41: Syndromes des taches blanches inflammatoires et syndromes apparentés

Chapitre 41 Syndromes des taches blanches inflammatoires et syndromes apparentés





Syndromes des taches blanches inflammatoires : ce qui est admis










QUID DE LA DISTINCTION DE CES SYNDROMES ?


Le syndrome des taches blanches multiples évanescentes, les choroïdites multifocales, la rétinopathie occulte externe zonale aiguë sont les trois principales entités (tableau 41-IV). Elles ont été individualisées et caractérisées respectivement par Jampol en 1984 [11], par Nozik et Dorsch en 1973 [12], par Gass en 1993 [13]. Cette distinction peut se justifier par une différence de présentation des lésions au fond d’œil (tableau 41-II) et par une différence d’évolution (tableau 41-V) et de pronostic : il existe indiscutablement une échelle de gravité de ces syndromes — qui peuvent correspondre à différents degrés cliniques d’un même processus pathogénique non connu. Ainsi, il y a une restitution ad integrum de l’acuité visuelle dans la forme typique du syndrome des taches blanches évanescentes ; la survenue de néovaisseaux choroïdiens est exceptionnelle. À l’inverse, le pronostic visuel est réservé dans les choroïdites multifocales où les néovaisseaux choroïdiens surviennent dans 40 % des cas.





QUID DE L’INTRICATION DE CES SYNDROMES ?


Il est possible, bien que rare, qu’un patient présente dans le temps plusieurs syndromes de taches blanches inflammatoires avec la succession CMF-MEWDS, MEWDS-CMF, AMN-MEWDS [9, 14, 15, 16]. Dans d’autres cas, l’atteinte peut être à la frontière de deux syndromes, avec un tableau de choroïdite multifocale anormalement associée à des altérations sévères et évolutives du champ visuel périphérique rappelant une rétinopathie occulte externe zonale aiguë. De même, quelques cas de syndrome des taches blanches évanescentes avec des lésions étendues péripapillaires comparables à celles d’une rétinopathie occulte externe zonale aiguë ont été publiés.





Syndrome des taches blanches évanescentes


Le syndrome des taches blanches évanescentes (MEWDS, Multiple Evanescent White Dot Syndrome) est une affection rare, avec soixante-neuf cas publiés entre 1984 et 1994. Il touche une femme jeune, de vingt à quarante ans (sex-ratio 3:1 ; extrêmes : quatorze ans à cinquante-sept ans ; âge moyen : vingt-huit ans). Les signes fonctionnels sont communs à l’ensemble des syndromes des taches blanches. L’atteinte est le plus souvent unilatérale (80 % des cas). La baisse d’acuité est très variable, allant de 1/20 à la notion de flou visuel avec une acuité conservée à 10/10.




CRITÈRES DIAGNOSTIQUES


Le tableau clinique typique associe des taches blanches évanescentes, un remaniement maculaire, une inflammation modérée du nerf optique [17]. L’inflammation vitréenne est minime avec une hyalite en regard de la papille. La zone fovéolaire qui n’est pas intéressée par les taches inflammatoires prend un aspect granuleux orangé avec perte du reflet fovéolaire. Ce remaniement est relativement spécifique des MEWDS, bien qu’il puisse parfois être confondu avec le remaniement des neurorétinopathies aiguës maculaires.




PARTICULARITÉS DES TACHES BLANCHES


Les taches blanches, discrètes et de petite taille (50 µm à 100 µm), sont confinées au pôle postérieur, dans la zone périfovéolaire et péripapillaire. Les taches ne sont ni pigmentées ni confluentes (fig. 41-1 à 41-3).





En angiographie à la fluorescéine, les taches sont hyperfluorescentes dès les temps précoces et tout au long de la séquence. Elles sont plus nombreuses, avec une disposition évocatrice en couronne périfovéolaire (wreath-like pattern). Il existe également des taches en péripapillaire (rétine nasale comprise).


