9: Principes et intérêt des cartes différentielles

Chapitre 9 Principes et intérêt des cartes différentielles



Le recours aux cartes différentielles permet de comparer de manière objective des examens topographiques réalisés de manière échelonnée dans le temps : les données servant à établir chaque type de carte étant quantifiées, la réalisation d’une carte différentielle revient simplement à effectuer une soustraction entre celles-ci. Le sens de la soustraction peut être fait indifféremment entre l’examen le plus récent et le plus ancien, ou l’inverse (au prix d’un changement de signe).


Quand on cherche à comparer deux examens successifs, il est souvent plus facile de réaliser une carte différentielle que d’observer successivement chacun des examens et y chercher des différences.


La possibilité de réaliser et visualiser une différence entre des examens successifs confère une certaine dimension « dynamique » à la topographie cornéenne, et surtout une valeur diagnostique importante, qui permet de lever certaines incertitudes diagnostiques : trancher entre évolution ou stabilisation d’un kératocône, distinguer entre décentrement et ectasie post-Lasik, etc. La réalisation de cartes différentielles permet d’apporter une réponse objective et illustrée à ces interrogations.



Obtention d’une carte différentielle


Tous les topographes modernes ont un logiciel qui permet d’effectuer une « différence », ou soustraction, entre deux examens. Généralement, ce calcul est restreint aux cartes obtenues pour un même patient et un côté donné (droit ou gauche), bien que certains topographes permettent de soustraire les cartes de patients et/ou de côtés différents (ex : Orbscan). En revanche, toute réalisation d’une carte différentielle impose naturellement que les deux examens qui vont être utilisés soient du même type (courbure axiale, pachymétrie, élévation, etc.).


Pour effectuer une différence, il faut en général (Fig. 9.1) :






La soustraction entre les cartes dérivées de l’acquisition de données de courbure, d’élévation ou d’épaisseur est réalisée de manière directe : on obtient finalement une carte où chaque point correspond à une valeur numérique qui est simplement obtenue comme la différence entre les valeurs de chacune des cartes ayant servi à la calculer.


Par exemple, pour les cartes différentielles de courbure, les valeurs dioptriques (dioptries de courbure, kératométrie) sont simplement soustraites, et la différence nette est ensuite tracée à une échelle de pas et d’amplitude appropriée.


Les cartes différentielles sont donc extrêmement utiles pour réaliser des analyses à des temps différents pour une même cornée.


Selon le même principe, les cartes différentielles réalisées entre des cartes issues de données moyennées au sein d’un groupe peuvent s’avérer utiles pour comparer différents groupes de population [1].


Les cartes différentielles issues des données de courbure peuvent être réalisées en mode axial, instantané, ou autre (ex : courbure gaussienne), selon les cas. Le mode axial est particulièrement intéressant pour objectiver une variation de la toricité cornéenne centrale (astigmatisme). Le mode instantané est plus sensible aux variations de l’asphéricité cornéenne et aux variations de courbure périphériques.


Pour être interprétables, les cartes servant pour la différence doivent être correctement alignées et centrées sur un même point. Le vertex est le point utilisé pour les cartes différentielles de courbure issues de la topographie en mode Placido, le centre géométrique de la cornée sert lui à la réalisation de cartes différentielles d’élévation. Comme la topographie d’élévation repose sur le calcul d’une surface de référence, les comparaisons entre différentes cartes doivent être faites avec soin car la valeur d’un point d’élévation est toujours relative à la surface de référence calculée. Le choix du protocole d’ajustement est donc important. En particulier, les comparaisons pré et postopératoires doivent aussi être faites avec soin en raison de la probabilité de références incohérentes et des défauts d’alignement ultérieurs possibles.



Applications


Voici une liste non exhaustive des principales applications cliniques des cartes différentielles et leur mode de choix :



quantifier l’effet d’un traitement photoablatif réfractif standard ou personnalisé (PKR, Lasik) [3, 4] (Fig. 9.3 et 9.4), incisionnel (incisions relaxantes pour correction de l’astigmatisme) (Fig. 9.5), additif (segments intracornéens) : les cartes de courbure axiales sont les plus pertinentes pour révéler la modification de la toricité cornéenne. Les cartes d’élévation permettent de visualiser les modifications spatiales induites par le traitement photoablatif (Fig. 9.6) ;



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Jun 29, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 9: Principes et intérêt des cartes différentielles

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