une fibrillation auriculaire persistante, qu’il s’agisse d’un échec de cardioversion ou de la décision du clinicien de ne pas rétablir le rythme sinusal



– Fibrillation auriculaire isolée : fibrillation auriculaire en l’absence de toute cardiopathie causale, détectée par un examen clinique (qui élimine une cause aiguë : intoxication, traumatisme, chirurgie, affection médicale aiguë), biologique (diabète insulinodépendant, hyperthyroïdie), radiologique (absence de cardiomégalie) ou échocardiographique (absence de valvulopathie).

Certains auteurs ajoutent des critères supplémentaires : âge < 50 ans lors de l’épisode initial, absence d’anomalies ECG (troubles conductifs, maladie rythmique auriculaire, hypertrophie ventriculaire droite ou gauche).


Conséquences hémodynamiques de la fibrillation auriculaire




Conséquences sur la fonction systolique du ventricule gauche


La transmission aléatoire et irrégulière de l’excitation auriculaire aux ventricules explique le retentissement de la FA sur la contraction ventriculaire. Cette tachycardie irrégulière (tachyarythmie) altère la contractilité du VG par plusieurs mécanismes. La postcharge du VG augmente au cours des diastoles courtes (espaces R-R courts) ou lors d’une systole ventriculaire prématurée (espaces R-R irréguliers) où la pression dans l’aorte ascendante est plus élevée [14, 15]. La perte de la systole auriculaire et la diminution de la durée du remplissage ventriculaire entraînent une baisse de la précharge du VG, donc une diminution de son volume d’éjection systolique selon la loi de Frank-Starling [15, 16]. Enfin, la force de contraction ventriculaire est liée à la durée de l’intervalle R-R qui précède la systole [14, 17]. Plus l’espace R-R précédent est long, plus la force contractile est grande, et inversement. L’augmentation de la force de contraction suivant une diastole longue sera d’autant plus importante que cette diastole est elle-même précédée d’une diastole courte.


Conséquences sur la fonction diastolique du ventricule gauche


La FA s’accompagne d’une diminution de la pression télédiastolique du VG et d’une augmentation de la pression auriculaire gauche et de la pression artérielle pulmonaire d’occlusion [18]. Cette augmentation des pressions en amont de la valve mitrale est secondaire à la perte de la contractilité auriculaire et au raccourcissement de la durée du remplissage ventriculaire. La FA entraîne une disparition de la phase active du remplissage ventriculaire liée à la contraction auriculaire, dont le rôle augmente avec la dysfonction diastolique VG physiologique liée à l’âge. Ainsi, le remplissage VG ne dépend plus que du gradient instantané entre oreillette et ventricule gauches au moment de l’ouverture de la valve mitrale. C’est pourquoi la pression auriculaire gauche moyenne augmente pour maintenir le remplissage VG au même niveau qu’en rythme sinusal [19]. De plus, l’accélération de la fréquence cardiaque raccourcit principalement la diastole du VG, donc la durée de son remplissage. La durée de la systole ne commence à diminuer qu’en cas de tachycardie très rapide. Par conséquent, l’oreillette gauche n’a pas le temps de se vider totalement dans le VG, et le volume sanguin résiduel en fin de diastole entraîne une élévation de la pression diastolique et de la cavité auriculaire gauche. Avec le temps peuvent se développer des modifications histopathologiques de la paroi auriculaire gauche [20]. Le même mécanisme est décrit pour l’oreillette droite, ce qui explique la fréquence de la dilatation biauriculaire au cours de la FA chronique.

Ces modifications expliquent que la survenue d’une FA paroxystique peut être le facteur déclenchant un œdème aigu du poumon, en particulier chez des patients ayant une dysfonction diastolique évoluée quelle qu’en soit la cause et quelle que soit la qualité de la fonction systolique du VG (voir chapitre 10).


Conséquences sur le débit cardiaque


Au cours de la FA, l’altération de la fonction systolique et la diminution de la précharge du VG entraînent une baisse de son volume d’éjection systolique, parfois à l’origine d’une baisse du débit cardiaque. Néanmoins, la tachycardie compense fréquemment la diminution du volume d’éjection systolique du VG et permet initialement de maintenir constant le débit cardiaque [18, 21]. Ce phénomène adaptatif a des limites car la relation entre le volume d’éjection systolique du VG et la durée de la diastole précédente n’est pas linéaire. Au-delà de 100 battements par minute, tout raccourcissement supplémentaire de la diastole entraîne une diminution plus importante du volume d’éjection systolique VG [22]. Cela explique en partie pourquoi les FA très rapides sont mal tolérées. L’existence d’une dysfonction systolique du VG ne semble paradoxalement pas être un facteur aggravant [23].

