42: TRAITEMENT DES INFECTIONS RESPIRATOIRES BASSES ET HAUTES

CHAPITRE 42 TRAITEMENT DES INFECTIONS RESPIRATOIRES BASSES ET HAUTES





GÉNÉRALITÉS


Il convient de distinguer les infections respiratoires basses (qui concernent la trachée, les bronches et le parenchyme pulmonaire) et les infections respiratoires hautes (qui concernent les fosses nasales, le pharynx et le larynx).


Sous le terme d’infection respiratoire basse, trois situations cliniques distinctes sont regroupées :



Sous le terme d’infection respiratoire haute, quatre situations cliniques distinctes sont regroupées :



Les cas spécifiques de l’adulte et de l’enfant seront abordés.


Pour les infections basses, les stratégies de prise en charge reposent sur les recommandations de l’Afssaps de 2005 et la conférence de consensus de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) de mars 2006, révisées en 2010, en particulier pour inclure les situations de contexte grippal dans la prise en charge des pneumonies.


Pour les infections hautes, les dernières recommandations de bonne pratique dataient de 2004 et ont été actualisées en novembre 2011 sous l’égide de trois sociétés savantes, la SPILF, le groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) et la Société Française de Pédiatrie (SFP). Elles ne sont pas marquées du sceau de l’Afssaps mais sont diffusées avec son soutien.


La rédaction de ce chapitre repose sur ces recommandations de façon à proposer la stratégie thérapeutique de référence à ce jour pour chacune des pathologies traitées, prenant en compte en particulier l’épargne des céphalosporines du fait de leur impact sur l’écosystème et sur l’émergence d’entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE).



INFECTIONS RESPIRATOIRES BASSES



Bronchite aiguë de l’adulte sain


La bronchite aiguë est une inflammation de l’arbre trachéo-bronchique secondaire à une infection, le plus souvent virale.







Broncho-pneumopathie chronique obstructive


La BPCO est une inflammation chronique de l’arbre trachéo-bronchique, caractérisée par une diminution non complètement réversible des débits aériens.


Une BPCO pré-existante associée à une acutisation des symptômes respiratoires correspond à la survenue d’une exacerbation de la BPCO.





Clinique – Diagnostic


La BPCO se définit par une toux et une expectoration pendant au moins 3 mois par an et au moins 2 années consécutives. Il est fondamental de caractériser avec précision le stade de sévérité de la BPCO sur des critères objectifs, en réalisant des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) en dehors d’un épisode d’exacerbation. Les EFR permettent de mesurer en particulier deux paramètres importants dans l’évaluation de l’obstruction bronchique :



En fonction de ces paramètres, il est décrit quatre stades de sévérité de la BPCO (tableau 42.1).



Le diagnostic de l’exacerbation de la PBCO se fait sur l’association d’une BPCO pré-existante et d’une acutisation des symptômes respiratoires. La symptomatologie associe alors une majoration : de la toux, de l’expectoration avec purulence, du freinage bronchique et de la dyspnée (« triade d’Anthonisen »). La fièvre est généralement absente ou modérée.


Après avoir éliminé certaines causes non infectieuses (embolie pulmonaire, insuffisance cardiaque gauche, arythmie, médicaments, pneumothorax …), l’origine infectieuse de l’exacerbation, en cause dans environ 50 % des cas, doit être recherchée. La fièvre est inconstante et ne permet pas de distinguer une origine virale d’une origine bactérienne. La présence de signes ORL associés (rhinorrhée, odynophagie, etc.) oriente vers une infection virale. Actuellement, l’argument clinique prépondérant pour une étiologie bactérienne de l’exacerbation de la BPCO est la mise en évidence d’une purulence verdâtre franche des crachats.




Pneumonie aiguë communautaire de l’adulte


La pneumonie aiguë, définie comme une infection du parenchyme pulmonaire d’évolution aiguë, est dite communautaire si elle est acquise en milieu extrahospitalier ou si elle survient avant la 48e heure d’hospitalisation. Il s’agit d’une affection potentiellement grave pouvant engager le pronostic vital.






