Chapitre 6 Hystérectomie vaginale « sans fils »
La technique héritée des fondateurs autrichiens pour l’hystérectomie vaginale reste largement utilisée. Elle a cependant été modernisée grâce à l’apparition de moyens plus ou moins sophistiqués d’hémostase remplaçant la ligature à l’ancienne. On arrive à l’hystérectomie « sans fils », ce qui est une demi-vérité : la suture vaginale se fait encore aux fils.
Depuis le constat avéré d’une réduction de la douleur postopératoire par l’utilisation de la cœlioscopie1, il était urgent de trouver des solutions pour rendre l’hystérectomie vaginale aussi indolore que l’hystérectomie cœlioscopique. La solution est simple : utiliser la même technique d’hémostase par coagulation bipolaire. On arrive ainsi à un concept d’hystérectomie vaginale sans fil (seule la fermeture vaginale reste un terrain de chirurgie traditionnelle avec fils et surjets).
Finalement, l’hystérectomie vaginale devient une « hystérectomie cœlioscopique par voie basse ». Les mêmes instruments d’hémostase peuvent être utilisés : la pince bipolaire cœlioscopique est la moins coûteuse. D’autres techniques sophistiquées de coagulation bipolaire asservie (LigaSure®, BiClamp®, Thermofusion®) peuvent être légitimement employées et leur usage sera décrit à la fin de ce chapitre. On se méfiera cependant des instruments trop larges, qui imposent de prendre en masse une grande épaisseur de tissu : l’uretère n’est jamais loin et n’aime pas la chaleur diffusée par ces instruments. Le scalpel harmonique (UltraCision®) peut également être utilisé, avec l’avantage d’une section simultanée et d’une largeur adaptée et l’inconvénient de ne pas tolérer les tractions, qui sont la clé de l’établissement de la vision en chirurgie vaginale et qui conduisent le tissu à se déchirer avant que l’hémostase soit acquise.
Hystérectomie par coagulation bipolaire
C’est donc l’hystérectomie par coagulation bipolaire par voie basse qui sera illustrée. Elle commence par des temps décrits dans le Chapitre 5, « Hytérectomie vaginale “classique” » :
L’ouverture large du septum vésico-utérin est la deuxième condition de la vision des pédicules et de leur hémostase sous vision directe (et non aveugle comme pratiquée avec une technique de clampage mal maîtrisée). Il est conseillé de la boucle de l’artère utérine, mise en évidence par une extension à droite et à gauche de la séparation utérovésicale, et par un geste du doigt en crochet placé dans le cul-de-sac de Douglas et repoussant la face postérieure du ligament large. C’est après ce temps que l’utérus, fortement tracté vers le champ opératoire par les pinces cervicales, apparaît comme fixé par seulement deux (une à droite, une à gauche) structures fibreuses à direction postérolatérale (dorsolatérale) (fig. 6.1). L’hystérectomie sans fils peut commencer.