Déformations du pied dans les myopathies
Classification simplifiée des myopathies
Actuellement, plus d’une centaine de maladies du muscle d’origine génétique ont été identifiées par la biologie moléculaire, et de nouvelles entités sont décrites régulièrement. Il n’est pas question de les envisager toutes, mais nous décrirons une classification à but pratique et simplifiée [1]. Cinq groupes peuvent être analysés.
Dystrophies musculaires progressives
La plus fréquente et la plus connue est la dystrophie musculaire de Duchenne, de transmission récessive liée à l’X [2]. Elle débute dans la petite enfance, dès l’âge de 3 ans, comporte un affaiblissement des muscles de la ceinture pelvienne, une démarche dandinante avec le torse rejeté en arrière (figure 1). Elle est suivie d’une difficulté à monter les escaliers, on observe une augmentation du volume des mollets. L’aggravation est inéluctable avec, progressivement, une perte de la marche vers l’âge de 10 à 12 ans. Les pieds se déforment habituellement en équin, souvent avec une composante de varus. L’atteinte cardiaque conditionne la gravité de la maladie, de même que les difficultés respiratoires.
Le deuxième sous-groupe de ces dystrophies musculaires progressives est représenté par les dystrophies musculaires des ceintures (groupe hétérogène d’au moins 12 maladies génétiques bien identifiées), souvent appelées LGMD (limb girdle muscular dystrophy). On y trouve des formes sévères évoluant vers la perte de la marche, mais aussi beaucoup de formes modérées caractérisées par la persistance d’une fatigabilité importante. Dans ce groupe, on peut mettre à part la dystrophie musculaire d’Emery-Dreyfus, récessive liée à l’X, avec des rétractions musculotendineuses précoces mais une marche habituellement conservée jusque vers la quatrième ou cinquième décennie [1].
Le dernier sous-groupe de ces dystrophies est représenté par la myopathie facio-scapulo-humérale (FSH), de transmission dominante autosomique, avec un déficit volontiers asymétrique des muscles glutei et des muscles releveurs des pieds entraînant des difficultés à se redresser de la position assise et une démarche instable avec steppage [3]. L’évolution est très lente, avec une espérance de vie non modifiée malgré une incapacité fonctionnelle qui peut parfois devenir sévère. Cette myopathie peut s’accompagner de troubles de l’audition et de la vision.
Dystrophies musculaires congénitales (figure 2)
Groupe des dystrophies myotoniques de Steinert et autres myotonies [4,5]
La dystrophie de Steinert, transmise par la mère, peut se révéler en période néo-natale avec des pieds bots particuliers car à tendance très nette en équin associé à un creux de l’avant-pied (figure 3). L’atteinte des muscles de la face est assez caractéristique dans l’enfance ou à l’âge adulte avec une bouche entrouverte, un ptôsis, une voie monocorde parfois nasonnée. L’atteinte cardiaque fait toute la gravité de la maladie (troubles de conduction, troubles du rythme et risque de mort subite). Dans les formes qui débutent à l’adolescence ou même chez l’adulte jeune, les releveurs des pieds sont souvent faibles, expliquant le steppage. L’atteinte peut être très faible chez l’adulte, puisque le diagnostic n’est parfois fait qu’au moment de la naissance d’un enfant porteur d’une forme congénitale.