CHAPITRE 44 TRAITEMENT DES INFECTIONS OSSEUSES
PHYSIOPATHOLOGIE ET ASPECT CLINIQUE
Ostéomyélite – ostéite
L’ostéomyélite aiguë habituellement d’origine hématogène correspond à l’infection osseuse avant établissement de la nécrose osseuse. L’ostéite, terme générique regroupant les infections osseuses traumatiques ou survenant après geste chirurgicale, sont séparés en ostéite aiguë (l’infection évolue depuis moins d’un mois) ou ostéite chronique si évolution supérieure à un mois. L’ostéomyélite chronique (infection hématogène évoluant depuis plus d’un mois) présente des foyers d’ostéonécrose nécessitant le plus souvent un geste chirurgical de débridement associé à une antibiothérapie. La réaction inflammatoire due à la présence de bactéries entraine des thromboses vasculaires avec disparition de nombreux ostéocytes et constitution de séquestres osseux dévascularisés (ostéothrombophlébites septiques).
Plusieurs classifications sont proposées. La classification de Cierny-Mader est la plus utilisée et correspond au site anatomique de l’infection et l’état physiopathologique de l’hôte (tableau 44.1). Elle comprend quatre types anatomiques (médullaire, superficiel, localisé et diffus) et trois états physiopathologiques (absence d’anomalie, anomalie généralisée et/ou localisée, patient ayant un risque opératoire majeur), 12 combinaisons étant possibles.
– Chez le jeune enfant en période de croissance, l’ostéomyélite aiguë se situe au niveau des cartilages de croissance et se manifeste par l’apparition brusque d’une fièvre élevée (≥ 38,5 ºC) et une impotence fonctionnelle. L’examen clinique met en évidence une douleur exquise au niveau de la métaphyse de l’os atteint alors que la mobilisation douce de l’articulation ne déclenche pas de douleur.
– Chez l’adulte, dans la période post-traumatique ou postopératoire précoce, l’ostéite se présente principalement sous la forme d’une inflammation locale, douleur, écoulement de la cicatrice sans présence obligatoire de fièvre. En cas d’infection tardive, c’est l’absence de consolidation radiologique et l’apparition ou la persistance de douleurs qui suggèrent le diagnostic.
Infection sur prothèse
– dans un 1er temps, la bactérie adhère au matériel (étape réversible) ;
– puis survient la colonisation du matériel (étape irréversible) ;
– les bactéries s’organisent ensuite en biofilm constitué de substances polysaccharidiques (slime).
– L’infection postopératoire précoce (dans le mois postopératoire) se révèle par un problème cicatriciel (cicatrice inflammatoire et/ou désunion et/ou écoulement purulent). Plus rarement, il s’agit d’un sepsis en période postopératoire.
– En cas d’infection retardée (2 à 6 mois) ou tardive (> 6 mois postopératoire), c’est la douleur persistante qui oriente vers le diagnostic. Dans cette situation, le syndrome infectieux est inconstant. La présence d’une fistule signe formellement le diagnostic.
– Les manifestations cliniques de l’infection aiguë hématogène sont celles de l’arthrite aiguë.
– En cas d’infection postopératoire précoce, le diagnostic microbiologique est assuré par les prélèvements peropératoires réalisés lors de la réintervention et éventuellement par les hémocultures.
– En cas d’infection retardée ou tardive, le diagnostic est étayé en fonction du contexte clinique par la radiographie standard, la scintigraphie couplée (osseuse et/ou utilisant des leucocytes marqués ou anticorps antinucléaires), la ponction voire le scanner ou l’IRM. La ponction permet une première approche microbiologique (positive dans environ 70 % des cas). Le diagnostic microbiologique le plus fiable est apporté par les prélèvements peropératoires.