Stratégie thérapeutique



Prise en charge du patient


Elle sera soit ambulatoire, soit hospitalière, et décidée après évaluation des trois critères suivants :



Il est recommandé d’hospitaliser les patients présentant des signes de gravité ou se trouvant dans une des situations particulières citées, ainsi que les patients de moins de 65 ans présentant 2 facteurs de risque de mortalité ou âgés de plus de 65 ans avec au moins 1 facteur de risque.


La prise en charge est généralement ambulatoire pour les patients de moins de 65 ans sans ou avec un seul facteur de risque de mortalité et les patients de plus de 65 ans sans aucun facteur de risque.


Le calcul de scores, en particulier le score de Fine ou PSI (Pneumonia Severity Index) et le CRB 65 permet de confirmer le type de prise en charge, ambulatoire ou à l’hôpital.



Antibiothérapie


L’antibiothérapie des PAC est probabiliste ; elle doit être instaurée dès le diagnostic porté, idéalement dans les 4 heures. Son efficacité doit être évaluée impérativement après 48–72 heures de traitement. Elle doit tenir compte des pathogènes les plus fréquemment impliqués, à savoir Streptococcus pneumoniae et les bactéries atypiques à développement intracellulaire (Mycoplasma pneumoniae, Chlamydophila pneumoniae et Legionella pneumophila), et de la gravité qui peut leur être associée. La voie orale doit être privilégiée quand elle est possible.


En ambulatoire, l’examen microbiologique n’est pas indispensable. En cas d’hospitalisation, l’analyse microbiologique peut aider au diagnostic étiologique et ne dispense pas de la mise en place d’un traitement probabiliste en attente des résultats. L’étiologie précise est déterminée dans seulement 50 % des cas. Elle consiste en un examen cytobactériologique des crachats (ECBC), la recherche d’antigène urinaire de Steptococcus pneumoniae, la recherche d’antigène urinaire de Legionella pneumophila par immuno-chromatographie, la réalisation d’une hémoculture.


Les différentes stratégies thérapeutiques des pneumonies communautaires sont décrites dans les tableaux 42.2, 42.3 et 42.4.





La durée de traitement est de 7 à 14 jours (en moyenne 10 jours).


En cas de contexte grippal, chez les sujets sains sans signe de gravité, l’amoxicilline/acide cluvulanique remplace l’amoxicilline en premier choix. En seconde intention, on trouve la pristinamycine ou la télithromycine.


En matière de prévention des pneumonies à pneumocoque, la vaccination anti-pneumococcique est recommandée : vaccination tous les 5 ans des sujets à risque, à savoir les sujets âgés de plus de 65 ans en particulier ceux vivants en institution, les splénectomisés, les drépanocytaires homozygotes, en cas de syndrome néphrotique et les insuffisants respiratoires. Un bénéfice synergique des vaccinations grippale et pneumococcique a été établi.



Pneumonies nosocomiales


Il s’agit d’une pneumopathie acquise lors d’un séjour hospitalier, au-delà de la 48e heure d’hospitalisation. Les pneumonies nosocomiales sont au 2e rang des infectons nosocomiales en France (20 %), après les infections urinaires, et concernent 0,5 à 1 % des patients hospitalisés.





Infections respiratoires basses de l’enfant


Le diagnostic d’infection respiratoire chez l’enfant repose sur une triade symptomatique : fièvre, toux et difficultés respiratoires d’intensité variable.


Une évaluation clinique initiale est indispensable. Elle permet de distinguer trois grands tableaux possibles : les bronchiolites aiguës, les bronchites et les pneumonies.


Les bronchiolites et bronchites sont très fréquentes (90 % des infections respiratoires basses), et sont avant tout d’origine virale. En ambulatoire, les examens biologiques sont inutiles devant une bronchiolite ou une bronchite.


May 4, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 42: TRAITEMENT DES INFECTIONS RESPIRATOIRES BASSES ET HAUTES

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