Ces modifications expliquent que la survenue d’une FA paroxystique rapide peut être un facteur aggravant voire déclenchant d’une défaillance circulatoire. L’existence d’une cardiopathie ischémique peut compliquer la situation, car la tachyarythmie augmente la consommation en oxygène du myocarde tout en réduisant la perfusion coronaire. Le traitement doit alors ralentir la cadence ventriculaire, voire rétablir le rythme sinusal en cas de FA paroxystique particulièrement rapide et mal tolérée.


Évaluation hémodynamique par échocardiographie Doppler










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Figure 15-1
Illustration des différentes incidences utilisées en échocardiographie transthoracique pour explorer la fonction ventriculaire gauche et les dimensions de l’oreillette gauche. On utilise l’incidence parasternale gauche grand axe (A), l’incidence parasternale gauche petit axe (B), l’incidence apicale 4 cavités (C) et l’incidence apicale 2 cavités (D). OD : oreillette droite ; OG : oreillette gauche ; VD : ventricule droit ; VG : ventricule gauche.



Fonction systolique du ventricule gauche


L’évaluation de la fonction systolique du VG est rendue difficile par les variations permanentes des conditions de charge inhérentes à l’irrégularité des intervalles R-R qui reflètent la durée de la diastole. Il est donc nécessaire pour pouvoir estimer la fonction contractile du VG de s’affranchir de cette variation incessante des conditions de charge liée à l’arythmie. Trois méthodes sont décrites (Tableau 15-3).























Tableau 15-3 Méthodes d’évaluation de la fonction systolique du ventricule gauche en fibrillation auriculaire
FE VG : fraction d’éjection du ventricule gauche.
Méthode Limites Références
Moyenner 13 mesures consécutives de la FE VG Prolonge la durée de l’examen Dubrey et al. [24]
Vitesse de raccourcissement circonférentiel corrigé/contrainte pariétale télésystolique Nécessite la mesure de la pression artérielle simultanée
Non utilisable en cas de troublede la cinétique segmentaire
Raymond et al. [25]
Mesure de la FE VG lors d’un cycle cardiaque précédé de deux intervalles R-R égaux (R-R1/R-R2 = 1) Nécessite de répéter les mesures des intervalles R-R avant de pouvoir débuter la mesure de la FE VG Tabata et al. [27]
Sumida et al. [28]
Tanabe et al. [29]




– La première méthode est de moyenner plusieurs mesures consécutives du paramètre de fonction systolique choisi. En théorie, plus le nombre de mesure est élevé, plus la moyenne de ces mesures reflète la fonction systolique réelle du VG. Le nombre de mesures nécessaires pour espérer une bonne estimation de la fonction systolique VG n’est pas clairement établi, car il dépend en grande partie de la variabilité de l’intervalle R-R. En pratique, on estime qu’une dizaine de mesures sur des cycles cardiaques consécutives permet d’obtenir une valeur satisfaisante dans la majorité des cas [24]. Comme chez les patients en rythme sinusal, le cycle respiratoire est un facteur confondant en raison des interactions cœur-poumon (voir chapitre 4).


– La deuxième méthode utilise le rapport entre la vitesse de raccourcissement circonférentiel des fibres myocardiques rapportée à la fréquence cardiaque (VCFc) et la contrainte pariétale télésystolique [25]. La VCFc nécessite la mesure de la fraction de raccourcissement du VG en incidence parasternale gauche couplée au mode tempsmouvement (TM), que l’on divise par le temps d’éjection aortique puis par la racine carrée de l’espace R-R précédent. La contrainte pariétale est obtenue selon la méthode de Reichek et al. [26]. Cette méthode est difficile à utiliser couramment. Elle est limitée par la présence de troubles de la cinétique segmentaire du VG, rendant la mesure de la fraction de raccourcissement inutilisable, et par la nécessité de synchroniser les mesures TM à la courbe de pression artérielle.


– La troisième méthode repose sur la relation entre la fonction systolique du VG et l’intervalle R-R de la diastole précédente (R-R1) et de celle préalable (R-R2). Chez le chien, la fraction d’éjection (FE) du VG est corrélée au rapport R-R1/R-R2, et la mesure de la FE VG au cours d’un seul cycle pour lequel RR-1 est identique à RR-2 permet de mieux estimer la fonction systolique du VG qu’en moyennant la mesure de la FE VG sur plusieurs cycles [27]. Chez l’homme, Sumida et al. [28] ont montré que la mesure de la FE VG au cours d’un cycle pour lequel RR-1 est identique à RR-2 était une bonne estimation de la FE VG moyennée. Cette méthode a également été validée chez les patients en FA qui ont une cardiomyopathie dilatée à FE VG basse [29]. La limite de cette méthode est d’obtenir deux cycles R-R égaux à la suite, ce qui impose de répéter les mesures des intervalles R-R avant de débuter celle de la FE VG. En pratique, l’espace R-R est fréquemment évalué visuellement, de manière à réaliser la mesure du paramètre de fonction systolique du VG après deux diastoles consécutives dont la durée est similaire.


