CHAPITRE 46 TRAITEMENT DES INFECTIONS DIGESTIVES
(À L’EXCEPTION DE L’ULCÈRE À HELICOBACTER PYLORI ET DES DIARRHÉES INFECTIEUSES)
GÉNÉRALITÉS
Les infections intra-abdominales (IIA) englobent de nombreuses conditions pathologiques. Elles concernent le péritoine (péritonite) et les organes creux et pleins intra-abdominaux (foie, voies biliaires, rate, pancréas, intestin grêle, côlon et appendice). Les IIA sont habituellement classées en IIA compliquée (IIAc) et non compliquée. Les IIAc représentent une cause importante de morbidité et peuvent être associées à un pronostic défavorable particulièrement chez les patients reconnus à haut risque (tableau 46.1).
Retard à la prise en charge > 24 h |
Score APACHE II > ou = 15 |
Âge > ou = 75 ans |
Comorbidités et sévérité des dysfonctions d’organes |
Hypoalbuminémie |
État nutritionnel dégradé |
Péritonite diffuse |
Contrôle chirurgical inadéquat |
Néoplasie |
PHYSIOPATHOLOGIE ET ASPECT CLINIQUE
La description des différentes entités cliniques se fait classiquement de manière topographique en distinguant l’étage sus-mésocolique de l’étage sous-mésocolique (figure 46.1).
Infection du foie et des voies biliaires
Forme clinique : Le tableau de CA est franc et s’installe de manière brutale. Il associe fièvre élevée (39 ºC ou plus) et douleur de l’hypocondre droit. La palpation de la vésicule biliaire est douloureuse (signe de Murphy). Le bilan biologique met en évidence une hyperleucocytose à polynucléaires associée à une augmentation modérée des enzymes hépatiques (SGOT, SGPT). La place des hémocultures est limitée.
Les principales complications sont le sepsis, l’abcès ou la péritonite.
Les abcès hépatiques correspondent à deux situations différentes :
– les abcès à pyogènes : c’est la situation la plus fréquente. Ils sont d’origine biliaire ou secondaire à une lésion colique sous-jacente ou à une lésion de voisinage ;
– les abcès parasitaires : l’ameobose hépatique (Entamoeba histolytica) doit être évoquée en cas de notion de séjour en zone tropicale. D’autres parasites peuvent éventuellement être envisagés : hydatidose et échinococcose alvéolaire.
L’échographie ou le scanner sont les examens d’imagerie de choix (taille et localisation des abcès).
Infection de l’intestin grêle
Le tableau clinique est variable en fonction des différentes étiologies.
Infection de l’appendice iléo-cæcal
Les examens microbiologiques se limitent aux prélèvements peropératoires.
Péritonite
La péritonite d’origine infectieuse est une inflammation aiguë du péritoine due à une inoculation septique à partir d’un organe intrapéritonéal (péritonite secondaire), plus rarement par voie systémique ou dans les suites d’une dialyse (péritonite primitive). Ces données physiopathologiques ont servi de base à de nombreuses classifications dont celle de Hambourg est la plus utilisée (tableau 46.2).
Le cliché d’abdomen sans préparation a un faible rendement mais peut objectiver un pneumopéritoine. Le scanner doit être réservé aux formes douteuses mais sa normalité n’élimine pas le diagnostic.
PRISE EN CHARGE DES INFECTIONS DIGESTIVES
Toute symptomatologie abdominale aiguë fébrile doit faire évoquer une infection intra-abdominale. En dehors de quelques situations bien définies, la prise en charge des infections digestives doit être médico-chirurgicale, situation souvent urgente dans laquelle le pronostic vital peut être engagé. En effet, au cours des infections intra-abdominales, un geste chirurgical adapté permettant le contrôle de la source infectieuse et le drainage des collections purulentes est indispensable au succès (tableau 46.3). Les conditions locales de l’infection (inoculum élevé, débris cellulaires, corps étrangers, pH acide) réduisent l’efficacité des antibiotiques.
Contrôle de la source | Mortalité |
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Contrôle chirurgical possible | 13 % |
Contrôle chirurgical impossible | 27 % |