Chapitre 5. Masses cardiaques, péricardites et myocardites
Anitha Varghese and Ping Chai
Introduction
Masses cardiaques, péricardites et myocardites
La détection et la caractérisation des masses cardiaques et péricardiques constituent une indication de classe I en IRM cardiaque.
L’IRM cardiaque, dans le cadre des péricardites constrictives et des épanchements péricardiques, constitue des indications de classe II et de classe III. L’IRM cardiaque est en cours d’évaluation pour l’étude des myocardites.
Masses cardiaques
Masses cardiaquesLe protocole utilisé pour l’évaluation des masses cardiaques doit être en mesure de répondre aux questions suivantes:
1. l’analyse anatomique: l’IRM cardiaque est apte à préciser la taille, l’extension, les rapports anatomiques de la masse aux structures voisines, dans les trois dimensions de l’espace, en se servant d’images en haute résolution;
2. l’analyse de la fonction cardiaque;
3. la caractérisation tissulaire peut se faire à l’aide de séquences d’écho de spin, d’écho de gradient, en se servant de séquences avec suppression de la graisse et de coupes précoces et tardives après injection de gadolinium.
Thrombus
ThrombusLes thrombus constituent les masses cardiaques de loin les plus fréquentes. Ces thrombus, qu’ils soient auriculaires ou ventriculaires, sont facilement visualisés en IRM en se servant de séquences d’écho de spin, d’écho de gradient ou de séquences après injection de gadolinium (figure 5.1). Sur les séquences d’écho de spin pondérées en T1, le thrombus a généralement un signal intermédiaire, un peu supérieur à celui du myocarde et du sang. Sur les séquences d’écho de spin pondérées en T2, le thrombus est généralement entouré d’un liséré de flux lent à l’origine d’un signal plus élevé que celui du thrombus, et qui permet de bien différencier le thrombus du myocarde de voisinage. Avec les séquences ciné-IRM et de cartographie des vitesses, le thrombus a un signal beaucoup plus bas que celui du flux sanguin. L’injection de gadolinium augmente encore la sensibilité de la méthode en montrant une lésion non rehaussée par l’injection de produit de contraste sur les séquences précoces comme sur les séquences tardives. En cas de thrombus ventriculaire gauche, il est habituel de visualiser sur les séquences tardives une zone d’infarcissement myocardique en regard du thrombus. C’est effectivement très fréquemment au voisinage d’une zone akinétique ischémique que le thrombus s’est développé. En cas de thrombus auriculaire, on visualise souvent une dilatation de l’oreillette gauche et de l’auricule gauche, comme en échographie cardiaque transthoracique.
Figure 5.1 |
Tumeurs
tumeurs cardiaquesLes tumeurs cardiaques secondaires sont plus fréquentes que les tumeurs cardiaques primitives. Dans les deux cas, leur incidence est rare, avec une fréquence de découverte autopsique de 1 % et de 0,05 % respectivement. L’envahissement cardiaque de voisinage est généralement asymptomatique et limité à la couche épicardique. Quand il existe un retentissement clinique, c’est le plus souvent la traduction d’un épanchement péricardique de grande abondance avec des signes en rapport avec une tamponnade, des troubles du rythme, une cardiomégalie ou une insuffisance cardiaque. Des lésions de voisinage, comme le cancer bronchique primitif, le cancer du sein ou l’adénocarcinome rénal, peuvent atteindre l’oreillette droite (figure 5.2). Les métastases cardiaques sont généralement la conséquence de mélanome malin, de leucémie ou de lymphome.
Figure 5.2 |
La majorité des tumeurs cardiaques primitives sont bénignes, les plus fréquentes étant des myxomes auriculaires (45 % des cas) et des lipomes cardiaques (20 % des cas) [figure 5.3]. Les tumeurs malignes constituent environ un quart des tumeurs cardiaques. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit de sarcome (95 % des cas). L’évaluation anatomique en IRM cardiaque de l’extension intra- et extracardiaque a d’évidentes implications en matière de bilan d’extension, de traitement chirurgical et de surveillance (figure 5.4). En IRM cardiaque, la différenciation entre les tumeurs malignes et les tumeurs bénignes se sert de principes généraux communs aux autres méthodes d’imagerie et de signes plus spécifiques. D’une manière générale, la malignité est plus fréquente en cas de volumineuse tumeur ayant une base d’implantation large intéressant plusieurs cavités cardiaques ou les troncs supra-aortiques, et caractérisée par une atteinte péricardique ou extracardiaque associée. Plus spécifiquement, on se sert des capacités du contraste spontané de bonne qualité en T1 et en T2 pour aider à la caractérisation des masses. L’existence d’un hypersignal sur les séquences pondérées en T1 peut être la traduction de lésions kystiques présentant une concentration protéique élevée, de tumeurs graisseuses (lipome, liposarcome), de remaniements hémorragiques récents ou de mélanome. L’existence d’un hyposignal sur les séquences pondérées en T1 est généralement observée dans les lésions kystiques, au sein des malformations vasculaires, en cas de lésion calcifiée, ou lorsqu’une masse présente un contingent aérique.
Figure 5.3 |
Figure 5.4 |
Sur les séquences pondérées en T2, les lésions kystiques sont à l’origine d’un signal élevé, non diminué après suppression de la graisse. Les séquences de perfusion précoces sont aptes à démontrer le rehaussement des tumeurs hypervasculaires (hémangiome, angiosarcome) et permettent parfois la visualisation directe des vaisseaux tumoraux. Sur les séquences tardives, les lésions tumorales sont généralement à l’origine d’un hyposignal avec des zones rehaussées en rapport avec des lésions de nécrose ou de fibrose, avec prise de contraste au sein de l’espace interstitiel (figure 5.5). On ne met pas en évidence de rehaussement dans les lésions kystiques et dans la majorité des tumeurs bénignes avec les exceptions des hémangiomes, des myxomes et des fibromes (figure 5.6).