7: Tumeurs cranioencéphaliques : tumeurs intra-axiales

Chapitre 7 Tumeurs cranioencéphaliques


tumeurs intra-axiales





Introduction


Les tumeurs cranioencéphaliques sont classées en deux grands groupes, les tumeurs intra-axiales et les tumeurs extra-axiales. Les tumeurs intra-axiales sont représentées par les métastases et par les tumeurs cérébrales primitives (tumeurs gliales, tumeurs épendymaires, tumeurs neuronales et neuronogliales, tumeurs pinéales, tumeurs embryonnaires, tumeurs des plexus choroïdes, lymphomes primitifs, etc.). Les tumeurs extra-axiales sont représentées par les tumeurs des méninges (méningiomes, hémangiopéricytomes, métastases, lymphomes, sarcoïdose, etc.), les tumeurs des nerfs crâniens (schwannomes du VIII, des nerfs mixtes, du trijumeau, etc.), les lésions kystiques (kystes arachnoïdiens, kystes dermoïdes et épidermoïdes), les lipomes et les tumeurs de la région sellaire [375]. Les tumeurs intra-axiales sont en majorité des tumeurs histologiquement malignes, alors que les tumeurs extra-axiales sont plutôt des tumeurs bénignes.


L’imagerie a comme premier objectif la détection la plus précoce du processus tumoral devant les premiers symptômes cliniques (première crise d’épilepsie, signes de focalisations ou hypertension intracrânienne). Le deuxième objectif est de préciser la topographie de la lésion et d’établir la corrélation entre le tableau clinique et les données de l’imagerie. Le troisième objectif est de définir la nature de la lésion. Le quatrième objectif est d’apporter des informations topographiques, morphologiques, métaboliques et fonctionnelles utiles à la décision thérapeutique et à la surveillance du processus tumoral.


La scanographie reste souvent la première étape du diagnostic, notamment lorsqu’une première crise d’épilepsie révèle le processus tumoral intracrânien. Devant une première crise d’épilepsie, la sensibilité de la scanographie est de plus de 90 % pour le dépistage d’une étiologie tumorale ; les difficultés classiques sont liées à certaines topographies (tumeurs temporales) ou à certains types de tumeur, le glioblastome peut poser des problèmes d’identification au début de son évolution [264]. La sensibilité de la scanographie diminue nettement en cas de processus expansif développé au niveau de la fosse postérieure. L’IRM offre une sensibilité proche de 100 % pour le dépistage des tumeurs cérébrales symptomatiques ; seul le glioblastome peut poser des problèmes de diagnostic au début de son évolution [264]. L’IRM offre, outre ses possibilités classiques de confirmation du processus tumoral et de sa topographie grâce à l’imagerie multiplanaire, de nombreuses techniques complémentaires qui permettent de préciser la nature de la lésion (imagerie de susceptibilité magnétique, imagerie de diffusion, imagerie de perfusion et spectroscopie) ainsi que la topographie de la tumeur par rapport aux aires fonctionnelles grâce à l’imagerie fonctionnelle.


L’exploration d’un processus tumoral en scanographie nécessite un examen avant et après injection de contraste iodé. Si le diagnostic de tumeur est posé par une IRM réalisée en première intention, un examen scanographique réalisé sans injection de contraste est suffisant, mais indispensable pour démontrer d’éventuelles composantes hémorragiques ou calcifiées et pour l’analyse des structures adjacentes. La scanographie de perfusion peut se substituer à l’IRM de perfusion (voir ci-dessous et chapitre 9) ; l’angioscanner réalisé avec un appareil multicoupe présente des performances proches de celles de l’IRM.


