44: TRAITEMENT DES INFECTIONS OSSEUSES

CHAPITRE 44 TRAITEMENT DES INFECTIONS OSSEUSES







PHYSIOPATHOLOGIE ET ASPECT CLINIQUE




Arthrite aiguë


Certaines propriétés des bactéries (virulence, tropisme pour l’articulation) et la sensibilité de la synoviale favorisent l’atteinte articulaire. Les bactéries ayant la plus grande affinité pour la synoviale sont Staphylococcus aureus, les streptocoques et le gonocoque.


La présence de ces bactéries dans l’articulation entraîne une réponse inflammatoire de l’hôte (relargage de cytokines pro-inflammatoires et activation du complément) entraînant la dégradation du cartilage. L’épanchement purulent intra-articulaire inflammatoire détruit les chondrocytes et provoque la nécrose du cartilage, l’infection pouvant alors se propager facilement dans l’os sous-jacent. L’arthrite aiguë est une urgence thérapeutique afin d’éviter la destruction de l’articulation. L’ostéo-arthrite est une arthrite septique avec atteinte osseuse.


Forme clinique : Il s’agit habituellement d’une atteinte monoarticulaire avec apparition d’une douleur aiguë associée à une impotence fonctionnelle et des signes inflammatoires au niveau de l’articulation atteinte (gonflement articulaire, rougeur).


L’atteinte polyarticulaire plus rare est plus souvent observée en cas d’infection par Staphylococcus aureus ou le gonocoque.


L’examen clinique s’attachera à rechercher une porte d’entrée : foyer infectieux à distance (cutané, urinaire, …), geste invasif (ponction, infiltration, …) ou traumatisme récent.


La ponction articulaire est le geste clé de la prise en charge. Elle permet le diagnostic différentiel (arthrite microcristalline, arthrite septique) et la documentation microbiologique. Des hémocultures doivent être réalisées.



Ostéomyélite – ostéite


L’ostéomyélite aiguë habituellement d’origine hématogène correspond à l’infection osseuse avant établissement de la nécrose osseuse. L’ostéite, terme générique regroupant les infections osseuses traumatiques ou survenant après geste chirurgicale, sont séparés en ostéite aiguë (l’infection évolue depuis moins d’un mois) ou ostéite chronique si évolution supérieure à un mois. L’ostéomyélite chronique (infection hématogène évoluant depuis plus d’un mois) présente des foyers d’ostéonécrose nécessitant le plus souvent un geste chirurgical de débridement associé à une antibiothérapie. La réaction inflammatoire due à la présence de bactéries entraine des thromboses vasculaires avec disparition de nombreux ostéocytes et constitution de séquestres osseux dévascularisés (ostéothrombophlébites septiques).


Chez l’enfant, la voie hématogène est la plus fréquente, atteignant la métaphyse des os longs (fémur, tibia et humérus) souvent après un traumatisme fermé au niveau de l’os atteint.


Chez l’adulte, l’atteinte osseuse est habituellement la conséquence d’une fracture ouverte ou postopératoire (ostéite postopératoire). En cas de fracture ouverte, la contamination se fait à l’occasion du traumatisme à partir de la flore cutanée ou de l’environnement. L’atteinte osseuse peut également survenir lors de l’intervention chirurgicale ou pendant la période postopératoire précoce à travers la cicatrice. En cas de pose de matériel (clou, plaque, vis…), la pathogénie rejoint celle des infections sur prothèse.


Plusieurs classifications sont proposées. La classification de Cierny-Mader est la plus utilisée et correspond au site anatomique de l’infection et l’état physiopathologique de l’hôte (tableau 44.1). Elle comprend quatre types anatomiques (médullaire, superficiel, localisé et diffus) et trois états physiopathologiques (absence d’anomalie, anomalie généralisée et/ou localisée, patient ayant un risque opératoire majeur), 12 combinaisons étant possibles.



L’os infecté est le siège d’une réaction inflammatoire à l’origine de la production de cytokines pro-inflammatoires. Les leucocytes et les macrophages vont activer les ostéoclastes d’une part, responsables d’une ostéolyse aboutissant à la destruction osseuse, et les ostéoblastes d’autre part, entraînant une reconstruction osseuse dont le témoin est la réaction périostée. Lorsque cette réaction inflammatoire se prolonge au-delà de 10 jours, elle entraîne une nécrose osseuse et la formation de séquestres osseux par occlusion de vaisseaux sanguins.


Forme clinique :



Dans l’ostéomyélite aiguë, la négativité des hémocultures nécessite, selon la situation clinique, la réalisation d’une biopsie osseuse. La radiographie standard est habituellement normale dans les 15 premiers jours. L’IRM est l’examen le plus sensible et spécifique.


Dans les ostéites ou ostéomyélites chroniques, la radiographie standard montre des signes orientant vers une atteinte osseuse (cavité, séquestres osseux, …). Le diagnostic microbiologique passe par la biopsie osseuse, la ponction d’un abcès profond voire une ponction articulaire en cas d’atteinte articulaire associée.



Infection sur prothèse


La contamination survient soit au moment de l’intervention chirurgicale via l’air, l’équipe chirurgicale ou le patient lui-même, soit pendant la période postopératoire précoce à travers la cicatrice, soit par voie hématogène. Un inoculum bactérien < 1 000 UFC est considéré comme suffisant pour déclencher un processus infectieux. Ce processus s’opère de la façon suivante :



Ce biofilm s’étend en quelques jours à toute la surface du matériel. Au sein du biofilm, les bactéries sont en phase stationnaire de croissance et échappent aux mécanismes de défense immunitaire ainsi qu’à l’activité de certains antibiotiques. Tous ces éléments expliquent qu’un lavage chirurgical tardif (au-delà de 15 jours à 1 mois) est inefficace.


La réaction inflammatoire autour de la prothèse, induite par l’ensemble de ces phénomènes, provoque l’activation des ostéoclastes avec résorption osseuse à l’interface os – implant, responsable d’une désinsertion prothétique.


Forme clinique :





PRISE EN CHARGE DES INFECTIONS OSTÉOARTICULAIRES



Prise en charge générale du patient


Les IOA nécessitent une collaboration multidisciplinaire (orthopédistes, anesthésistes, microbiologistes, infectiologues et pharmaciens) particulièrement en cas d’IOA sur matériel. Il peut être nécessaire d’avoir recours aux centres de références des infections ostéoarticulaires complexes.


Le patient doit bénéficier d’une information continue tout au long du processus de soins et de son suivi. Ne pas négliger la souffrance psychologique du patient en centrant l’attention sur le somatique.


Il est indispensable de prendre en charge la douleur physique du patient.


May 4, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 44: TRAITEMENT DES INFECTIONS OSSEUSES

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