Endocardites infectieuses aiguës graves

16. Endocardites infectieuses aiguës graves

F. Thuny, B. Mourvillier, G. Habib and M. Wolff




L’échocardiographie est devenue un outil indispensable dans l’évaluation et la prise en charge des EI. Outre la mise en évidence des lésions évocatrices d’EI, l’échocardiographie par voie transthoracique (ETT) et transœsophagienne (ETO) permet d’évaluer l’étendue des lésions anatomiques, de quantifier les fuites valvulaires, d’apprécier leur retentissement hémodynamique, de suivre leur évolution sous traitement, de prédire et de détecter les complications, et d’aider ainsi la décision d’intervention chirurgicale.

Ce chapitre a pour but de préciser le rôle pivot de l’échocardiographie Doppler dans la prise en charge des patients atteints d’EI aiguë grave, après avoir défini la population cible et les situations cliniques où la correction chirurgicale urgente doit être discutée.


Épidémiologie des endocardites infectieuses



Les patients atteints d’EI sont désormais plus âgés (60 ans en moyenne) [2] et ont plus rarement une cardiopathie sous-jacente connue [1, 3]. Bien que les EI communautaires restent largement prédominantes, 20 à 25 % des endocardites observées récemment sont liés aux soins, qu’elles soient nosocomiales ou secondaires à l’augmentation du nombre de procédures diagnostiques et thérapeutiques invasives (hémodialyse, abords veineux de longue durée, stimulateurs et défibrillateurs implantables, prothèses valvulaires) [4, 5, 6, 7 and 8]. Ainsi, on assiste à un recul de l’incidence des endocardites à streptocoques oraux au profit de celles à streptocoques du groupe D et à staphylocoques [1]. Dans la dernière enquête épidémiologique française, les streptocoques oraux étaient responsables de 17 % des endocardites, alors que les taux d’endocardites à streptocoques du groupe D (avec surtout Streptococcus bovis, actuellement dénommé S. gallolyticus) et à staphylocoques étaient respectivement de 25 % et 29 % [1]. Du fait de sa haute virulence responsable de lésions destructrices et emboliques, Staphylococcus aureus est la bactérie le plus souvent identifiée au cours des EI requérant l’admission en réanimation [4].


Circonstances cliniques : quand rechercher l’endocardite ? Quand l’opérer ?



▪ Quand rechercher l’endocardite ?


La problématique n’est pas la même, selon que l’EI présumée est la cause de l’admission en réanimation ou qu’elle est acquise au cours du séjour. Dans le premier cas, l’admission est presque toujours motivée par des complications bruyantes (choc septique, insuffisance cardiaque aiguë, troubles neurologiques). Dans une étude récente portant sur 228 patients hospitalisés en réanimation pour EI, les événements neurologiques représentaient la complication la plus fréquente qui était présente chez 37 % des patients, suivie de l’insuffisance cardiaque congestive chez 28 % des patients et du choc septique chez 26 % des patients [4]. Lorsque l’EI complique l’évolution d’un patient déjà hospitalisé en réanimation, les manifestations peuvent être plus discrètes ou intriquées avec les différentes pathologies et défaillances viscérales dues à d’autres causes. À l’aide de données cliniques et microbiologiques (ces dernières n’étant souvent pas connues d’emblée), il est possible de distinguer des situations de forte ou au contraire de faible probabilité d’endocardite [9].

Le diagnostic peut être considéré comme certain avant le résultat des hémocultures lorsqu’il existe un souffle de régurgitation récent associé à une cardiopathie prédisposante, de la fièvre et des manifestations vasculaires emboliques (quel que soit le territoire). La probabilité est très forte devant un sepsis sévère ou un choc septique associé à un purpura nécrotique des extrémités, à des pétéchies conjonctivales et à des manifestations emboliques (notamment neurologiques), ou à des complications neurologiques à type d’hémorragie cérébrale ou méningée. Dans ce cas, la responsabilité d’un Staphylococcus aureus est vraisemblable. À cet égard, la présence de cocci à Gram positif dans le liquide céphalorachidien en dehors de tout contexte neurochirurgical doit faire évoquer la possibilité d’une endocardite. Enfin, chez un toxicomane intraveineux, un état septique associé à des opacités pulmonaires rend très probable le diagnostic d’endocardite droite, surtout si les hémocultures sont positives.


