Chapitre 44 Brûlures par irradiation

E. Bey

Les brûlures par irradiation sont des lésions cutanées causées par des rayonnements ionisants. Ces brûlures radiologiques caractérisent les lésions d’irradiation aiguë localisée accidentelle, professionnelle ou thérapeutique.

Ces lésions cutanées peuvent être aiguës ou chroniques selon la dose absorbée et la durée d’exposition. Le risque évolutif pour les lésions chroniques est la cancérisation.

Les principes thérapeutiques sont bien codifiés mais nous présentons ici notre expérience dans le cadre d’une nouvelle prise en charge de ces brûlures radiologiques combinant la chirurgie à la thérapie cellulaire.

Rayonnements ionisants et unités utilisées en radioprotection

Les rayonnements le plus souvent incriminés sont les rayonnements électromagnétiques γ et X.

Les rayonnements gamma γ sont très pénétrants. Ils sont utilisés en radiothérapie, pour la stérilisation et dans l’industrie en gammagraphie (radiographie de pièces d’usinage pour apprécier leur qualité).

Les rayonnements X sont d’autant plus pénétrants que leur énergie est élevée. Ils sont utilisés en radiodiagnostic, en radiothérapie conventionnelle et en radiothérapie de haute énergie en carcinologie.

Dose absorbée

La dose absorbée est l’énergie communiquée à la matière vivante par unité de masse par le rayonnement ionisant. Elle est symbolisée par la lettre « D » et s’exprime en gray (Gy).

Débit de dose

C’est la dose reçue par unité de temps exprimée en gray par minute. C’est un paramètre important pour définir les effets biologiques.

En effet, si un individu est irradié par des rayons γ sur le corps entier à la dose de 50 Gy en quelques heures, la probabilité qu’il décède est de 50 %, alors que la même dose administrée en plusieurs mois aura des effets biologiques à peine décelables. C’est la notion de dose fractionnée. La dose de 50 Gy, administrée en une seule fois au corps entier, est appelée la « dose létale 50 ».

Types d’effets induits par les rayonnements ionisants

Effets déterministes

Lésions spécifiques qui sont systématiques, doses dépendantes et n’apparaissant qu’au-dessus d’un certain seuil. Les brûlures cutanées en sont la parfaite illustration

Effets stochastiques

Effets aléatoires, indépendants de la dose, sans seuil. Les lésions évoluent progressivement pour leur propre compte, même après l’arrêt de l’irradiation. Classiquement, ce sont les effets néoplasiques et génétiques.

Syndrome d’irradiation aigu localisé

Il est représenté par la brûlure radiologique et les lésions cutanées sont spécifiques et directement liées à la dose absorbée.

Ainsi nous distinguons les radiodermites aiguës accidentelles (accidents d’exposition qui sont fonction du type de rayonnement et de la dose initiale) des radiodermites chroniques (expositions involontaires professionnelles répétées) d’où l’importance des mesures de radioprotection, ou à la suite d’irradiation thérapeutique.

Réactions cutanées précoces : radiodermites aiguës

La phase initiale est caractérisée par un érythème.

La phase de latence clinique peut durer plusieurs semaines, sans signe physique associé en dehors de la persistance d’un œdème. Les signes fonctionnels sont dominés par un prurit et une sensation de chaleur.

La phase d’état est directement liée à la dose initiale.

Pour une dose initiale de 10 Gy, on observe l’apparition d’une desquamation caractéristique d’une radiodermite sèche.

Pour une dose initiale de 15 Gy, l’atteinte de la couche basale met à nu le derme qui laisse suinter du plasma. Cette ulcération est typique d’une radiodermite exudative (fig. 44-1).

Fig. 44-1 Irradiation aiguë localisée après exposition accidentelle industrielle à une source gamma.

Radiodermite exudative. Greffe de peau mince.

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