Question 88. Elle a des fuites urinaires après la ménopause, que faire ?
La demande
Le préliminaire
Les fuites urinaires au moment de la ménopause mais aussi chez les femmes plus jeunes, à la suite d’un précédent accouchement sont fréquentes, mais très peu de femmes en parlent.
Non traités, elles risquent de s’accentuer, alors qu’une prise en charge dès les premières « fuites », grâce à des traitements et à une rééducation spécifiques, donne de bons résultats.
Il faut rechercher, avec empathie, les problèmes de fuites urinaires de toute consultante, le plus précocement possible.
La première consultation
À l’interrogatoire de sa patiente, le médecin recherche l’ancienneté, les circonstances de survenue et l’abondance des fuites urinaires.
Il vérifie l’absence d’infection urinaire.
L’examen clinique lui permet :
■ d’apprécier la trophicité locale ;
■ de mettre en évidence des fuites urinaires à la toux alors que la vessie est pleine ;
■ de mettre en évidence un prolapsus.
Il prescrit quinze séances de rééducation sphinctéro-périnéale avec électrosti-mulation.
En cas d’échec, il l’adresse à un chirurgien.
Le point de vue du gynécologue
La prévalence de l’incontinence urinaire augmente avec l’âge. La physiopathologie est multifactiorelle associant : étirement, déchirure, atrophie des structures ligamentaires et musculaires, altération du collagène, neuropathie pudendale d’étirement. Toutes ces altérations s’installent progressivement et se surajoutent avec le temps. Elles sont secondaires aux accouchements surtout s’ils sont traumatiques, aux efforts répétés dans le cadre d’une activité professionnelle, à une constipation chronique, une toux chronique, au vieillissement des tissus et à la carence hormonale.
Les éléments du diagnostic
L’incontinence urinaire d’effort (IUE)
Les fuites d’urine sont concomitantes à l’augmentation de la pression intra-abdominale. L’incontinence sera d’autant plus invalidante qu’elle survient lors des efforts de faible intensité. Elle se manifeste à la toux, à l’éternuement, lors du port de charges lourdes, lors du sport, lors de la marche normale ou simplement en se mobilisant. Cette incontinence est en rapport soit avec une incompétence du sphincter urétral (insuffisance sphinctérienne), soit en rapport avec une hypermobilité de la région du col de la vessie et de l’urètre. Ces derniers ne sont plus soutenus en arrière par des fascias et des muscles suffisamment solides. À l’effort, l’urètre ne peut venir s’écraser sur un support postérieur efficace.
L’incontinence par instabilité vésicale
Elle correspond à une hyperactivité de la vessie et elle associe à des degrés divers, pollakiurie, urgences mictionnelles et fuites pouvant au maximum aboutir à une miction incontrôlable. Cette incontinence est accompagnée d’un besoin d’uriner. Cette instabilité est secondaire à une épine irritative (infection urinaire, fibrome, chirurgie du pelvis, irradiation pelvienne, hernie discale), plus rarement une sclérose en plaque et fréquemment des facteurs psychologiques, etc. Attention, ces symptômes sont souvent l’aboutissement de mauvaises habitudes mictionnelles installées au cours du temps. La vessie est un réservoir, il faut savoir l’utiliser comme tel. On urine normalement toutes les 3 à 4 heures. Il peut s’agir également d’une pollakiurie par précaution pour limiter les fuites d’urine à l’effort.
■ L’instabilité vésicale et l’incontinence à l’effort peuvent être associées.