6 L’intervalle PR
Une fois que le nœud sinusal a généré un stimulus électrique, ce dernier devra être transmis à travers les oreillettes, le nœud auriculo-ventriculaire (AV) et le faisceau de His pour atteindre les ventricules et déclencher la contraction cardiaque. La durée de cette transmission est principalement occupée par le passage de l’influx électrique à travers le nœud auriculo-ventriculaire qui joue le rôle de régulateur de la conduction. Cette durée correspond à l’intervalle PR de L’ECG (figure 6.1).
Fig. 6.1 L’intervalle PR
Point clé : l’intervalle PR est mesuré du début de l’onde P au début de l’onde R
L’intervalle PR possède des limites précises dans le temps. À l’état normal, cet intervalle est :
L’intervalle PR est-il d’une durée inférieure à 0,12 seconde ?
Un intervalle PR court vous poussera par conséquent à évoquer :
Rythmes prenant naissance dans le nœud auriculo-ventriculaire
Si la dépolarisation est initiée dans le nœud auriculo-ventriculaire (AV), l’onde de dépolarisation auriculaire va cheminer de manière rétrograde dans les oreillettes en même temps qu’elle va parcourir le nœud auriculo-ventriculaire de manière antérograde pour gagner les ventricules. Ainsi, le délai entre la dépolarisation auriculaire (l’onde P) et la dépolarisation ventriculaire (le complexe QRS) sera réduit (figure 6.2).
On trouvera au chapitre 3 une discussion sur la manière d’identifier et de prendre en charge tous ces troubles du rythme. Les extrasystoles auriculaires naissant près du nœud AV seront également pourvus d’un intervalle PR plus court que les complexes normaux d’origine sinusale, mais avec une durée de PR rarement inférieure à 0,12 s.
Syndrome de Wolff-Parkinson-White
Chez la plupart des gens, la conduction électrique à travers le cœur suit un seul chemin des oreillettes aux ventricules, à savoir le nœud AV, le faisceau de His et les fibres de Purkinje. Certaines personnes possèdent une connexion supplémentaire entre oreillettes et ventricules – c’est le syndrome de Wolff-Parkinson-White (WPW) (figure 6.3).
Fig. 6.3 Syndrome de Wolff-Parkinson-White
Point clé : le faisceau accessoire est situé entre oreillettes et ventricules
La voie accessoire (appelée faisceau de Kent) conduit plus rapidement que le nœud AV, ce qui fait que l’onde de dépolarisation atteint les ventricules plus rapidement que de coutume, avec pour conséquence un raccourcissement de l’espace PR. La région du ventricule activée par l’intermédiaire de la voie accessoire se dépolarise lentement, donnant naissance à une onde delta – la partie initiale du complexe QRS (figure 6.4). Peu après, le reste du muscle ventriculaire est dépolarisé rapidement avec l’arrivée de l’onde de dépolarisation normalement conduite à travers le nœud AV.
Fig. 6.4 Onde delta
Point clé : la branche ascendante difficile à distinguer du complexe QRS est l’onde delta
La figure 6.5 montre un ECG 12 dérivations enregistré chez un patient atteint d’un syndrome de WPW.
La prise en charge des arythmies dans le syndrome de WPW est évoquée en détail page 42. Si un patient porteur d’un syndrome de WPW a recours à quelque geste chirurgical que ce soit, l’anesthésiste devra être informé des données ECG.
Le syndrome de Long-Ganong-Levine
Les patients atteints d’un syndrome de Long-Ganong-Levine (LGL) possèdent également une voie accessoire (appelée faisceau de James). Mais contrairement au faisceau de Kent du syndrome de WPW, le faisceau de James n’active pas directement le muscle ventriculaire. Au lieu de cela, il relie simplement les oreillettes au faisceau de His (figure 6.6).