Chapitre 11 Vaccination de L’adulte
L’objectif de ce chapitre est d’apporter au clinicien des informations permettant de mieux comprendre les principes de la vaccination et de savoir résoudre différents problèmes pratiques qui peuvent être rencontrés chez une personne venant se faire vacciner. Le calendrier vaccinal, régulièrement mis à jour par les autorités de santé, est aisément accessible à tous et ne sera donc pas détaillé ici. Chaque médecin prendra connaissance de la version actualisée publiée chaque année dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire disponible sur Internet1.
MODE D’ACTION
Il existe différents types de vaccins, que l’on peut classer en fonction de leur nature bactérienne ou virale, et vivante ou inactivée (Tableau I). Les vaccins vivants essaiment à partir du site d’inoculation et se multiplient dans l’organisme, la réponse immune se faisant en de multiples endroits. Ils induisent habituellement une immunité cellulaire et humorale de bonne qualité, durable, proche de celle naturellement acquise. Les vaccins inactivés, agents microbiens complets ou sous-unités provoquent une réponse immunitaire qui se fait soit à distance du site d’injection, au niveau de la rate en particulier s’il s’agit d’antigènes solubles, soit au site même de l’injection s’il s’agit d’antigènes particulaires, dans les ganglions qui drainent la région où a été injecté le vaccin. L’immunogénicité des vaccins inactivés est plus faible que celle des vaccins vivants, imposant la répétition des injections (Encadré 1). Une primovaccination faite de 2 à 3 injections à un mois d’intervalle est nécessaire afin d’induire la réponse primaire. Des rappels permettent d’obtenir une réponse de type secondaire assurant une bonne protection vaccinale et une mémoire prolongée. L’adjonction d’un adjuvant, l’hydroxyde d’aluminium le plus souvent, renforce le pouvoir immunogène en majorant l’afflux de cellules inflammatoires et la sécrétion de cytokines sur le site d’injection. De plus, l’adjuvant retarde l’élimination de l’antigène qui reste ainsi plus longtemps au contact des cellules présentatrices de l’antigène et des lymphocytes responsables de la réponse immune spécifique.
Encadré 1 Espacement des doses
À l’inverse, on considère comme non valide une injection faite 5 jours ou plus avant la date prévue.
La réponse au vaccin est variable d’un individu à l’autre et même les vaccins les plus efficaces ne seront pas immunogènes chez tous. Le terrain génétique peut faire que certains individus reconnaîtront mal un antigène vaccinal, et seront donc de mauvais répondeurs à ce vaccin. L’âge est également à prendre en compte. Par exemple, l’enfant de moins de 2 ans répondra mal à un vaccin sous-unité polysaccharidique et les adultes voient la vigueur de leur réponse immune fléchir à partir de 40 ans. Les femmes en période d’activité génitale, à âge égal, auraient une réponse immune plus forte que celle des hommes. Enfin, une immunosuppression diminuera l’aptitude à répondre correctement à la vaccination (cancer, insuffisance rénale chronique, sida, alcoolisme, et de nombreux autres états pathologiques).