21. Anorexie mentale et boulimie
Définition
Les troubles des conduites alimentaires regroupent l‘anorexie mentale, associant une anorexie, une aménorrhée (chez la femme, absence des règles) et un amaigrissement, et la boulimie qui est la survenue d’épisodes répétitifs d’ingestion alimentaire importante, incontrôlables et dans un temps bref suivis ou non de vomissements. Les épisodes de boulimie peuvent être isolés ou associés à l’anorexie mentale.
Épidémiologie
L’anorexie mentale touche principalement la jeune fille, la fréquence serait d’environ 0,5 % chez les 12-20 ans.
La boulimie toucherait 2 à 5 % des 12-20 ans.
☛ Anorexie mentale et société
Il y a une vingtaine d’années, l’anorexie mentale était peu connue du grand public même si elle existait depuis fort longtemps. On incrimine actuellement les médias et notamment la mode qui érige en modèle la femme-enfant anorexique (Kate Moss, etc.).
Cependant, il faut souligner que la fréquence de l’anorexie mentale n’a pas augmenté dans les pays occidentaux à l’inverse de celle de la boulimie. De plus, on observe de plus en plus de boulimie chez les garçons.
Étiologie
Les théories psychanalytiques soulignent dans l’anorexie mentale le refus de la féminité, des transformations de l’adolescence et, au-delà, le refus de la sexualité génitale.
Il existerait peut-être une prédisposition biologique.
Pour la boulimie sont avancées la dimension d’autosabotage et la perturbation de l’image du corps.
Diagnostic
Anorexie mentale
Le diagnostic repose chez la jeune fille par la triade :
– anorexie : c’est une conduite active de restriction alimentaire avec l’éviction progressive de tous les aliments « caloriques » et la prise éventuelle de laxatifs, des vomissements… ;
– amaigrissement : la perte de poids est importante (souvent presque la moitié du poids initial) et est niée par la patiente. On peut observer des œdèmes de carence, une diminution de la pilosité, des ongles cassants, une cyanose des extrémités (doigts et orteils) ;
– aménorrhée : c’est l’absence de règles depuis plus de trois cycles (sans grossesse !).
Paradoxalement, la jeune fille anorexique se sent très en forme, fait du sport plusieurs fois par semaine, travaille très bien à l’école (surinvestissement de la sphère intellectuelle), cuisine pour tout le monde… mais ne goûte à rien ! Elle trouve toujours une excuse : elle a déjà mangé, elle a mal au ventre, etc. Lorsqu’on lui fait remarquer sa perte de poids, elle la banalise, voire la nie et affirme se trouver trop grosse ; c’est la dysmorphophobie ou trouble de l’image du corps.
L’anorexie débute souvent après un régime pour un léger surpoids, après une déception ou un changement familial comme le départ de la maison d’un frère ou d’une sœur aîné(e).
Elle peut être associée à des épisodes de boulimie, à des prises de laxatifs, de diurétiques (dans le but de maigrir), à des vomissements.
Fait important : la patiente anorexique ne souffre pas d’une pathologie psychiatrique sévère (pas de délire hormis le déni portant sur sa maigreur).
Au point de vue physique, on peut observer lors d’une anorexie sévère : un œdème des membres inférieurs, une chute des cheveux, des dents, une fonte musculaire, une baisse de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque.