Chapitre 9 Item 231 – Compression médullaire non traumatique et syndrome de la queue de cheval
Compression médullaire non traumatique
Objectifs pédagogiques
CEN
Connaissances requises
Décrire les principaux symptômes révélateurs.
Décrire la sémiologie clinique du syndrome de compression médullaire (syndrome rachidien, syndrome lésionnel, syndrome sous-lésionnel).
Décrire le degré d’urgence et la place cruciale de l’IRM médullaire.
Citer les causes principales de compressions épidurales.
Citer, au titre du diagnostic différentiel, les principales tumeurs intramédullaires, la myélopathie cervicarthrosique, le syndrome syringomyélique, les myélopathies inflammatoires.
Objectifs pratiques
Chez un patient réel ou simulé atteint de compression médullaire non traumatique :
Évoquer le diagnostic de compression médullaire sur un cas vidéo.
La compression de la moelle spinale ou des dernières racines spinales formant la queue de cheval constitue une urgence diagnostique et souvent thérapeutique neurochirurgicale.
La reconnaissance des différents syndromes cliniques de compression médullaire entraînera la réalisation de l’IRM qui confirmera le diagnostic et précisera la stratégie thérapeutique.
I Pour comprendre
• La moelle spinale chemine du trou occipital au bord supérieur de L2 dans un canal ostéoligamentaire inextensible. Elle est plus courte que le canal rachidien, ce qui explique un décalage entre le niveau vertébral et celui du métamère médullaire (exemple : le métamère D12 est en regard de la vertèbre D9).
• De la moelle spinale émergent les nerfs spinaux, qui sortent par les trous de conjugaison.
• La moelle spinale se termine par le cône terminal au niveau des dernières vertèbres dorsales et de L1; les dernières racines spinales (L2 à L5 et les racines sacrées) forment la queue de cheval.
• La moelle spinale est entourée d’une pie-mère épaisse, résistante, puis par l’arachnoïde où circulent le LCS et la dure-mère qui réalise un fourreau cylindrique épais. L’espace extradural est graisseux, rempli de vaisseaux, surtout veineux.
• La moelle spinale est organisée transversalement en métamère et longitudinalement en fibres longues. Elles comportent des fibres sensitives et des fibres motrices :
• un syndrome lésionnel en regard de la compression (douleur radiculaire, déficit radiculaire) ;
• l’existence d’un niveau sensitif correspondant à la limite supérieure de l’atteinte sensitive ;
• un syndrome sous-lésionnel : dysfonctionnement de la moelle sous-jacente privée du contrôle central (déficit sensitif, déficit moteur, signes d’irritation pyramidale, hypertonie pyramidale, troubles sphinctériens) ;
II Conditions générales du diagnostic
A Compression médullaire constituée
1 Syndrome radiculaire lésionnel
Ces symptômes sont au début plus discrets à l’étage thoracique ou abdominal qu’au niveau cervical, où la névralgie cervicobrachiale est plus typique.
2 Syndrome sous-lésionnel
Le syndrome sous-lésionnel associe des troubles moteurs, sensitifs et sphinctériens.
Troubles moteurs
L’atteinte motrice correspond à un syndrome pyramidal. Son intensité est variable. Au début, il s’agit simplement d’une fatigabilité à la marche, d’une difficulté à la course, d’une maladresse en terrain accidenté, cédant à l’arrêt. Cette gêne n’est pas douloureuse, elle correspond à la claudication intermittente de la moelle. Progressivement, on observe une réduction du périmètre de marche. À l’extrême, l’atteinte pyramidale peut aboutir à une paraplégie ou une tétraplégie spastique.
Troubles sensitifs
Les troubles sensitifs accompagnent habituellement les signes moteurs, le plus souvent de façon retardée. Le patient décrit des picotements, des fourmillements, une sensation de striction, d’être pris dans un étau, de ruissellement d’eau glacée, de brûlures parfois exacerbées au contact. Un signe de Lhermitte est possible (décharge électrique le long du rachis et des membres à la flexion du cou). Le malade décrit une impression de marcher sur du coton ou du caoutchouc avec une gêne plus marquée lors de la fermeture des yeux (signant la souffrance cordonale postérieure).
Le syndrome de Brown-Séquard, correspondant à une souffrance d’une hémimoelle, est bien l’expression de cette dissociation de sensibilité avec un syndrome cordonal postérieur et un syndrome pyramidal homolatéraux à la lésion, et avec un déficit spinothalamique du côté opposé.
B Formes cliniques particulières
1 Compression médullaire chez l’enfant
L’existence d’une boiterie ou de troubles sphinctériens doit faire évoquer le diagnostic.
2 Compression médullaire selon le niveau
• Dans la compression cervicale haute entre C1 et C4, le syndrome sous-lésionnel est constitué d’une quadriplégie spastique, le syndrome lésionnel d’une paralysie diaphragmatique, une paralysie du sternocléidomastoïdien, du trapèze ou par un hoquet signant la souffrance phrénique.
• La compression cervicale basse entre C5 et D1 s’exprime par une paraplégie spastique et une névralgie cervicobrachiale. Lors d’une compression entre C8 et D1, il est habituel d’observer un signe de Claude Bernard-Horner homolatéral.
• La compression de la moelle dorsale donne une paraplégie, des douleurs en ceinture thoracique associées à une anesthésie en bande.
• La compression de la moelle lombosacrée donnera une paralysie des quadriceps avec disparition des réflexes ostéotendineux rotuliens, mais avec des réflexes ostéotendineux achilléens vifs et un signe de Babinski bilatéral. Il s’y associe des troubles sphinctériens.
• La compression au niveau ducône terminal est suspectée devant des troubles moteurs à type de déficit de la flexion de la cuisse sur le bassin, une abolition des réflexes cutanés abdominaux inférieurs, une abolition du réflexe crémastérien, mais avec un signe de Babinski. Il existe de façon constante et sévère une atteinte sphinctérienne ainsi que des troubles sensitifs de niveau D12-L1.