Les situations de très faible probabilité d’endocardite sont : les septicémies à bacilles à Gram négatif en l’absence de prothèse valvulaire, quel qu’en soit le foyer d’origine (EI sur valves natives liées à ces micro-organismes exceptionnelles, même en présence d’une cardiopathie prédisposante) ; une fièvre d’origine indéterminée chez un malade de réanimation.

Dans une étude portant sur 500 demandes d’ETT pour présomption d’EI (hors réanimation), les auteurs ont évalué cinq critères cliniques simples : présence d’une prothèse valvulaire, accès veineux central, toxicomanie intraveineuse, complication embolique et hémocultures positives. L’absence de tous ces critères indiquait une probabilité nulle de trouver un aspect d’EI à l’ETT. La proportion d’examens échocardiographiques positifs était de 14, 40 et 46 % selon qu’il existait un, deux ou au moins trois critères [13].


▪ Indications « cliniques » de la chirurgie cardiaque en phase active d’infection


Les indications chirurgicales en phase active d’infection, c’est-à-dire celle pendant laquelle l’antibiothérapie est administrée, sont devenues plus fréquentes depuis quelques années. En effet, près d’un patient sur deux est maintenant opéré avant la fin de son traitement antimicrobien [1, 14, 15 and 16]. Cet essor de la chirurgie cardiaque précoce peut être expliqué par les progrès des techniques chirurgicales, les résultats des nombreux travaux en faveur d’un traitement plus agressif, mais aussi peut-être par un taux plus important de formes cliniques compliquées liées à des germes plus virulents. Les changements épidémiologiques et du traitement de l’EI ne s’accompagnent pas d’une modification importante de la mortalité qui reste élevée, avec un taux d’événements à 6 mois d’environ 25 % [17]. Les deux causes principales de décès restent l’insuffisance cardiaque sévère secondaire aux dégâts valvulaires et périvalvulaires, et les complications neurologiques liées surtout aux embolies cérébrales septiques. L’analyse des résultats de la chirurgie comparés à ceux du traitement médical seul fait apparaître une supériorité de la chirurgie dans la plupart des études [4, 18]. Pour autant, tous les malades atteints d’EI ne doivent évidemment pas être opérés.


Indications cliniques admises


Les indications cliniques admises sont en fait souvent intriquées avec les indications tirées des données échocardiographiques (voir infra). La première indication est l’insuffisance cardiaque congestive liée aux dégâts provoqués par l’endocardite qui entraînent une insuffisance valvulaire massive (voir chapitre 10). C’est essentiellement dans ce groupe de patients, avec insuffisance cardiaque aiguë, que le bénéfice de la chirurgie connu de longue date a été confirmé par des études ayant utilisé des méthodes statistiques sophistiquées telles que le score de propension [18]. Dans cette situation clinique, toutes les études concordent pour souligner l’importance de ne pas retarder cette chirurgie en attendant un hypothétique bénéfice de l’antibiothérapie [17, 19]. Tout retard expose au contraire à laisser les lésions s’étendre, avec pour conséquence une augmentation de la mortalité et de la morbidité [20]. De plus, le risque de dysfonction prothétique apparaît très limité lorsque la chirurgie a été pratiquée même si les cultures (hémocultures, valves) sont positives.

La deuxième indication est l’extension périvalvulaire des lésions d’EI, constatation purement échocardiographique en dehors des formes très avancées qui se traduisent par des anomalies de conduction auriculoventriculaires.

