du pied dans les myopathies

Déformations du pied dans les myopathies



Les myopathies, par les déficits moteurs qu’elles provoquent, ont un retentissement fonctionnel important avec une déformation possible des pieds. Chez l’enfant comme chez l’adulte, la rééducation, les orthèses nocturnes et/ou de marche et parfois le recours à la chirurgie sont nécessaires. Le traitement doit prendre en compte le caractère évolutif de la pathologie tant pour corriger la ou les déformations que pour suppléer des muscles éventuellement déficitaires, mais aussi évaluer le déficit proximal des membres inférieurs, le déficit des membres supérieurs et les atteintes associées cardiaques et pulmonaires, dans le cadre d’une prise en charge globale du patient.



Classification simplifiée des myopathies


Actuellement, plus d’une centaine de maladies du muscle d’origine génétique ont été identifiées par la biologie moléculaire, et de nouvelles entités sont décrites régulièrement. Il n’est pas question de les envisager toutes, mais nous décrirons une classification à but pratique et simplifiée [1]. Cinq groupes peuvent être analysés.



Dystrophies musculaires progressives


La plus fréquente et la plus connue est la dystrophie musculaire de Duchenne, de transmission récessive liée à l’X [2]. Elle débute dans la petite enfance, dès l’âge de 3 ans, comporte un affaiblissement des muscles de la ceinture pelvienne, une démarche dandinante avec le torse rejeté en arrière (figure 1). Elle est suivie d’une difficulté à monter les escaliers, on observe une augmentation du volume des mollets. L’aggravation est inéluctable avec, progressivement, une perte de la marche vers l’âge de 10 à 12 ans. Les pieds se déforment habituellement en équin, souvent avec une composante de varus. L’atteinte cardiaque conditionne la gravité de la maladie, de même que les difficultés respiratoires.



Les autres dystrophinopathies sont plus rares (dystrophie de Becker, dont l’espérance de vie est normale ou semi-normale malgré des symptômes similaires à ceux de la dystrophie de Duchenne).


Le deuxième sous-groupe de ces dystrophies musculaires progressives est représenté par les dystrophies musculaires des ceintures (groupe hétérogène d’au moins 12 maladies génétiques bien identifiées), souvent appelées LGMD (limb girdle muscular dystrophy). On y trouve des formes sévères évoluant vers la perte de la marche, mais aussi beaucoup de formes modérées caractérisées par la persistance d’une fatigabilité importante. Dans ce groupe, on peut mettre à part la dystrophie musculaire d’Emery-Dreyfus, récessive liée à l’X, avec des rétractions musculotendineuses précoces mais une marche habituellement conservée jusque vers la quatrième ou cinquième décennie [1].


Le dernier sous-groupe de ces dystrophies est représenté par la myopathie facio-scapulo-humérale (FSH), de transmission dominante autosomique, avec un déficit volontiers asymétrique des muscles glutei et des muscles releveurs des pieds entraînant des difficultés à se redresser de la position assise et une démarche instable avec steppage [3]. L’évolution est très lente, avec une espérance de vie non modifiée malgré une incapacité fonctionnelle qui peut parfois devenir sévère. Cette myopathie peut s’accompagner de troubles de l’audition et de la vision.




Groupe des dystrophies myotoniques de Steinert et autres myotonies [4,5]


La myotonie se définit comme une lenteur à la décontraction musculaire lorsqu’on demande de serrer la main et de la relâcher brusquement. La percussion des muscles, en particulier de l’éminence thénar, entraîne une contraction lente et progressive du muscle. Enfin, l’électromyogramme permet un diagnostic de certitude par les décharges myocloniques évidentes.


La dystrophie de Steinert, transmise par la mère, peut se révéler en période néo-natale avec des pieds bots particuliers car à tendance très nette en équin associé à un creux de l’avant-pied (figure 3). L’atteinte des muscles de la face est assez caractéristique dans l’enfance ou à l’âge adulte avec une bouche entrouverte, un ptôsis, une voie monocorde parfois nasonnée. L’atteinte cardiaque fait toute la gravité de la maladie (troubles de conduction, troubles du rythme et risque de mort subite). Dans les formes qui débutent à l’adolescence ou même chez l’adulte jeune, les releveurs des pieds sont souvent faibles, expliquant le steppage. L’atteinte peut être très faible chez l’adulte, puisque le diagnostic n’est parfois fait qu’au moment de la naissance d’un enfant porteur d’une forme congénitale.






Évaluation clinique




Chez l’adolescent et l’adulte


Comme dans toute pathologie, il est essentiel de définir de façon précise quel contrat pourra être proposé au patient. Ce contrat répondra à la prise en charge d’une gêne immédiate tout en intégrant l’avenir chez ces patients.


Les plaintes du patient sont souvent multiples. Elles peuvent être cumulatives, en raison du déficit proximal souvent associé, mais en général, une plainte est au-devant de la scène. La composante psychologique est à considérer, du déni de la myopathie et d’une attente excessive d’une éventuelle chirurgie à la crainte que tout geste pourrait aggraver la situation…


Il peut s’agir de la sensation d’instabilité du pied, soit en position statique verticale, qui orientera sur une composante déficitaire tricipitale, soit lors de l’attaque du pas avec le pied en varus, plus rarement en valgus, soit encore lors du passage du pas par accrochage du pied, ou uniquement du gros orteil, qui peut favoriser le capotage du pied.


Ailleurs, il s’agit de chutes dont les circonstances peuvent orienter vers la responsabilité isolée du pied ou associée à un déficit proximal (par exemple, chute en terrain descendant par la difficulté de verrouillage du genou). Parfois, il s’agit de douleurs aux points d’appui ou par souffrance articulaire (peu présentes en raison du périmètre de marche souvent limité). Enfin, souvent, il s’agit de difficultés de chaussage et/ou d’intolérance de l’aide technique en raison du poids des chaussures orthopédiques qui, chez certain patients, aggravent la fatigabilité à la marche lors de déficits globaux importants, ou encore de leur laideur (souhait du patient de porter des chaussures du commerce et des habits permettant d’exposer ses jambes).


L’examen clinique s’attache particulièrement au testing de tous les muscles du pied mais aussi aux muscles proximaux, en particulier à l’évaluation du quadriceps et des fléchisseurs et extenseurs de hanche. L’étude des mobilités articulaires du pied recherche une raideur proximale, surtout un flessum de genou ou de hanche qui limite le verrouillage mécanique de ces articulations.

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Aug 10, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on du pied dans les myopathies

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