L’exploration IRM d’un processus tumoral doit inclure au minimum des coupes sagittales en T1 et/ou axiales et coronales, des coupes axiales en densité protonique, en T2 et en FLAIR et trois plans de coupes en T1 après injection de contraste ; en cas de tumeur extra-axiale de type méningiome ou macro-adénome hypophysaire, une demi-dose de gadolinium est suffisante, alors que pour la recherche de métastases cérébrales une double dose est recommandée, voire même une triple dose pour la recherche de métastases leptoméningées, en cas de gliome une simple dose est suffisante. L’adjonction de coupes en imagerie de diffusion doit être systématique en cas de processus tumoral intra-axial, car elle apporte, d’une part, des informations sur la cellularité tumorale qui est corrélée à la malignité des tumeurs gliales et des lymphomes cérébraux primitifs et, d’autre part, des arguments définitifs pour le diagnostic différentiel entre tumeur et ischémie ou entre tumeur nécrosée et abcès en cas de prise de contraste annulaire [85, 170, 175, 179, 323]. Les coupes en T2 en écho de gradient sont indispensables pour confirmer les composantes hémorragiques ou calcifiées. L’ARM est surtout utile pour le bilan des tumeurs extra-axiales et apparaît indispensable, d’une part, pour l’analyse des artères de la base du crâne en cas de méningiome ou de tumeur hypophysaire et, d’autre part, pour rechercher des extensions veineuses en cas de méningiome développé à proximité du sinus sagittal ou transverse. L’imagerie de perfusion (en scanographie ou en IRM) est indiquée pour l’évaluation de la néoangiogenèse, ce qui permet le diagnostic différentiel entre tumeur gliale maligne et lymphome, entre radionécrose et récidive d’une tumeur gliale de grade élevé, mais apprécie aussi le grade de malignité d’une tumeur cérébrale, mais n’autorise pas le diagnostic différentiel entre tumeur intra-axiale maligne primitive et métastase [76, 85, 186, 271, 383, 452, 481, 486]. La spectroscopie protonique ne joue actuellement qu’un rôle limité dans le diagnostic de nature des processus tumoraux intracrâniens ; elle apparaît cependant utile pour le dépistage précoce des transformations de grade des tumeurs gliales de bas grade. Certains diagnostics différentiels sont facilités par la spectroscopie (abcès versus tumeur nécrosée, méningiome versus gliome, métastase versus gliome, etc.). L’imagerie par tenseur de diffusion permet l’étude des rapports des faisceaux de la substance blanche avec un processus tumoral. L’imagerie fonctionnelle établit les rapports des zones les plus fonctionnelles (aires du langage, aires motrices, aires visuelles) avec le processus tumoral.


Les tumeurs intra-axiales primitives sont dominées par les tumeurs gliales. L’imagerie oriente vers le grade de malignité du gliome ; ces informations sont basées sur la présence ou l’absence d’une prise de contraste, mais ces données ne sont pas formelles car plusieurs variétés de tumeurs gliales ou neuronales bénignes sont également caractérisées par un rehaussement sur les examens réalisés après injection de produit de contraste.


Dans la pratique quotidienne, la fréquence des métastases est nettement supérieure à celle des tumeurs primitives ; l’IRM est la méthode la plus efficace pour la recherche systématique de localisations secondaires cérébrales.



Tumeurs cérébrales primitives (tableau 7.1)



Classification anatomopathologique



Tumeurs gliales ou gliomes


Les tumeurs gliales sont représentées par les oligodendrogliomes, les astrocytomes et les épendymomes. La classification histologique WHO (Organisation mondiale de la santé) 2000 est universellement reconnue et reste le seul langage qui permette la confrontation internationale des études cliniques et radiologiques ; chaque variété tumorale peut être classée en grades (grading) de malignité croissante fondés sur le nombre de mitoses, le pourcentage de cellules indifférenciées, l’importance de la nécrose, le degré de prolifération vasculaire et le degré de polymorphisme ; le grading est un outil d’évaluation pronostique, un moyen d’obtention de groupes de patients homogènes qui présentent des pathologies identiques et qui peuvent être soumis à des protocoles diagnostiques et thérapeutiques ainsi qu’un outil décisionnel pour orienter les options thérapeutiques, c’est le langage commun des anatomopathologistes, des neurologues, des neurochirurgiens, des neuroradiologues et des neuro-oncologues [166, 171, 293, 312].



