Chapitre 14 Anorexie J.-C. Melchior, P. Crenn Affame ton chien, il te suivra ; engraisse-le, il te mangera. A. J. Al–Mansur DIAGNOSTIC Interrogatoire Patients anorexiques ÉTIOLOGIE GRAVITÉ DE L’ANOREXIE TRAITEMENT Assistance nutritionnelle Traitements orexigènes CONCLUSION L’anorexie (du grec anorexia) est étymologiquement la perte ou la privation de l’appétit. Le praticien confronté au patient souffrant d’anorexie doit se poser et répondre à quatre questions principales : – comment diagnostiquer une anorexie ? – quelles sont les causes de cette anorexie ? – quelle en est sa gravité ? – comment traiter le patient ? Ici plus qu’ailleurs, la prise en charge globale du malade dans son environnement est essentielle. DIAGNOSTIC Interrogatoire L’anorexie se traduit cliniquement par une perte de l’appétit ou de la motivation à s’alimenter. Dans une grande majorité des cas, elle est spontanément rapportée par le patient. On peut ainsi observer une réduction de la taille ou de la fréquence des repas, voire leur quasi-disparition. L’anorexie peut également se traduire par une sélection des aliments et des nutriments ou une réduction du plaisir lié à la prise alimentaire. Chez les patientes anorexiques mentales, le symptôme peut être souvent nié malgré l’évidence clinique de l’amaigrissement, contrastant avec une activité normale voire augmentée. Il faut savoir distinguer par l’interrogatoire une absence d’envie de manger d’une satiété précoce caractérisée par une sensation de plénitude digestive qui survient après ingestion d’une petite quantité d’aliments. La sitiophobie se caractérise par une prise alimentaire réduite par crainte de troubles digestifs alors que l’appétit est conservé. Cette restriction par peur de manger se rencontre également en cas d’odynophagie, lorsque l’acte alimentaire est douloureux quelqu’en soit la cause. L’étude de la prise alimentaire est essentielle, mais parfois diffi cile. La prise alimentaire actuelle doit être évaluée par rapport avec les ingesta antérieurs. L’aide d’une diététicienne est souvent nécessaire. On peut demander au patient de tenir un carnet alimentaire. Sa tenue, malgré sa lourdeur, fait d’ailleurs partie de la prise en charge. Il peut ainsi aider à modifi er les comportements, en particulier en cas d’anorexie ou de boulimie. L’interrogatoire analyse la diversité de l’alimentation, la fréquence des repas, l’utilisation éventuelle de compléments nutritionnels oraux, les préférences et les aversions, surtout si certaines sont récentes. Patients anorexiques L’anorexie est un symptôme fréquent dont la prévalence dans la population est de l’ordre de 4 %. En dehors des patientes anorexiques mentales, certains groupes d’individus sont particulièrement concernés : personnes âgées, patients cancéreux chez qui l’anorexie peut être inaugurale. On estime que 5 à 30 % des personnes de plus de 70 ans autonomes au domicile souffrent d’un certain degré d’anorexie. Cette anorexie « physiologique » qui accompagne le vieillissement est liée à des altérations du goût et de l’odorat, mais également à des perturbations de la régulation de l’appétit. Quinze à 40 % des patients cancéreux ont une anorexie au moment de la découverte du diagnostic. S’il existe des troubles digestifs associés, le risque de dénutrition est d’autant plus élevé. D’une manière générale, l’anorexie accompagne tous les dysfonctionnements de l’homéostasie interne de l’organisme. ÉTIOLOGIE Les causes de l’anorexie sont nombreuses et variées (Encadré 1). En schématisant, l’anorexie peut être soit d’origine organique (secondaire à une pathologie sous-jacente comme une néoplasie, une infection chronique) soit d’origine psychogène (anorexie mentale, syndrome dépressif). La prise en charge du malade dans sa globalité est une donnée fondamentale de l’approche du symptôme d’anorexie. Il faut prendre en compte la thymie du malade, son cadre et ses conditions de vie, ses ressources fi nancières, son environnement familial et affectif. La dépendance que peut entraîner la maladie, le vieillissement ou le handicap étant des facteurs qui diminuent le plaisir de manger et peuvent conduire à une véritable anorexie secondaire. Encadré 1 Principaux facteurs de risque de l’anorexie Facteurs physiologiques Vieillissement Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue You may also needdu ComportementAlcoolismedu GenouUrétralHyperéosinophilieAsciteAngiokératomesTremblement Related Tags: Du symptôme à la prescription en médecine générale May 26, 2020 | Posted by admin in GÉNÉRAL | Comments Off on Anorexie
