20: Atteintes oculaires dans les cancers systémiques

Chapitre 20 Atteintes oculaires dans les cancers systémiques



Tumeurs secondaires de l’œil



Carcinome métastatique


Depuis la première description en 1872 d’une tumeur métastatique dans l’œil d’un patient présentant un carcinome, de nombreuses études ont déterminé que la tumeur intraoculaire ou orbitaire la plus commune chez l’adulte est métastatique. Il existe plusieurs études exhaustives sur les tumeurs métastatiques oculaires : certaines ont signalé l’incidence des métastases tumorales dans des séries consécutives lors d’autopsies ; certaines ont porté sur l’incidence des tumeurs chez les patients atteints de cancer généralisé ; et d’autres ont utilisé une approche clinicopathologique. La survie à long terme en présence des tumeurs systémiques primaires continue d’augmenter, et l’ophtalmologiste sera donc confronté à une incidence croissante de métastases intraoculaires et orbitaires nécessitant une reconnaissance rapide et une prise en charge diagnostique et thérapeutique appropriée.


Des métastases à l’œil sont diagnostiquées avec une fréquence croissante pour diverses raisons :






Évaluation clinique


Les caractéristiques cliniques des métastases intraoculaires dépendent du site de dissémination. Les métastases du corps ciliaire et de l’iris se manifestent habituellement par des nodules gélatineux blancs ou gris-blanc (fig. 20-1, fig. 20-2 et fig. 20-3). Les caractéristiques cliniques des métastases vers l’uvée antérieure peuvent inclure :






Les tumeurs du segment antérieur sont le mieux évaluées avec une lampe à fente couplée à la gonioscopie. L’échographie à haute résolution permet de quantifier la taille de la tumeur et les rapports anatomiques.


Les patients atteints d’une tumeur au pôle postérieur se plaignent le plus souvent d’une perte de la vision. Des douleurs et de la photopsie peuvent être des symptômes concomitants. À l’ophtalmoscopie binoculaire indirecte, on peut souvent observer un décollement non rhegmatogène (c’est-à-dire exsudatif) de la rétine, associé à une masse tumorale amélanotique en plaques (fig. 20-4, 20-5, 20-6). Dans près de 25 % des cas, des lésions multiples ou bilatérales peuvent être présentes. Il est donc important de toujours évaluer et suivre l’œil controlatéral. Ces lésions ont en général peu de relief, sont mal définies, et ont souvent une coloration gris-jaune ou jaune-blanc ; des altérations secondaires au niveau de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) sont souvent présentes donnant à l’EPR un aspect en peau de léopard (amas dispersés de pigment brun ; fig. 20-7).






La configuration en champignons fréquemment observée dans le cas du mélanome choroïdien primaire est rarement présente dans les métastases de l’uvée. La rétine recouvrant les métastases peut apparaître opaque et se détacher. Une croissance rapide de la tumeur associée à une nécrose et une inflammation oculaire sont parfois observées. Les vaisseaux épibulbaires dilatés situés dans le quadrant recouvrant la métastase peuvent être engorgés. Pour un diagnostic différentiel d’une métastase choroïdienne, voir le tableau 20-2.


Tableau 20-2 Diagnostic différentiel des métastases choroïdiennes






Nævus achromique
Mélanome achromique
Hémangiome choroïdien
Ostéome choroïdien
Décollement choroïdien
Sclérite postérieure
Syndrome de Vogt-Koyanagi-Harada
Rétinopathie séreuse centrale
Lésions infectées
Hémorragie sous-rétinienne organisée
Membrane néovasculaire étendue
Décollement de la rétine rhegmatogène


Tests complémentaires


Bien que l’angiographie à la fluorescéine puisse être utile dans la définition des marges d’une tumeur métastatique, elle est généralement moins utile pour différencier une métastase d’une tumeur intraoculaire primaire. Le motif de double circulation commençant par un remplissage rapide de la choroïde, que l’on observe fréquemment dans les mélanomes choroïdiens, n’est que rarement retrouvé dans des tumeurs métastatiques.


L’échographie est utile pour établir le diagnostic. Le mode B montre une masse choroïdienne échogène aux contours mal définis, parfois lobulés. Un décollement secondaire de la rétine est souvent détecté dans ces cas au-dessus de la lésion. Le mode B révèle une réflectivité interne modérée à intense.


La biopsie-aspiration à l’aiguille fine peut être utile dans de rares cas où le diagnostic ne peut être établi par des approches non invasives. Bien que les tumeurs métastatiques puissent reprendre l’histologie de la tumeur primaire, elles sont souvent moins différenciées. Des colorations histochimiques spéciales et l’immunohistochimie peuvent aider à diagnostiquer des tumeurs métastatiques.


Au niveau du nerf optique, les métastases peuvent produire un œdème papillaire, causer une diminution de l’acuité visuelle et des troubles du champ visuel. Parce que les métastases peuvent impliquer le parenchyme ou la gaine du nerf optique, l’IRM et l’échographie peuvent permettre de détecter la présence et la localisation de la ou des lésion(s).


Les métastases vers la rétine sont très rares. Elles se présentent comme des lésions non cohésives blanches, souvent distribuées de façon périvasculaire et pouvant prendre l’aspect de nodules cotonneux (fig. 20-8). En raison de l’ensemencement secondaire du vitré par des cellules tumorales, ces métastases peuvent parfois davantage ressembler à une rétinite qu’à une infiltration tumorale. Une biopsie du vitré permettant une analyse cytologique peut confirmer le diagnostic.


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May 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 20: Atteintes oculaires dans les cancers systémiques

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