La classification WHO (OMS) 2007 des tumeurs cérébrales reconnaît [293] :



La classification de Sainte-Anne/Mayo Clinic proposée par Daumas-Duport modifie, d’une part, la classification des oligodendrogliomes en les classant en grade A (bas grades ou bénins) et B (hauts grades ou malins) et, d’autre part, renforce la place des oligodendrogliomes par rapport aux astrocytomes ; la différence entre les deux grades est partiellement basée sur l’absence (grade A) ou la présence (grade B) d’une prise de contraste en IRM, qui traduit la néoangiogenèse ; l’appréciation d’une prise de contraste peut cependant être délicate lorsqu’elle est discrète ; par ailleurs, la prise de contraste dépend de la quantité et peut-être du type de produit de contraste injecté ainsi que d’un certain nombre de paramètres techniques (modalités de l’injection, paramètres des séquences, type d’IRM) ; l’IRM de perfusion devrait permettre une évaluation plus précise de l’angiogenèse [116, 117, 119]. Pour les oligodendrogliomes diagnostiqués selon la classification de l’OMS, la prise de contraste ne semble pas être un élément déterminant pour différencier les tumeurs de haut et de bas grade, puisque plus de 50 % des tumeurs de bas grade sont rehaussées ; à l’opposé, certaines tumeurs de grade élevé ne présentent pas de prise de contraste [394, 508]. La classification de Sainte-Anne inclut dans le groupe des oligodendrogliomes un certain nombre d’astrocytomes [491] ;











Imagerie



Tumeurs gliales


Les tumeurs gliales sont représentées par les astrocytomes, les oligodendrogliomes et les épendymomes.



Tumeurs gliales hémisphériques de l’adulte


Elles représentent environ la moitié des tumeurs cérébrales primitives. Les tumeurs gliales diffuses ou infiltrantes sont les plus fréquentes. Il est classique de distinguer, d’une part, les tumeurs gliales de bas grade (astrocytomes de grade II, oligodendrogliomes de grade II selon la classification OMS, oligodendrogliomes de grade A selon la classification Sainte-Anne/Mayo Clinic) et, d’autre part, les tumeurs gliales de grade élevé (astrocytomes anaplasiques, oligodendrogliomes de grade III selon la classification OMS, oligodendrogliomes de grade B selon la classification Sainte-Anne/Mayo Clinic et glioblastomes). Ces tumeurs se localisent au niveau des lobes frontaux, temporaux et insulaires, avec parfois des lésions à cheval sur ces trois lobes, et beaucoup plus rarement au niveau des lobes pariétaux et occipitaux. Ces tumeurs peuvent être multifocales ; il s’agira le plus souvent de tumeurs de haut grade. Les tumeurs de bas grade ont une évolution lente avec des survies qui peuvent dépasser les 10 ans ; des transformations malignes sont possibles à tout moment. Les gliomes de bas grade sont classiquement révélés par des crises d’épilepsie partielle ; selon la localisation du processus tumoral, un déficit neurologique peut être noté. Les astrocytomes de grade II et les oligodendrogliomes de grade A s’observent chez l’adulte jeune. Les astrocytomes anaplasiques (grade III) et les oligodendrogliomes de grade B s’observent chez l’adulte d’âge moyen avec un pic de fréquence dans la cinquième décade, alors que les glioblastomes surviennent chez l’adulte après l’âge de 50 ans avec un pic de fréquence dans la sixième décade [21]. L’incidence des glioblastomes se situe entre 2,8 à 4,7 cas pour 100 000 habitants et par an, et celle de l’ensemble des gliomes malins est de 5,1/100 000/an. L’incidence des gliomes malins est en augmentation régulière depuis plusieurs décennies, probablement favorisée par des facteurs environnementaux (exposition aux champs magnétiques de basse fréquence ou à des substances chimiques telles que les dérivés nitrés) [375].



Gliomes de bas grade (astrocytomes de grade II, oligodendrogliomes de grade II ou oligodendrogliomes de grade A)

La scanographie démontre une lésion corticale et sous-corticale hypodense faiblement hétérogène, exceptionnellement isodense, aux contours souvent nets, non rehaussée après injection de contraste. Des calcifications sont souvent notées au niveau des oligodendrogliomes. Les formations kystiques sont rares. Lors du diagnostic initial, l’effet de masse se limite à un effacement des sillons corticaux ; en cas de tumeur plus volumineuse, un effet de masse peut être noté au niveau du système ventriculaire. En scanographie, un gliome de bas grade non calcifié peut être confondu soit avec une lésion ischémique, notamment en cas de localisation fronto-temporo-insulaire, soit avec une encéphalite herpétique en cas de localisation temporale antérieure et interne ; l’intégration des données de l’imagerie à celles de la clinique permet en général de lever de telles ambiguïtés.


