Délires paranoïaques

16. Délires paranoïaques




Diagnostic


Le délire paranoïaque est caractérisé par :




son mécanisme interprétatif : tout a un sens et est dirigé contre lui ;


sa systématisation : le délire est construit, les idées délirantes s’articulent les unes aux autres autour d’un même thème (par exemple dans le cas d’un délire de persécution touchant ses voisins, le patient interprétera leurs visites, l’éclairage de leur maison, le bruit des chiens comme des signes de leur malveillance) ;


sa logique, qui amène souvent plusieurs personnes de l’entourage du patient à partager ses convictions délirantes (délire à deux).

Il existe plusieurs types de délire paranoïaque.


Délires passionnels


Ils sont au nombre de trois et reposent sur une passion pathologique :




– le délire de revendication : il apparaît après que le patient a été (ou se croit) victime d’un préjudice (l’exemple classique est le patient quérulent processif qui fait procès sur procès) ;


– le délire érotomaniaque : il comporte successivement trois phases : l’espoir (le patient a la conviction délirante d’être aimé par quelqu’un




– le plus souvent de rang supérieur), le dépit et la rancune (risque réel de passage à l’acte hétéro-agressif) ;


– le délire de jalousie : le patient soupçonne au départ son conjoint et assez rapidement apparaît la conviction délirante d’être trompé.



Délire d’interprétation


Le délire se construit de manière progressive : tout est interprété contre soi, on parle de « folie raisonnante ».


Évolution


Les deux risques principaux sont le suicide et le passage à l’acte hétéro-agressif (agression, assassinat). Il peut également y avoir des conséquences légales (plaintes, procès…).


Traitement – Comprendre les prescriptions




◗ Mesures générales


La prise en charge des patients est délicate. Spontanément ils disent ne pas être malades, attribuent leurs difficultés aux autres et ne vont pas demander de l’aide. Schématiquement nous sommes amenés à les soigner à l’hôpital soit lors d’un épisode dépressif (voire au décours d’une tentative de suicide) soit après un passage à l’acte hétéro-agressif. L’hospitalisation, lorsqu’elle doit être sous contrainte, est préférentiellement faite en hospitalisation d’office (cf. « Modalités d’hospitalisation »). En effet, le tiers qui signerait un certificat d’hospitalisation (obligatoire pour l’hospitalisation à la demande d’un tiers) se retrouverait rapidement persécuteur désigné et risquerait de subir des menaces de la part du patient. L’hospitalisation a pour but de préserver l’intégration sociale, professionnelle et familiale du patient et, en cas d’épisode hétéro-agressif, de protéger son entourage, en cas d’épisode dépressif, de protéger le patient d’un passage à l’acte auto-agressif.

Le traitement repose sur la prescription de neuroleptiques et la psychothérapie, cette dernière doit être faite prudemment. Deux attitudes sont à éviter : la compassion qui renforce l’attitude du patient et l’opposition qui aboutit inévitablement à la rupture du lien thérapeutique, voire à l’inclusion du soignant dans le délire du patient. Des antidépresseurs peuvent être proposés lors d’épisodes dépressifs.

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May 6, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Délires paranoïaques

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