La troisième indication est la bactériémie persistante qui traduit l’échec de l’antibiothérapie. Le délai retenu pour affirmer cet échec est de 7 à 8 jours. Cette situation est assez rare, puisqu’elle représente moins de 5 % des indications de chirurgie cardiaque. Encore faut-il s’assurer qu’il n’existe pas de foyer extracardiaque responsable de l’échec de l’antibiothérapie (ce qui n’est pas fréquent, sauf s’il existe un autre foyer endovasculaire tel qu’une thrombophlébite sur cathéter, une fistule artérioveineuse pour dialyse infectée) et que l’antibiothérapie est adéquate. La persistance de la fièvre sans nouvelle hémoculture positive est due à une complication cardiaque dans 50 % de cas. Il peut s’agir aussi d’une infection intercurrente ou d’une manifestation d’hypersensibilité aux antibiotiques.

La quatrième indication est l’EI due à des micro-organismes difficiles à éradiquer. Ces difficultés d’éradication sont liées au caractère intracellulaire des micro-organismes (Coxiella burnetii responsable de la fièvre Q, brucelles), à la diffusion non optimale dans les végétations des agents anti-infectieux (champignons), à l’effet bactéricide insuffisant des antibiotiques sur des bactéries peu sensibles (S. aureus résistant à la méticilline, entérocoques résistants à la vancomycine, Pseudomonas aeruginosa). L’indication opératoire n’est cependant pas systématique sur le seul argument microbiologique, car le traitement anti-infectieux, mené en collaboration avec les microbiologistes, peut permettre la guérison dans certains cas.


Indications cliniques relatives


La première de ces indications est l’EI sur prothèse valvulaire. Ces EI sont en effet difficiles à éradiquer sans le changement de la prothèse valvulaire. Cependant, un traitement médical suffit parfois à guérir l’EI, notamment quand les germes en cause sont des streptocoques ou des bacilles à Gram négatif du groupe HACEK. En revanche, le traitement chirurgical reste indispensable dans les EI sur prothèses compliquées [21], notamment à S. aureus.

La seconde indication relative est la survenue de complications emboliques. La survenue d’au moins deux embolies majeures sous traitement antibiotique est une indication classique de la chirurgie, en sachant qu’une grande proportion des accidents emboliques survient très précocement, avant ou au tout début de l’antibiothérapie. Le risque diminue ensuite fortement à partir de la deuxième semaine d’antibiotiques. Quoi qu’il en soit, la chirurgie ne sera discutée dans ce contexte que s’il existe une végétation volumineuse ou mobile en échocardiographie (voir infra).


Problème des complications neurologiques


L’incidence des complications neurologiques des EI, variable selon les séries, est en moyenne de 25 %. Dans une série rétrospective de patients nécessitant la réanimation, l’incidence était de 37 % [4]. L’incidence des complications neurologiques dépend aussi des moyens mis en œuvre pour les rechercher : imagerie demandée seulement en cas de signes d’appel neurologique ou réalisée de manière systématique, recours ou non à la résonance magnétique nucléaire. Leur survenue augmente le risque de décès et est source de séquelles. Les questions les plus difficiles et encore mal résolues ont trait aux modalités et au délai de la chirurgie cardiaque quand il existe une indication opératoire. Les études les plus récentes suggèrent que le risque d’aggravation d’une ischémie cérébrale après circulation extracorporelle est faible, surtout si l’ischémie est asymptomatique ou limitée [15], ce qui autorise dans ces cas la chirurgie cardiaque précoce. Au contraire, la temporisation est indispensable en cas de troubles importants de la conscience ou de lésions hémorragiques. L’échocardiographie joue un rôle très important dans la décision opératoire (voir infra).


Rôles de l’échocardiographie Doppler


L’échocardiographie Doppler joue un rôle majeur dans la prise en charge des patients ayant une EI, notamment dans sa forme aiguë grave. En effet, cet examen a un rôle diagnostique [22], mais aussi d’évaluation pronostique [14, 23, 24, 25, 26 and 27], de guide au traitement (chirurgical), et de suivi des patients traités.