Volume d’éjection systolique par méthode Doppler


Comme pour la fonction systolique, le volume éjecté par le VG à chaque systole dépend de la régularité des cycles R-R précédents. Répéter et moyenner les mesures de l’intégrale temps-vitesse du profil Doppler pulsé enregistré dans la chambre de chasse du VG immédiatement sous l’anneau aortique peut permettre d’obtenir une évaluation fiable du volume d’éjection systolique (voir chapitre 6). Dubrey et al. [24] ont établi dans leur étude qu’il était nécessaire de moyenner 13 mesures consécutives de l’intégrale tempsvitesse du profil Doppler aortique pour obtenir une estimation satisfaisante du débit cardiaque. Comme pour la FE VG, réaliser une mesure de l’intégrale temps-vitesse du profil Doppler aortique au cours d’une systole dont les espaces R-R1 et R-R2 sont identiques est une autre solution. Cette technique validée par les études précédemment citées présente également comme difficulté principale d’obtenir deux intervalles R-R consécutifs similaires [27, 28 and 29]. L’intégration aux appareils d’échocardiographie de logiciels permettant de calculer automatiquement et instantanément les intervalles R-R lors de l’acquisition des images pourrait aider à utiliser cette méthode. L’appréciation visuelle de l’intervalle R-R est une alternative pragmatique comme développé plus haut.


Fonction diastolique et pression de remplissage du ventricule gauche


L’estimation des pressions de remplissage du VG fait appel à l’effet Doppler (Figure 15-2). De nombreuses études ont montré qu’en rythme sinusal, les paramètres Doppler étaient étroitement corrélés à la mesure invasive de la pression artérielle pulmonaire d’occlusion (PAPO) utilisée comme mesure de référence, en particulier en cas de dysfonction VG (voir chapitre 10).








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Figure 15-2
Illustration des paramètres utilisés pour évaluer les pressions de remplissage ventriculaire gauche en Doppler pulsé par voie transthoracique (vue apicale 4 cavités). En fibrillation auriculaire, le temps de décélération de l’onde E est mesuré et il n’y a pas d’onde A sur le profil Doppler mitral (A). La mesure de la vitesse de propagation de l’onde protodiastolique en mode temps-mouvement couplé au Doppler couleur permet de calculer le rapport E/Vp (B). Le Doppler tissulaire à l’anneau mitral permet de mesurer la vitesse maximale de l’onde Ea et de calculer le rapport E/Ea (C). Le profil Doppler enregistré dans les veines pulmonaires est caractérisé par une diminution de l’onde S lorsque le patient est en fibrillation auriculaire (D).



En FA, les ondes A mitrale et pulmonaire disparaissent et l’amplitude de l’onde S pulmonaire diminue. Le rapport E/A et la comparaison de la durée des ondes A mitrale et pulmonaire ne sont donc plus utilisables, et la fraction systolique est systématiquement diminuée [30]. De plus, l’irrégularité de la longueur de la diastole entraîne une variation importante de la pression télédiastolique du VG, ce qui conduit à la nécessité de moyenner plusieurs mesures.