L’IRM démontre une lésion qui élargit une ou plusieurs circonvolutions cérébrales et qui apparaît hypointense en T1, hyperintense en densité protonique, en T2 et en FLAIR et qui ne se rehausse pas ou très faiblement après injection de contraste. L’œdème périlésionnel est absent ou modéré. L’identification de calcifications tumorales est délicate en T1 et en T2; seul le T2 en écho de gradient peut démontrer de manière inconstante des foyers hypointenses au sein de la tumeur (Fig. 7.1 à 7.5). Les composantes kystiques apparaissent fortement hypointenses en T1, hyperintenses en T2 et hypointenses en FLAIR, mais avec un signal supérieur à celui du LCS (fig. 7.4). Exceptionnellement, l’IRM identifie une forme multifocale [238] (fig. 7.6 et 7.7). L’effet de masse sur les sillons corticaux écarte une ischémie ancienne ; l’imagerie de diffusion n’apporte aucune donnée spécifique, mais elle permet d’éliminer une ischémie récente.









L’astrocytome pilomyxoïde est un astrocytome de bas grade (grade II), dont les données de l’imagerie sont similaires à celles de l’astrocytome pilocytique mais pour lequel les données histologiques et le pronostic diffèrent, notamment pour les localisations hypothalamo-chiasmatiques et cérébelleuses avec possibilité de dissémination leptoméningée et d’hémorragie intratumorale [3, 276, 286, 328].


Le xanthoastrocytome pléomorphe est une tumeur gliale de grade II supratentorielle superficielle de topographie temporale, frontale ou pariétale diagnostiquée chez l’adulte jeune. La tumeur apparaît iso ou hypointense en T1, hyperintense en T2 avec prise de contraste intense. Des calcifications sont notées dans un quart des cas ; des composantes kystiques avec nodule mural sont observées dans 70 % des cas, une masse solide dans 30 % des cas ; une érosion de la voûte crânienne et une prise de contraste méningée sont possibles [108, 525].


L’astrocytome protoplasmique est un astrocytome rare de grade II, de topographie frontale et/ou temporale, principalement observé chez l’adulte jeune. La lésion est hypopintense en T1, hyperintense en T2; le signal est homogène et les limites nettes ; l’absence d’œdème périlésionnel est la règle, de même que l’absence de prise de contraste. En FLAIR, le signal est hypointense dans la partie centrale, alors que la périphérie est hyperintense avec une diminution de l’ADC à ce niveau. Le CBV est inférieur à celui de la substance blanche adjacente. En spectroscopie, le rapport choline/créatine n’est que modérément augmenté ; le NAA est fortement diminué ; un pic de myo-inositol est noté [464].


La spectroscopie n’apporte pas d’éléments spécifiques ; elle démontre une diminution du NAA et une augmentation de la choline. La spectroscopie protonique permet cependant de différencier une ischémie d’un gliome de bas grade et surtout un gliome de bas grade d’une malformation corticale focale ; en effet, la chute du NAA et l’augmentation de la choline sont plus marquées en cas de tumeur gliale de bas grade [496]. Les tumeurs qui présentent un rapport créatine / phosphocréatine bas, progressent moins rapidement et se transformeraient plus tardivement en gliome de grade élevé [187]. L’évaluation de la croissance tumorale sur une période de 6 mois semble mieux prédire l’évolution clinique que la mesure de l’ADC ou du CBV [55]. Une augmentation du CBV peut cependant précéder de 12 mois l’apparition de la prise de contraste qui signe la transformation d’un gliome de bas grade vers un gliome de haut grade [114]. L’imagerie de perfusion note un volume cérébral sanguin moins important que dans les gliomes de haut grade [180, 267]. En cas de gliome de bas grade, le potentiel évolutif semble d’autant plus élevé que le CBV est élevé [270]. La mesure du CBV doit exclure les vaisseaux intratumoraux [72]. La spectroscopie est plus efficace que la perfusion pour confirmer le grade tumoral [517].


