17 Chirurgie des paupières
Lecture anatomique
Les paupières [1–3]
Limites (Figure 17.1)
en haut, le bord inférieur du sourcil, en bas, le sillon infraorbitaire ou palpébrogénien de Charpy, puis la joue;Structure des paupières (Figure 17.2)
le muscle orbiculaire, véritable sphincter de la fente palpébrale. Il est composé de deux parties : la partie orbitaire, périphérique, et la partie palpébrale, centrale. La partie palpébrale comprend la portion prétarsienne située en avant du tarse, la portion préseptale recouvrant le septum orbitaire. Le muscle orbiculaire s’insère sur le rebord orbitaire. Les ligaments palpébraux fixent les tarses aux parois orbitaires. Le ligament palpébral latéral s’insère sur le tubercule orbitaire de l’os zygomatique. Le ligament médial est divisé en deux parties : l’une antérieure ou tendon direct, l’autre postérieure ou tendon réfléchi qui cravatent le sac lacrymal;
un plan septotarsal composé au centre du tarse et en périphérie du septum, qui prolonge le tarse et s’insère au rebord orbitaire. Le septum, véritable aponévrose orbitaire, forme une membrane continue circulaire autour de l’orbite, retient la graisse orbitaire en arrière. Sur le plan chirurgical, on individualise la paupière prétarsale de la paupière préseptale, fonctionnellement différentes;
la conjonctive qui représente la partie muqueuse de la paupière. Elle adhère intimement au tarse. Elle est en continuité avec la conjonctive oculaire. Les fornix supérieur et inférieur sont le point de réflexion de la conjonctive. Le fornix supérieur est situé à 13 mm du bord libre supérieur œil ouvert, et entre 20 et 25 mm œil fermé. La conjonctive est séparée du septum par du tissu cellulaire dans lequel on retrouve un plan musculaire lisse : le muscle palpébral. À la paupière supérieure s’ajoute le muscle releveur de la paupière dont le tendon est rétroseptal (Figure 17.2). Sa kératinisation ou la perte de son intégrité peut entraîner une inflammation et une cicatrice conjonctivale secondaire. La paupière inférieure reste au contact de la conjonctive, au repos, grâce à la charpente fibroélastique que constituent tarse et ligaments palpébraux, et la tonicité du muscle orbiculaire. Avec l’âge, cette tonicité est souvent altérée. Un tarse hyperlaxe doit être dépisté lors de la consultation préopératoire. La traction vers le bas de la paupière inférieure décolle le bord libre du globe oculaire. La paupière normale revient à sa position initiale spontanément, alors qu’en cas d’hypotonie, le patient doit cligner de l’œil pour la repositionner contre le globe.Le système lacrymal (Figure 17.3)
Les glandes lacrymales sont situées sous le toit de l’orbite dans sa partie antérolatérale; elles sécrètent les larmes qui sont étalées à la surface du globe par un clignement spontané des paupières.
Les voies lacrymales débutent au point lacrymal au niveau du bord libre palpébral à sa partie médiale. La portion lacrymale qui représente 1/6 médial du bord libre renferme dans son épaisseur le canalicule lacrymal. Les canalicules lacrymaux supérieur et inférieur se rejoignent en canal d’union et acheminent les larmes vers le sac lacrymal.Vascularisation
Innervation
Motrice (Figure 17.6)
Le muscle orbiculaire est innervé par le nerf facial (VII) à partir des branches frontale, zygomatique et buccale. Des travaux récents introduisent un nouveau concept quant à l’innervation du muscle orbiculaire. On doit désormais penser en «champ d’innervation» [4]. Ces auteurs ont montré que le nerf buccal utilise la distribution du nerf infraorbitaire et des autres nerfs sensitifs et a donc un champ d’innervation amplifié incluant le canthus médial. Le champ d’innervation du nerf zygomatico-temporal est la portion extracanthale. Les interruptions spécifiques du nerf zygomatico-temporal sont sans effet sur la fonction du clignement normal, la fermeture palpébrale, la position et le tonus palpébraux inférieurs et le pompage des larmes. En revanche, l’interruption de la branche buccale a un effet important sur toutes ces fonctions.
Lecture chirurgicale
Exérèse des lésions palpébrales
En cas de tumeur maligne, l’exérèse initiale doit être avant tout carcinologique. En effet, une exérèse insuffisante peut aboutir à un envahissement intraorbitaire. En cas de lésion agressive d’emblée ou de récidive, au niveau du canthus médial, un bilan radiologique préopératoire doit être pratiqué pour apprécier cet envahissement, et adopter une prise en charge adaptée après discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire. Alors que seule l’exentération a été proposée pendant de nombreuses années, certaines équipes ont désormais une attitude conservatrice pour le globe oculaire lors de la reprise chirurgicale [7]. C’est donc souligner l’importance d’une exérèse complète dès la première intervention.
En fonction des plans atteints, il faut distinguer selon Mustardé[5] :
les pertes de substance profondes, où peau et muscle orbiculaire sont envahis ainsi que, parfois, le septum dans la région préseptale. En revanche, dans la région prétarsale, toute atteinte plus profonde que le muscle orbiculaire signifie une atteinte du tarse et doit entraîner une exérèse de pleine épaisseur de la paupière [5].De la même façon, si la lésion est à moins de 4 mm du bord libre, une exérèse palpébrale transfixiante est conseillée [3]. L’exérèse pentagonale est préférée à l’exérèse triangulaire à la fois pour des raisons carcinologiques et de reconstruction, car elle évite la création d’une encoche du bord libre.
Mode de réparation
Le but de toute réparation palpébrale est de reconstituer l’intégrité et la fonction de la paupière.
Le mode de réparation va dépendre de plusieurs critères :
La réparation palpébrale obéit aux bases de toute réparation cutanée, doit tenir compte des particularités anatomiques de cette région : lamelles antérieure et postérieure doivent être rétablies si manquantes. Il faut en effet une « doublure » muqueuse au contact de la cornée et une couverture cutanée. Les exigences concernant la doublure muqueuse sont différentes selon les paupières. À la paupière supérieure, la lamelle postérieure reconstruite est au contact de la cornée et nécessite une surface épithéliale lisse alors qu’à la paupière inférieure elle est souvent à distance de la cornée. Il faut en outre un bord libre stable. Dans les déficits de pleine épaisseur, on peut combiner greffes et lambeaux. L’apport vasculaire est fourni soit par le lambeau cutané ou musculocutané, pour la lamelle antérieure, soit tarso-conjonctival pour la lamelle postérieure.Cicatrisation dirigée
Elle comporte un risque de rétraction important en dehors du canthus médial, où elle peut classiquement être utilisée, pour des pertes de substance inférieures à 1 cm, mais fait l’objet de controverses. Pour certains c’est un procédé qui entraîne un inconfort injustifiable pour le patient [5], mais cependant utile pour d’autres [8], et qui ne doit pas être rejeté de façon dogmatique [9]. Plusieurs auteurs ont rapporté des résultats satisfaisants pour des exérèses transfixiantes importantes, allant jusqu’à 75 % de la paupière inférieure [8, 10-12]. Chez certains patients âgés, ce procédé peut être proposé pour sa simplicité.
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