Malgré ces perturbations du profil Doppler, plusieurs études cliniques ont montré qu’il persistait une corrélation entre la PAPO invasive et certains paramètres Doppler issus du profil mitral et veineux pulmonaire chez les patients en FA (Tableau 15-4). Nagueh et al. [31] ont montré chez 60 patients (dont 40 % sous ventilation mécanique) avec un large éventail de FE VG qu’il existait une bonne corrélation entre le pic de vitesse de l’onde E et la PAPO invasive (r = 0,84). En revanche, seuls les patients avec une FE VG < 45 % avaient une bonne corrélation (r = −0,78) entre le temps de décélération de l’onde E et la PAPO invasive [31]. Un temps de décélération de l’onde E < 150ms prédisait une PAPO invasive > 15mmHg avec une sensibilité de 71 % et une spécificité de 100 % [31]. Ces indices avaient la même précision diagnostique qu’ils soient enregistrés après un intervalle R-R de 850 à 1 000ms ou moyennés sur trois ou dix cycles cardiaques consécutifs. Temporelli et al. [32] ont confirmé la bonne corrélation entre le temps de décélération de l’onde E et la PAPO invasive (r = −0,95) dans une population de 35 patients ayant une cardiomyopathie dilatée à FE VG altérée. La valeur seuil validée dans cette étude est un temps de décélération de l’onde E < 120ms pour prédire une PAPO invasive ≥ 20mmHg avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 96 %. Chirillo et al. [33] ont montré la bonne valeur prédictive d’un temps de décélération de l’onde D pulmonaire > 220ms pour prédire une PAPO < 12mmHg avec une sensibilité et une spécificité de 100 % [33]. Sohn et al. [34] ont rapporté chez 27 patients en FA une bonne corrélation (r = 0,79) entre la PAPO invasive et le rapport E/Ea (pic de vitesse de l’onde E mitrale rapporté au pic de vitesse de l’onde Ea protodiastolique recueillie en Doppler tissulaire à l’anneau mitral septal). Un rapport E/Ea ≥ 11 prédit une PAPO > 15mmHg avec une sensibilité de 75 % et une spécificité de 93 % [34]. L’étude de Nagueh et al. [31] a évalué la relation entre le paramètre E/Vp (rapport entre le pic de vitesse de l’onde E mitrale et la pente de propagation protodiastolique du courant transmitral en mode TM couleur) et la PAPO invasive mesurée en FA. Cette étude a trouvé une corrélation correcte entre ces deux paramètres (r = 0,65), et une valeur seuil d’E/Vp ≥ 1,4 prédisait une PAPO invasive > 15mmHg avec une sensibilité de 72 % et une spécificité de 100 % [31]. Néanmoins, la mesure de Vp est peu reproductible et difficile entre des mains peu entraînées, donc à déconseiller aux réanimateurs débutants (voir chapitre 10).





































Tableau 15-4 Évaluation Doppler des pressions de remplissage du ventricule gauche en fibrillation auriculaire
E : pic de vitesse de l’onde E mitrale ; Ea : pic de vitesse de l’onde E protodiastolique recueillie en Doppler tissulaire à l’anneau mitral ; ETT : échocardiographie transthoracique ; FE VG : fraction d’éjection du ventricule gauche ; PAPO : pression artérielle pulmonaire d’occlusion mesurée par cathétérisme droit ; Vp : vitesse de propagation du courant transmitral protodiastolique mesurée en mode temps-mouvement (TM) couleur
Méthode Valeur seuil Précision diagnostique Limites Références
Temps de décélération de l’onde E mitrale ≤ 120ms Sensibilité 100 % et spécificité 96 % pour prédire une PAPO ≥ 20mmHg FE VG < 45 % Temporelli et al. [32]
Temps de décélération de l’onde D pulmonaire > 220ms Sensibilité et spécificité de 100 % pour prédire une PAPO ≤ 12mmHg Difficultés d’acquisition du profil veineux pulmonaire en ETT Chirillo et al. [33]
Rapport E/Ea ≥ 11 Sensibilité de 75 % et spécificité de 93 % pour prédire une PAPO > 15mmHg Trouble de la cinétique segmentaire touchant l’anneau mitral Sohn et al. [34]
Rapport E/Vp ≥ 1,4 Sensibilité de 72 % et spécificité de 100 % pour prédire une PAPO > 15mmHg Difficultés d’acquisition de Vp Nagueh et al. [31]


Évaluation échocardiographique encadrant une cardioversion




Avant cardioversion



L’étude prospective multicentrique randomisée ACUTE (Assessment of Cardioversion Using Transesophageal Echocardiography) a comparé une stratégie conventionnelle et une stratégie guidée par ETO sous héparine, à la condition que l’ETO initiale ait éliminé une thrombose dans l’oreillette gauche [36]. Cette étude n’a pas montré de différence significative sur le critère composite (accident ischémique transitoire et embolie périphérique) entre les deux stratégies (0,81 % dans le bras guidé par ETO et 0,50 % dans le bras traitement conventionnel). La seule différence significative portait sur les saignements majeurs et mineurs, moins fréquents dans le groupe cardioversion guidée par ETO (2,9 % contre 5,5 % : p = 0,02). Il n’y avait pas non plus de différence sur le maintien du rythme sinusal à 8 semaines et sur la mortalité entre ces deux stratégies. L’approche guidée par ETO peut donc être considérée comme une alternative satisfaisante à la stratégie conventionnelle [36].

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May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on Évaluation hémodynamique et du risque thrombo-embolique des patients en fibrillation auriculaire

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