Chapitre 14 Anorexie J.-C. Melchior, P. Crenn Affame ton chien, il te suivra ; engraisse-le, il te mangera. A. J. Al–Mansur DIAGNOSTIC Interrogatoire Patients anorexiques ÉTIOLOGIE GRAVITÉ DE L’ANOREXIE TRAITEMENT Assistance nutritionnelle Traitements orexigènes CONCLUSION L’anorexie (du grec anorexia) est étymologiquement la perte ou la privation de l’appétit. Le praticien confronté au patient souffrant d’anorexie doit se poser et répondre à quatre questions principales : – comment diagnostiquer une anorexie ? – quelles sont les causes de cette anorexie ? – quelle en est sa gravité ? – comment traiter le patient ? Ici plus qu’ailleurs, la prise en charge globale du malade dans son environnement est essentielle. DIAGNOSTIC Interrogatoire L’anorexie se traduit cliniquement par une perte de l’appétit ou de la motivation à s’alimenter. Dans une grande majorité des cas, elle est spontanément rapportée par le patient. On peut ainsi observer une réduction de la taille ou de la fréquence des repas, voire leur quasi-disparition. L’anorexie peut également se traduire par une sélection des aliments et des nutriments ou une réduction du plaisir lié à la prise alimentaire. Chez les patientes anorexiques mentales, le symptôme peut être souvent nié malgré l’évidence clinique de l’amaigrissement, contrastant avec une activité normale voire augmentée. Il faut savoir distinguer par l’interrogatoire une absence d’envie de manger d’une satiété précoce caractérisée par une sensation de plénitude digestive qui survient après ingestion d’une petite quantité d’aliments. La sitiophobie se caractérise par une prise alimentaire réduite par crainte de troubles digestifs alors que l’appétit est conservé. Cette restriction par peur de manger se rencontre également en cas d’odynophagie, lorsque l’acte alimentaire est douloureux quelqu’en soit la cause. L’étude de la prise alimentaire est essentielle, mais parfois diffi cile. La prise alimentaire actuelle doit être évaluée par rapport avec les ingesta antérieurs. L’aide d’une diététicienne est souvent nécessaire. On peut demander au patient de tenir un carnet alimentaire. Sa tenue, malgré sa lourdeur, fait d’ailleurs partie de la prise en charge. Il peut ainsi aider à modifi er les comportements, en particulier en cas d’anorexie ou de boulimie. L’interrogatoire analyse la diversité de l’alimentation, la fréquence des repas, l’utilisation éventuelle de compléments nutritionnels oraux, les préférences et les aversions, surtout si certaines sont récentes. Patients anorexiques L’anorexie est un symptôme fréquent dont la prévalence dans la population est de l’ordre de 4 %. En dehors des patientes anorexiques mentales, certains groupes d’individus sont particulièrement concernés : personnes âgées, patients cancéreux chez qui l’anorexie peut être inaugurale. On estime que 5 à 30 % des personnes de plus de 70 ans autonomes au domicile souffrent d’un certain degré d’anorexie. Cette anorexie « physiologique » qui accompagne le vieillissement est liée à des altérations du goût et de l’odorat, mais également à des perturbations de la régulation de l’appétit. Quinze à 40 % des patients cancéreux ont une anorexie au moment de la découverte du diagnostic. S’il existe des troubles digestifs associés, le risque de dénutrition est d’autant plus élevé. D’une manière générale, l’anorexie accompagne tous les dysfonctionnements de l’homéostasie interne de l’organisme. ÉTIOLOGIE Les causes de l’anorexie sont nombreuses et variées (Encadré 1). En schématisant, l’anorexie peut être soit d’origine organique (secondaire à une pathologie sous-jacente comme une néoplasie, une infection chronique) soit d’origine psychogène (anorexie mentale, syndrome dépressif). La prise en charge du malade dans sa globalité est une donnée fondamentale de l’approche du symptôme d’anorexie. Il faut prendre en compte la thymie du malade, son cadre et ses conditions de vie, ses ressources fi nancières, son environnement familial et affectif. La dépendance que peut entraîner la maladie, le vieillissement ou le handicap étant des facteurs qui diminuent le plaisir de manger et peuvent conduire à une véritable anorexie secondaire. Encadré 1 Principaux facteurs de risque de l’anorexie Facteurs physiologiques Vieillissement Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue You may also needdu ComportementAlcoolismedu GenouUrétralHyperéosinophilieAsciteAngiokératomesTremblement Related Tags: Du symptôme à la prescription en médecine générale May 26, 2020 | Posted by admin in GÉNÉRAL | Comments Off on Anorexie