L’évaluation de la FA (fraction d’anisotropie) permettrait de différencier les tumeurs gliales de bas grade des tumeurs de haut grade ; la FA est plus élevée dans les gliomes de haut grade ; les données de la littérature restent cependant contradictoires [509].


L’IRM est l’outil de choix pour assurer la surveillance des gliomes de bas grade ; une surveillance annuelle systématique est recommandée en l’absence de modifications du tableau clinique. La progression de nombreux gliomes de bas grade reste très limitée d’une année sur l’autre ; la comparaison attentive des IRM de contrôle doit s’attacher à évaluer l’évolution de l’effet de masse, l’évolution des modifications de signal, notamment l’apparition d’une prise de contraste ou éventuellement d’un œdème, voire d’une nouvelle lésion [362] (fig. 7.5). L’apparition d’une prise de contraste oriente vers un changement de grade avec transformation maligne, ce qui induit en général une modification de la prise en charge thérapeutique. La grossesse accélère la progression tumorale [363]. La surveillance spectroscopique permettrait un dépistage plus précoce de la transformation d’un gliome de bas grade en gliome de haut grade par la mise en évidence d’une augmentation progressive du pic de la choline, d’une diminution progressive du NAA et parfois par l’apparition d’un pic de lactate/lipides [336].



Gliomes de haut grade (astrocytomes anaplasiques ou astrocytome de grade III, oligodendrogliomes de grade III ou oligodendrogliomes de grade B et glioblastomes)

La scanographie démontre une lésion hypodense et hétérogène aux contours irréguliers avec une prise de contraste hétérogène ; la présence de prises de contraste annulaires oriente vers un glioblastome. Des calcifications peuvent être identifiées ; elles orientent vers la transformation maligne d’un oligodendrogliome de bas grade (fig. 7.8). Des foyers hémorragiques sont possibles ; rarement un hématome intracérébral révèle la tumeur. Un effet de masse marqué et une extension controlatérale sont souvent notés. L’association de composantes solides vascularisées, de kystes et de calcifications, oriente vers un oligodendrogliome de grade B.


