CHAPITRE 62 PRATIQUE DE LA PHARMACIE CLINIQUE AU LIBAN
INTRODUCTION
Le Liban est un petit pays au Moyen-Orient avec une superficie de 10 452 km2 et une population d’environ 4 millions d’habitants. Ce pays abrite cinq facultés de pharmacie dont deux enseignent en langue française. La première est la faculté de pharmacie de l’Université libanaise (UL), seul établissement public fondé en 1982, et la deuxième privée, celle de l’Université Saint-Joseph (USJ). Les trois autres facultés privées dont l’enseignement est assuré en anglais sont l’Université arabe de Beyrouth (BAU), l’Université libano-américaine (LAU) et, la plus récente, l’Université libanaise internationale (LIU). Chacune de ces facultés applique la pharmacie clinique selon ses conventions avec les pays de l’étranger et ses moyens logistiques [1, 2].
Le concept de la pharmacie clinique au Liban a été introduit pour la première fois par l’Université libanaise en 1992 (sur un décret établi par le gouvernement libanais). Le programme d’enseignement de l’Université libanaise a dans son commencement suivi le modèle rigoureux des États-Unis de l’enseignement de pharmacie clinique. À cette période, les études de pharmacie se déroulaient sur 5 ans donnant lieu à un diplôme de pharmacie. Un premier diplôme de docteur en pharmacie clinique (PharmD), séparé du cursus des études pharmaceutiques destiné aux pharmaciens diplômés, a été créé et délivré en vue d’une 6e année de stage dans les différents services et unités de soins hospitaliers. En 1996, cette 6e année a été ensuite intégrée dans le cursus des études pharmaceutiques, aboutissant après la soutenance d’une thèse de fin d’étude, à la délivrance d’un diplôme de doctorat d’exercice en pharmacie, l’équivalent du PharmD. Depuis octobre 2010, date de la mise en application à la Faculté de pharmacie de l’UL de la nouvelle reforme concernant le système d’enseignement « LMD », le cursus des études pharmaceutiques qui remplacera l’ancien système est prévu sur 5 ans donnant lieu à un diplôme de docteur en pharmacie (Pharm D). La compensation de la 6e année stage clinique détachée du cursus d’études, sera assurée par le lancement d’un diplôme de Master professionnel (M2Pro) en pharmacie clinique prévu pour l’année universitaire 2011-2012 [3].
Quant aux autres facultés de pharmacie, l’intégration de la discipline de pharmacie clinique dans leur enseignement a commencé avec l’USJ suivi respectivement par la LAU, la BAU et plus récemment la LIU. Ces facultés offrent actuellement à leurs étudiants une variété de cours didactiques et expérimentaux pour les préparer à une carrière en pharmacie clinique [1, 3].
Ainsi, 20 ans après l’introduction du concept de la pharmacie clinique au Liban, son application demeure jusqu’à l’heure éducative et non appliquée au niveau professionnel, bien qu’elle soit enseignée par toutes les facultés de pharmacie, et requises par le système d’accréditation des hôpitaux établi par le ministère de la Santé [3]. D’ailleurs, quelques hôpitaux libanais ont actuellement pris l’initiative de créer un poste de pharmacien clinicien dans leur institution. Il faut tout de même noter qu’un projet de loi gouvernemental obligeant chaque hôpital d’intégrer un pharmacien clinicien dans l’équipe médicale est actuellement attendu.
APPLICATION DE L’EXERCICE DE PHARMACIE CLINIQUE
Afin de préparer les étudiants à leur stage clinique et de leur assurer une bonne formation en pharmacie clinique facilitant leur intégration dans l’équipe médicale, les enseignants de pharmacie clinique à l’UL ont préparé un manuel de rotation utilisé par les pharmaciens stagiaires dans les différentes unités de soins. L’objectif de ce manuel, inspiré des travaux de Hepler et Strand [4, 5], comme dans le modèle canadien, consiste à guider les étudiants dans leurs tâches quotidiennes et les inciter à poser les questions pertinentes à chaque étape de prestations de soins prodiguée au patient et, ce, aux différents niveaux de sa thérapie médicamenteuse.