Chapitre 9 Cristallin
Topographie
Le cristallin est une lentille souple, élastique, avasculaire, biconvexe qui mesure à l’âge adulte entre 9 et 10 mm de diamètre et 5 mm d’épaisseur (fig. 9-1). Le cristallin est dérivé de l’ectoderme. Voir la Section 11 du BCSC, Lens and Cataract (Cristallin et cataracte), pour les précisions sur la structure, l’embryologie et la pathologie du cristallin.
Figure 9-1 Face postérieure du cristallin, illustrant ses rapports périphériques avec l’iris et le corps ciliaire.
(Remerciements au Dr Hans E. Grossniklaus.)
Capsule
La capsule entoure l’ensemble du cristallin (fig. 9-2). C’est une membrane basale épaisse élaborée par les cellules épithéliales du cristallin et composée, en partie, de fibres de collagène de type IV. La capsule du cristallin est plus épaisse en avant (de 12 à 21 μm) et en périphérie près de l’équateur ; elle est plus fine dans sa partie postérieure (de 2 à 9 μm). Les fibres zonulaires s’insèrent sur la capsule et interviennent dans les variations de forme du cristallin lors de l’accommodation.
Épithélium
L’épithélium lenticulaire est dérivé des cellules de la vésicule primaire du cristallin, qui ne se différencient pas en fibres. L’épithélium antérieur du cristallin ou axial forme une couche unistratifiée de cellules cubiques dont la membrane basale repose sur la capsule antérieure ; alors que les cellules équatoriales, à haut index mitotique, s’allongent progressivement pour se différencier en fibres cristalliniennes. À l’état physiologique, aucune cellule épithéliale n’est présente en arrière de l’équateur (voir fig. 9-2).
Cortex et noyau
Le centre du cristallin contient les fibres les plus anciennes : le noyau embryonnaire et fœtal. Les fibres corticales plus externes dérivent des cellules épithéliales différenciées après la naissance. Les nouvelles fibres cristalliniennes sont en permanence produites dans la partie externe à partir des cellules épithéliales cristalliniennes. La différenciation des cellules épithéliales du cristallin en fibres corticales a lieu à l’équateur. Dans cette région, appelée l’arc équatorial, les cellules épithéliales se dirigent vers le centre, s’allongent, acquièrent les protéines cristallines, perdent leurs organites et se transforment en fibres. Comme en clinique, l’histologie ne permet pas de définir une limite précise entre le noyau et le cortex.
Anomalies congénitales
Lenticône antérieur (lentiglobe)
La surface antérieure du cristallin peut prendre une forme anormale, soit conique (lenticône), soit sphérique (lentiglobe). Sur le plan clinique, on observe une lueur pupillaire en « goutte d’huile ». Le lenticône antérieur peut être uni- ou bilatéral. Un lenticône antérieur bilatéral est généralement associé au syndrome d’Alport, maladie héréditaire autosomique dominante, caractérisée par une néphropathie hémorragique, une surdité, une cataracte polaire antérieure, des ponctuations rétiniennes, ainsi qu’une néovascularisation irienne et rétinienne, en association avec le lenticône antérieur. Des mutations dans les gènes codant pour le collagène de type IV ont été rapportées dans certaines formes de syndrome d’Alport.
Lenticône postérieur (lentiglobe)
Le lenticône postérieur est caractérisé par une déformation de la face postérieure du cristallin (fig. 9-3). Sur le plan clinique, on observe une lueur pupillaire en « goutte d’huile ». Le lenticône postérieur survient en général de façon sporadique. L’atteinte est unilatérale et associée à une cataracte congénitale. D’autres associations oculaires sont possibles, mais rares, comme une microphtalmie, une microcornée, une persistance de la vascularisation fœtale et un colobome de l’uvée. Le lenticône postérieur peut également s’observer dans le cadre du syndrome d’Alport et du syndrome oculo-cérébro-rénal de Lowe. Le syndrome oculo-cérébro-rénal de Lowe est lié au chromosome X et se manifeste par une acidose systémique, un rachitisme rénal, une hypotonie et des cataractes congénitales, dont l’examen histologique met en évidence des excroissances focales et internes de la capsule du cristallin.
Inflammations
Uvéite phacoantigénique
Histologiquement, l’uvéite phacoantigénique se compose d’un noyau de matériel cristallinien nécrosé entouré de couches concentriques de cellules inflammatoires (granulome zonal). Des cellules géantes multinucléées et des neutrophiles sont présents au sein de la couche interne adjacente au noyau de matériel cristallinien nécrosé. Des lymphocytes et des plasmocytes constituent l’enveloppe intermédiaire. Ces cellules peuvent être entourées de tissu conjonctif fibrovasculaire, en fonction de la durée de la réponse inflammatoire (fig. 9-4, 9-5). Voir aussi la Section 9 du BCSC, Intraocular Inflammation and Uveitis (Inflammation intraoculaire et uvéite).