L’IRM note une lésion de signal hétérogène lié à la présence de foyers nécrotiques et de formations kystiques, aux contours souvent irréguliers, de signal hypointense en T1, hyperintense en densité protonique, en T2 et en FLAIR, avec un œdème et un effet de masse marqué, parfois une extension controlatérale et un rehaussement hétérogène nodulaire et/ou annulaire après injection de contraste [119] (Fig. 7.8 à 7.11). En T2, l’hyperintensité de la tumeur est variable : la composante charnue présente le signal hyperintense le moins marqué, alors que les composantes nécrotiques et kystiques apparaissent avec un signal fortement hyperintense ; l’œdème présente un signal hyperintense intermédiaire. La cartographie du T2 (qui correspond au T2* corrigé des effets spin-spin, ce qui lui permet de ne refléter que l’influence de la déoxyhémoglobine selon la formule 1/T2′ = 1/T2* − 1/T2 reflète la consommation d’oxygène ; le signal est par conséquent nettement plus bas dans les tumeurs qui présentent les grades de malignité les plus élevés du fait de l’augmentation du métabolisme et de la consommation d’oxygène [409, 434]. La présence de prises de contraste annulaires en rapport avec des zones nécrotico-kystiques oriente plutôt vers un glioblastome (Fig. 7.12 à 7.15). Le caractère multifocal de la lésion est plutôt en faveur d’un glioblastome [260] (fig. 7.16 et 7.23). L’oligodendrogliome de grade B présente classiquement une composante charnue vascularisée, une ou plusieurs composantes kystiques et souvent une composante calcifiée ; cette dernière n’est qu’inconstamment visualisée en IRM et nécessite l’utilisation de coupes en T2 en écho de gradient. Les localisations cérébelleuses de tumeurs gliales de grade élevé sont rares (fig. 7.17). Des composantes hémorragiques hyperintenses en T1 et hypointense en T2, notamment en écho de gradient, sont possibles dans les oligodendrogliomes de grade B et les astrocytomes anaplasiques et sont assez souvent identifiées dans les glioblastomes (fig. 7.18). Un hématome intracérébral révèle parfois une tumeur gliale de grade élevé ; l’identification de zones de densité et de signal hétérogènes avec des prises de contraste hétérogènes à proximité de l’hématome permet habituellement de suspecter le caractère secondaire de l’hématome (fig. 7.18 et 7.19) (voir chap. 1). Une ischémie avec déficit neurologique aigu peut révéler exceptionnellement une tumeur gliale de grade élevé ; l’ischémie est induite par l’envahissement vasculaire par le processus tumoral ; l’IRM couplée à l’imagerie de diffusion (avec mesure de l’ADC) et à la perfusion (mesure du TTP et du MTT en sus du CBV) permet d’évoquer le diagnostic [89] (fig. 7.20). Le glioblastome peut envahir la dure-mère ; cette dernière apparaît épaissie et rehaussée par l’injection de gadolinium ; des problèmes de diagnostic différentiel avec un méningiome peuvent alors se poser (fig. 7.21 et 7.22). La recherche d’une carcinomatose méningée doit être systématique ; elle se présente sous la forme d’une prise de contraste au sein des citernes de la base et des sillons corticaux en T1 et en FLAIR après injection de contraste [248, 379] ; cette dernière séquence semble être la plus efficace au niveau de l’encéphale, notamment grâce à l’utilisation de coupes tardives [172, 247] ; en cas de symptômes médullaires et/ou radiculaires, il est indiqué de compléter l’exploration cranioencéphalique par une IRM en T1 après injection de contraste (double, voire triple dose) au niveau de l’ensemble du canal rachidien (Fig. 7.23 à 7.25). La possibilité de prises de contraste de nature artefactuelle au sein de l’espace sous-dural du canal rachidien dans les semaines qui suivent l’exérèse d’une tumeur intracrânienne et plus particulièrement au niveau de la fosse postérieure, rend la recherche de localisations sous-arachnoïdiennes intracanalaires délicate, avec possibilités de faux positifs [501].




















Tout processus tumoral intracérébral doit bénéficier d’une imagerie de diffusion. Devant une lésion expansive à prise de contraste annulaire, l’imagerie de diffusion permet aisément le diagnostic différentiel entre tumeur et abcès, en démontrant un ADC diminué dans les abcès (le pus est hyperintense) et un ADC augmenté en cas de processus tumoral nécrosé (la nécrose centro-tumorale apparaît hypointense) [85, 170, 179, 323]. Les échecs sont rares mais possibles lorsque la nécrose tumorale est hémorragique [329]. L’imagerie de diffusion apporte des informations sur la malignité des tumeurs cérébrales intra-axiales. Elle démontre en effet une réduction de l’ADC avec un signal hyperintense en cas de processus tumoral hypercellulaire, cette hypercellularité est en général proportionnelle au grade de malignité ; des anomalies identiques sont notées dans les lymphomes cérébraux [63, 85, 175, 240, 243, 263, 447] (fig. 7.26). En cas de nécrose tumorale, la zone active de la tumeur est identifiée sous la forme d’une prise de contraste annulaire et la présence d’un signal hyperintense en imagerie de diffusion (fig. 7.27). Le pronostic est d’autant plus péjoratif que le signal est plus hyperintense et l’ADC plus diminué [350]. À 3 T, l’IRM de diffusion avec une valeur de b élevé (b = 3 000) note un signal toujours hyperintense au sein des gliomes de grade élevé et une absence d’augmentation du signal pour les tumeurs gliales de bas grade [10]. L’augmentation du signal qui est corrélé à une diminution de l’ADC est proportionnelle au grade des gliomes de grade élevé [429]. L’imagerie par tenseur de diffusion analyse la topographie des principaux faisceaux de la substance blanche par rapport à la tumeur et reconnaît leur refoulement ou leur infiltration [147, 294, 295, 341, 384, 441, 480] (fig. 7.11). Il existe une bonne corrélation entre les stimulations peropératoires sous-corticales et la tractographie des faisceaux impliqués dans le langage [274].




