Gregory Bateson – Un surdoué touche à tout
J. Betbèze
Son premier livre, Naven, rapporte une cérémonie se passant chez les Iatmul de Nouvelle-Guinée, cérémonie au cours de laquelle l’oncle maternel d’un enfant, le plus souvent un garçon, revêt des haillons de femme, se coiffe d’un vieux chapeau et se barbouille le visage de cendres, la première fois que le garçon a effectué un exploit comme tuer un étranger, un animal, ou planter une plante. Après avoir souligné que les hommes sont probablement, dans cette société, d’autant plus exhibitionnistes que les femmes les admirent, il qualifie cette relation entre les hommes et les femmes de schismogenèse de type complémentaire, et la conduite de surenchère des hommes entre eux de schismogenèse de type symétrique.
Bateson entend parler pour la première fois, au cours du symposium de la Fondation Macy en 1942, des concepts de feed-back positif et de feed-back négatif, concepts qu’il avait pressentis, lors de son travail lors de la cérémonie du Naven, alors qu’il décrivait les facteurs pouvant accentuer le processus de schismogenèse (feed-back positif), ou y faire contrepoids (feedback négatif).
Au cours de ce symposium, dans lequel s’élabore le concept de cybernétique, outre Norbert Wiener, John Neumann (théorie des jeux), Laurence Kubie (psychiatre, psychanalyste), Bateson rencontre Milton Erickson avec lequel il avait déjà été en contact pour analyser les transes observées à Bali.
Un des points importants du rôle du feed-back en psychologie est l’abandon d’une perception causaliste pour expliquer un phénomène. Si le feed-back est négatif, par exemple, la conduite d’un individu dans sa famille sera comprise comme le résultat des restrictions imposées par l’organisation familiale à ses membres.
Arrivé aux États-Unis en 1942, Bateson commence à travailler à partir de 1948 sur les communications concrètes au sein d’un contexte psychiatrique et, en 1952, il observe au zoo de San Francisco des singes échangeant des messages du type : « Ceci est un jeu ». Ce jeu, chez l’animal, comme l’humour chez l’homme ou la discordance schizophrénique, va occuper, par la suite, une place très importante dans l’étude des communications paradoxales.