Question 84. Elle a une température à 38,5 °C et des pertes
La demande
Le préliminaire
Chez toute femme ayant des leucorrhées, on doit rechercher la fièvre, la notion de douleurs.
Une température à 38 °C et un utérus modérément douloureux évoquent une endométrite.
En dehors des complications de la grossesse ou post-chirurgicales, l’endométrite est rare.
Une symptomatologie plus frustre et une douleur des culs-de-sac orientera vers une salpingite.
La première consultation
Le médecin procède à l’interrogatoire.
Il recherche l’ancienneté et l’abondance des pertes, la présence et l’intensité de la douleur abdomino-pelvienne et son exacerbation lors des rapports.
Il fait un examen gynécologique : palpation de l’abdomen, de la région sous-costale droite, inspection de la vulve, examen au spéculum et toucher vaginal qui déclenche une douleur parfois intense à la mobilisation utérine ou dans les culs-de-sac.
Il est nécessaire de faire des prélèvements à la vulve, dans les culs-de-sac vaginaux et dans l’endocol en recherchant les Chlamydia.
S’il ne peut assurer des conditions parfaites de prélèvement et de transport, il doit l’adresser à un laboratoire spécialisé.
Ces signes : température, douleur, leucorrhée, évoquant une endométrite ou une salpingite, le médecin prescrit une antibiothérapie à spectre large (Augmentin, Flagyl) pour une durée de dix jours, après prélèvement, sans attendre les résultats.
L’antibiothérapie sera ajustée en fonction des résultats.
Un contrôle clinique sera fait en fin de traitement.
En cas de récidives, il faudrait rechercher la notion de partenaires multiples.
Le point de vue du gynécologue
L’infection génitale haute est une complication non rare chez la femme. Elle peut être isolée ou associée à la présence d’un stérilet (3 % des cas) ou au cours du post-partum. Elle concerne préférentiellement des femmes jeunes (< 25 ans) ou ayant des rapports sexuels fréquents ou des partenaires multiples. L’infection peut avoir de graves conséquences (pelvipéritonite et stérilité). En France, durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, il a été montré une diminution progressive des salpingites aiguës, néanmoins en 1994, il existait encore 130 000 cas de salpingite en France dont 28 % avaient nécessité une cœlioscopie. Une information claire doit par conséquent être donnée sur ce risque lors de rapport non protégé, au cours d’une consultation de contraception, avant la pose d’un stérilet, ou après un avortement ou un accouchement, mais également sur les symptômes devant mener la patiente à consulter. L’infection peut être la conséquence de l’inflammation endométriale chronique que crée le dispositif intra-utérin (DIU), de traumatismes, de rétention de matériel trophoblastique ou de rupture de la barrière antiseptique cervicale. Chez une patiente ménopausée ou âgée, il faut penser à éliminer une surinfection de néoplasie de l’endomètre.
Diagnostics
La cause la plus fréquente d’hyperthermie associée à des leucorrhées et/ou des algies pelviennes est l’endométrite aiguë associée ou non à une rétention endo-utérine.
Elle n’est en général pas accompagnée d’un syndrome infectieux bruyant et l’état général est conservé.
Dans la plupart des cas elle survient dans les suites d’un contexte particulier qu’il faut toujours rechercher (DIU, gestes endo-utérins, hyperthermie post-partum, pathologies endocavitaires, etc.) (cf.Question 59).
La contamination s’effectue en règle de façon ascendante via les voies génitales.