▪ Rôle diagnostique



Critères diagnostiques d’endocardite infectieuse


Le diagnostic d’EI étant parfois rendu difficile par la grande variété des signes cliniques, différents critères diagnostiques ont été proposés ces dernières années. Les premiers critères de Von Reyn publiés en 1981 ne prenaient pas en compte les informations fournies par l’échocardiographie [28]. Ils avaient donc une sensibilité médiocre, de l’ordre de 56 % [29]. En 1994, de nouveaux critères émanant de l’Université de Duke ont inclus les données échocardiographiques pour le diagnostic d’EI, en leur assignant une valeur identique à celle des hémocultures [30]. Ces critères, ensuite modifiés par Li et al. [22], ont désormais une haute sensibilité et une bonne spécificité (tableaux 16-1 et 16-2). C’est pourquoi les différentes sociétés savantes recommandent leur utilisation chez tout patient présentant une suspicion d’EI [19, 31]. Ces critères diagnostiques permettent de classer le patient dans une des catégories suivantes : « endocardite certaine », « endocardite possible » ou « endocardite exclue ». Néanmoins, la sensibilité et la spécificité de ces critères sont moins bonnes en cas d’endocardite sur prothèse valvulaire et sur sondes de stimulateur ou de défibrillateur.










Tableau 16-1 Définition de l’endocardite infectieuse en fonction des critères de Duke modifiés
(d’après [22])
Endocardite certaine



– Critères anatomopathologiques et microbiologiques :




1. micro-organisme mis en évidence sur une culture ou histologiquement sur une végétation intracardiaque ou ayant embolisé, ou dans un abcès intracardiaque, ou


2. lésions anatomopathologiques d’endocardite active ; végétations ou abcès intracardiaque


– Critères cliniques (voir Tableau 16-2) :




1. 2 critères majeurs, ou


2. 1 critère majeur et 3 critères mineurs, ou


3. 5 critères mineurs
Endocardite possible



1. 1 critère majeur et 1 critère mineur, ou


2. 2.3 critères mineurs
Endocardite exclue



1. diagnostic alternatif expliquant l’aspect clinique, ou


2. résolution des signes cliniques avec une antibiothérapie ≤ 4 jours, ou


3. pas de lésion retrouvée lors d’une autopsie ou d’une chirurgie après une antibiothérapie ≤ 4 jours, ou


4. aucun critère d’endocardite possible








Tableau 16-2 Définitions des critères diagnostiques de Duke modifiés
(d’après [22])
Critères majeurs



– Hémocultures positives :




1. présence dans 2 hémocultures différentes de micro-organismes communément rencontrés dans l’endocardite : streptocoques viridans, Streptococcus bovis, groupe HACEK, Staphylococcus aureus, ou entérocoques (en l’absence de foyer primaire), ou


2. hémocultures positives de façon persistante pour des micro-organismes susceptibles d’engendrer une endocardite (soit sur deux échantillons sanguins prélevés à plus de 12h d’intervalle, soit sur 3 ou la majorité des 4 [ou plus] échantillons sanguins prélevés à plus d’une heure d’intervalle entre le premier et le dernier), ou


3. une seule hémoculture positive à Coxiella burnetii ou titre d’anticorps antiphase I IgG > 1/800


– Preuve d’une atteinte de l’endocarde :




1. échocardiographie montrant des signes d’endocardite infectieuse : végétation, abcès, nouvelle déhiscence d’une prothèse valvulaire


2. régurgitation valvulaire nouvellement apparue (l’augmentation ou la modification d’un souffle préexistant ne suffisant pas)
Critères mineurs



– Prédisposition : atteinte cardiaque prédisposante ou toxicomanie intraveineuse


– Fièvre > 38°C


– Phénomènes vasculaires : embolies artérielles majeures, infarctus pulmonaires septiques, anévrisme mycotique, hémorragie intracrânienne, hémorragies conjonctivales, lésions de Janeway


– Phénomènes immunologiques : glomérulonéphrite, faux panaris d’Osler, tache de Roth, facteur rhumatoïde


– Preuve microbiologique :




1. hémoculture(s) positive(s) ne réunissant pas les critères majeurs ci-dessus (et à l’exclusion des cas où une seule culture est positive pour des staphylocoques coagulase négative ou pour des microorganismes qui ne causent pas d’endocardite)


2. preuve sérologique d’une infection évolutive due à un micro-organisme pouvant causer une endocardite


Quand pratiquer une échocardiographie ?