L’intensité de la prise de contraste en IRM est liée à la densité de la microvascularisation tumorale [484]. L’imagerie de perfusion évalue l’angiogenèse tumorale grâce à la mesure du volume cérébral sanguin au sein de la lésion. L’angiogenèse et le CBV sont d’autant plus élevés que le grade de malignité d’une tumeur intra-axiale est haut ; l’étude doit évidemment porter sur la zone active de la lésion et doit exclure les zones nécrosées et/ou calcifiées (fig. 7.11). L’augmentation marquée du CBV constitue un argument pronostique péjoratif en faveur d’une récidive précoce [42, 194]. L’imagerie de perfusion basée sur l’ASL est moins performante [346]. L’imagerie de perfusion permet théoriquement le diagnostic différentiel entre tumeur gliale maligne et lymphome, entre radionécrose et récidive d’une tumeur gliale de grade élevé ; le CBV est en effet peu augmenté en cas de lymphome et de radionécrose. Les informations fournies par l’IRM de perfusion peuvent également être obtenues par la scanographie de perfusion [76, 78, 75, 186, 271, 383, 452, 457, 486].


La spectroscopie démontre une diminution du NAA, une augmentation de la choline et un pic de lactate et de lipides [85, 268, 269, 315]. Un pic élevé de lactates/lipides et de choline/créatine semble être un élément de mauvais pronostic [258, 350]. L’augmentation de la choline (rapport Cho/NAA) au niveau de l’œdème péritumoral confirme l’infiltration tumorale à ce niveau et permet le diagnostic différentiel avec une métastase cérébrale qui présente un œdème sans infiltration cellulaire [430].


L’IRM multimodale associant les séquences conventionnelles (T1, T2, T2* écho de gradient, diffusion, T1 après injection de gadolinium), l’IRM de perfusion et la spectroscopie sont efficaces pour orienter le diagnostic de nature et évaluer le grade de malignité d’un processus tumoral intracrânien (fig. 7.28).



L’IRM fonctionnelle occupe une place de plus en plus importante pour le repérage préopératoire des zones fonctionnelles motrices, visuelles et du langage [45]. La corrélation entre la stimulation et l’IRM fonctionnelle n’atteint cependant pas 100 % [140, 280].



Gliomes du tronc cérébral


Ils représentent 10 à 20 % des tumeurs intracrâniennes primitives de l’enfant ; ils se localisent au niveau de la protubérance dans 50 % des cas, du bulbe dans 30 % des cas et, plus rarement, au niveau des pédoncules cérébraux et de la plaque tectale. Les tumeurs de la protubérance sont représentées par des astrocytomes fibrillaires, qui peuvent présenter une dégénérescence maligne, des oligodendrogliomes, le plus souvent de haut grade, et des glioblastomes [375, 413]. Les tumeurs de la jonction bulbomédullaire correspondent principalement à des astrocytomes pilocytiques, qui présentent des extensions cisternales et/ou intraventriculaires. Les localisations tectales sont classiques, notamment chez l’enfant et apparaissent de bas grade et peu évolutives [106].


Divers aspects sont décrits en imagerie. Les tumeurs infiltrantes de la protubérance élargissent le tronc, mais n’induisent que tardivement une hydrocéphalie ; ces tumeurs apparaissent souvent isodenses en scanographie, ce qui rend leur diagnostic particulièrement difficile. En IRM, ces tumeurs sont iso ou hypointenses en T1, hyperintenses en densité protonique, en T2 et en FLAIR. Les tumeurs de bas grade ont un signal homogène et ne présentent pas de prise de contraste, alors que les tumeurs de grade élevé se traduisent par un signal hétérogène et une prise de contraste, qui délimite souvent des zones de nécrose (Fig. 7.29 à 7.33). L’imagerie de susceptibilité permet de démontrer des foyers hémorragiques dans près de la moitié des cas [289]. Les zones hypointenses en T2 correspondent probablement à des foyers d’anaplasie [288]. Les tumeurs malignes de type glioblastome présentent parfois un développement exophytique et peuvent envahir l’angle pontocérébelleux et les conduits auditifs internes [259] (fig. 7.33).


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May 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 7: Tumeurs cranioencéphaliques : tumeurs intra-axiales

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