Pied convexe congénital
Le pied convexe congénital (PCC) est une déformation congénitale rare, de cause obscure, caractérisée par une luxation ou une subluxation irréductible de l’articulation médiotarsienne touchant principalement l’articulation talonaviculaire [1–6].
La verticalité fréquente mais inconstante du talus explique la dénomination anglo-saxonne usuelle : « congenital vertical talus » [7–13].
Étiologie
Le PCC est idiopathique et isolé dans environ la moitié des cas. Dans les autres cas, il est associé à des affections neurologiques ou des syndromes comme l’arthrogrypose, la myélodysplasie, la luxation congénitale de hanche ou encore la luxation congénitale du genou (genu recurvatum congénital) [1,4,6,10,14].
Anatomie pathologique
La luxation médiotarsienne est l’élément majeur du PCC : la luxation dorsale de l’os naviculaire sur le talus est constante, irréductible et fixée par les rétractions des parties molles (ligaments dorsaux et tendons extenseurs) [figure 1]. La tête du talus est souvent un peu déformée, aplatie de haut en bas du fait de la situation de l’os naviculaire à sa face dorsale. La subluxation calcanéocuboïdienne est restée longtemps méconnue à cause de l’orientation dorsale anormale de la grande apophyse du calcaneus [3].
L’équinisme tibiotalien varie d’un enfant à l’autre à la naissance et est à la base de la classification pronostique de Wattincourt et Seringe [4]. C’est dans les cas très sévères ou dans les cas négligés pendant plusieurs années que le talus est vertical, expliquant la terminologie anglo-saxonne, mais dans nombre de cas, le talus est seulement oblique. Les rétractions postérieures de l’articulation tibiotalienne ou de l’articulation sous-talienne ont été surestimées, car les tissus capsulaires et ligamentaires sont minces et très peu rétractés à la naissance (ceci est donc très différent de l’anatomie pathologique du pied bot varus équin congénital).
Il y a très peu d’anomalies de l’articulation sous-talienne.
Caractéristiques cliniques
À l’exception des formes graves, il est reconnu que le diagnostic à la naissance est souvent difficile, et cela est dû au fait que les critères usuels du diagnostic sont inadéquats. Traditionnellement, on oppose la déformation irréductible et rigide du PCC et la déformation souple et réductible du pied calcanéovalgus (anciennement pied talus), et une forme intermédiaire dont l’existence est d’ailleurs discutable, le pied plat congénital. En réalité, il existe des différences nettes entre un pied calcaneus et un PCC (voir le chapitre « Pied calcaneus congénital », figure 1, page 136). Dans le pied calcaneus ou calcanéovalgus, le pied lui-même est normal et il n’y a pas de subluxation ni de luxation médiotarsienne, car la dorsiflexion importante est située dans l’articulation talocrurale, comme le confirment les radiographies en dorsiflexion et en flexion plantaire de la cheville [4].
Signes radiologiques
Radiographies de profil pour affirmer la luxation médiotarsienne (figure 2)
- • Dans la position en dorsiflexion, la luxation médiotarsienne est exagérée et la rupture entre l’avant-pied et l’arrière-pied est manifeste, avec un angle très augmenté entre l’axe longitudinal du talus et celui du 1er métatarsien (cet angle peut dépasser 90°).
- • C’est l’incidence de profil en flexion plantaire qui est essentielle pour confirmer l’irréductibilité de la luxation médiotarsienne : l’axe de M1 reste au-dessus de l’axe longitudinal du talus ; parfois, il est parallèle, parfois il est oblique et dirigé vers le col ou la partie supérieure de la tête du talus. En cas de luxation ou subluxation calcanéocuboïdienne, le noyau du cuboïde reste au-dessus de la ligne marquant le bord inférieur du calcaneus.