L’échocardiographie fournit un critère diagnostique majeur d’EI lorsqu’elle met en évidence une végétation, un abcès ou une nouvelle régurgitation valvulaire [22]. Une ETT doit être pratiquée chez tout patient suspect d’EI. En cas de faible suspicion clinique, une ETT normale avec une imagerie de bonne qualité, sans matériel intracardiaque visible, rend le diagnostic d’EI peu probable [13]. En cas de forte suspicion clinique ou de mauvaise échogénicité, la technique de choix est alors l’ETO multiplan. Celle-ci devra de toute façon être réalisée systématiquement après l’ETT en cas de suspicion d’endocardite sur prothèse valvulaire, sur sondes de pacemaker ou de défibrillateur, ou dans le cadre du bilan des lésions lorsque le diagnostic a été posé par l’ETT [19] (Figure 16-1).








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Figure 16-1
Algorithme pour l’utilisation de l’échocardiographie transthoracique et transœsophagienne en cas de suspicion d’endocardite infectieuse. ETO : échocardiographie transœsophagienne ; ETT : échocardiographie transthoracique.

Adapté d’après les recommandations européennes [19].

Dans certains cas d’EI graves, seule l’ETT est possible chez les patients en ventilation spontanée. Le cas caricatural est celui du patient en œdème pulmonaire qui ne tolère pas le décubitus et chez qui une fuite valvulaire sévère ou une fistule intracardiaque est détectée par l’ETT. L’indication opératoire urgente est alors posée et l’ETO peut être pratiquée en toute sécurité au bloc opératoire, après l’induction anesthésique.

Une ETO négative a un impact diagnostique important puisque sa valeur prédictive négative est de 68 à 97 %. Néanmoins, si la suspicion d’EI persiste, l’ETO doit être renouvelée 7 à 10 jours plus tard, et ce une ou deux fois. Dans ces cas douteux, il ne semble pas nécessaire de renouveler l’examen une quatrième fois [32].


Les végétations











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Figure 16-2
Endocardite infectieuse aiguë sur valves natives. L’échocardiographie transœsophagienne montre de volumineuses végétations sur le versant ventriculaire de la valve aortique (A, flèches) et sur le versant auriculaire de la valve mitrale (B, flèches). Les pièces opératoires confirment la taille importante des végétations, sur la valve aussi bien aortique (C) que mitrale sur laquelle une végétectomie avec plastie valvulaire a pu être réalisée chez ce patient dont le risque embolique était majeur (D). OG : oreillette gauche ; VG : ventricule gauche ; Ao : valve aortique.










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Figure 16-3
Échocardiographie transœsophagienne mettant en évidence une longue végétation mitrale hyperéchogène de 17mm (flèche). OG : oreillette gauche ; VG : ventricule gauche.









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Figure 16-4
Volumineuses végétations localisées au niveau de l’anastomose distale d’un tube aortique prothétique après une intervention de Bentall. L’échocardiographie transœsophagienne montre des végétations sur une coupe transversale de la crosse de l’aorte (A, flèche). Ces végétations sont visibles également sur la tomodensitométrie thoracique avec injection de produit de contraste (B, flèche). Il s’agit d’un cas d’endocardite postopératoire précoce à Aspergillus spp. compliquée d’embolies systémiques multiples, y compris cérébrales. Ao : crosse de l’aorte.


Lorsqu’une végétation est détectée, plusieurs étapes sont alors indispensables (Tableau 16-3). Elle doit être localisée précisément en s’aidant des corrélations anatomoéchographiques. Sa forme et surtout sa base d’implantation (pédiculée ou sessile) doivent être précisées, de même que son échogénicité. Elle doit être mesurée en ETO multiplan. Cette mesure prend en compte en principe la longueur maximale de la végétation obtenue en multipliant les différents plans de coupes [14]. Le degré de mobilité est également un paramètre à prendre en compte, bien qu’il soit relativement subjectif. La classification habituellement utilisée pour apprécier la mobilité de la végétation est la suivante [24] : mobilité absente en cas de végétation fixée, sans mouvement indépendant détectable ; mobilité faible en cas de végétation présentant une base fixe mais un mouvement de son extrémité libre ; mobilité modérée en cas de végétation pédiculée mais restant dans la même cavité au cours du cycle cardiaque ; mobilité importante en cas de végétation prolabante, c’est-à-dire traversant le plan de coaptation des feuillets valvulaires au cours du cycle cardiaque.
















Tableau 16-3 Caractéristiques à préciser en échocardiographie bidimensionnelle devant la découverte de végétations infectieuses
Nombre
Localisation précise (corrélation anatomo-échographiques)
Forme, base d’implantation (pédiculée, sessile)
Échogénicité
Longueur maximale
Mobilité

Parmi les patients examinés pour une suspicion clinique d’EI, une végétation est identifiée par ETT en moyenne dans 50 % des cas [25, 33]. Cette proportion varie selon la qualité des images obtenues, l’échogénicité et la taille des végétations, leur localisation, la présence d’une valvulopathie rhumatismale ou dégénérative préexistante, la présence d’un matériel prothétique implanté, et surtout selon l’expérience de l’examinateur. Plusieurs travaux ont montré qu’en ETT seulement 25 % des végétations de moins de 5mm sont identifiées, et que ce pourcentage atteint 70 % dès lors que les végétations mesurent plus de 6mm [33]. En cas d’EI sur prothèse valvulaire, l’ETT a une sensibilité encore moins importante. Grâce à sa meilleure résolution, l’ETO multiplan a une meilleure sensibilité de l’ordre de 88 à 100 % et une meilleure spécificité de 91 à 100 % [33, 34].

Dans le cas particulier des endocardites tricuspides, l’ETT a une précision identique à celle de l’ETO, car les structures valvulaires droites sont antérieures, donc plus accessibles (Figure 16-5). L’ETO doit tout de même être réalisée [35], afin de détecter un abcès débutant du trigone interne près du septum membraneux (Figure 16-6).








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Figure 16-5
Volumineuse végétation tricuspide, très mobile, hyperéchogène et visible en échocardiographie transthoracique chez un jeune patient toxicomane présentant une endocardite à Staphylococcus aureus (flèches). OD : oreillette droite ; VD : ventricule droit.









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Figure 16-6
Endocardite tricuspide à Staphylococcus aureus compliquée d’un abcès du trigone interne et du septum membraneux responsable d’une fistule intracardiaque. On note en vue transœsophagienne 4 cavités un jet Doppler couleur continu entre le ventricule gauche et l’oreillette droite à travers le septum membraneux (flèche). OD : oreillette droite ; OG : oreillette gauche ; VD : ventricule droit ; VG : ventricule gauche.


En cas de suspicion d’EI sur sondes de stimulateur ou de défibrillateur, il est capital d’analyser en ETO toutes les sondes sur l’ensemble de leur trajet [36]. Les végétations siègent le plus souvent sur la portion auriculaire des sondes, mais il n’est pas rare de les mettre en évidence également dans leur portion ventriculaire droite et même cave supérieure (Figure 16-7), voire dans le sinus coronaire en cas de stimulation triple-chambre. L’aspect est parfois celui d’un engainement des sondes plutôt que de végétations mobiles.








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Figure 16-7
Aspects en échocardiographie transœsophagienne d’endocardite infectieuse sur sonde de stimulateur cardiaque. Chez un premier patient, on visualise une végétation sur le trajet auriculaire droit de la sonde du stimulateur cardiaque (A, flèche). Chez un second patient, la végétation est visualisée sur le trajet d’une sonde de stimulateur cardiaque dans la veine cave supérieure (B, flèche). OD : oreillette droite ; OG : oreillette gauche ; VCS : veine cave supérieure.

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May 6, 2017 | Posted by in IMAGERIE MÉDICALE | Comments Off on Endocardites infectieuses aiguës graves

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