L’hyperfluorescence précoce de taches blanches est très en faveur d’un MEWDS. Cette hyperfluorescence n’est pas liée à l’effet « fenêtre » classique défini par la perte des cellules de l’épithélium pigmentaire mais probablement au « tissu inflammatoire », entraînant la perte du masquage de la fluorescence choroïdienne par les cellules de l’épithélium — qui sont en nombre conservé.


L’atteinte en angiographie au vert d’indocyanine est marquée, diffuse [18]. Les lésions sont beaucoup plus nombreuses qu’en angiographie à la fluorescéine (fig. 41-1d, 41-2c et 41-3e et f). Elles sont hypofluorescentes, disséminées au pôle postérieur et à l’ensemble de la moyenne périphérie, particulièrement visibles par contraste aux temps tardifs de la séquence au vert d’indocyanine. Ces lésions peuvent confluer, créant de larges zones hypofluorescentes avec une prédilection périmaculaire et péripapillaire. On retrouve un anneau hypofluorescent péripapillaire notamment en cas d’élargissement de la tache aveugle.




IMAGERIE PAR TOMOGRAPHIE EN COHÉRENCE OPTIQUE


Les taches n’ont pas de traduction en OCT (fig. 41-1 e). On note cependant des modifications de la réflectivité des couches externes de la rétine avec une perte de la continuité de la ligne des photorécepteurs (ligne hyper-réflective) à la phase symptomatique dans la région maculaire et fovéolaire [18, 20]. Ces anomalies sont transitoires.




ÉVOLUTION


Ce critère est essentiel. Les taches sont fugaces, disparaissant en moins de trois semaines (tableau 41-V). Elles peuvent laisser place à de discrètes altérations de l’épithélium pigmentaire. Il n’y a pas d’atrophie choriorétinienne. L’aspect granité de la macula, l’œdème papillaire, les anomalies de l’angiographie au vert d’indocyanine et de l’ERG peuvent persister quelque temps après la résorption des taches (fig. 41-2, b et c).







Choroïdites multifocales et syndromes apparentés


Les choroidites multifocales (CMF, multifocal choroiditis and panuveitis) ont été individualisées, séparées de l’histoplasmose oculaire par Nozik et Dorsch en 1973 [12]. La France n’est pas située dans une zone d’endémie de l’histoplasmose. Ce syndrome de taches blanches inflammatoires comporte des lésions choriorétiniennes proches de celles de l’histoplasmose oculaire mais se singularise par une inflammation intraoculaire (70 % des cas). La présence d’une hyalite marquée ou d’un tyndall antérieur n’est pas en faveur d’un syndrome des taches blanches évanescentes et permet d’exclure une histoplasmose oculaire.


Les choroidites multifocales touchent le plus souvent la femme jeune (âge moyen : trente-quatre ans, extrêmes : neuf ans à soixante-dix ans), modérément myope (+ 2,5 à − 9). Cette forme du sujet jeune est à séparer des choroidites multifocales périphériques du sujet âgé.


Les signes fonctionnels sont communs à l’ensemble des syndromes des taches blanches. Toutefois, les patients mentionnent rarement des photopsies — plus évocatrices de MEWDS et d’AZOOR. Les déficits du champ visuel sont fréquents avec, notamment, un élargissement de la tache aveugle (50 % des cas) et une atteinte préférentielle du champ nasal. La baisse d’acuité est très variable, allant de 1/20 à la notion de flou visuel avec une acuité conservée à 10/10. L’atteinte est bilatérale (75 % des cas), récidivante.





PARTICULARITÉS DES TACHES


Les lésions choriorétiniennes, localisées au niveau de l’épithélium pigmentaire, sont plus nombreuses (plus de cinq lésions maculaires) et plus petites que celles de l’histoplasmose oculaire (50 µm à 400 µm). On distingue des lésions inflammatoires blanches actives et des lésions cicatricielles pigmentées et atrophiques (fig. 41-4). Les lésions peuvent confluer — contrairement à celles du MEWDS —, avec des images en « lame de sabre »» au pôle postérieur (sword-like lesions), en « oreilles de Mickey » autour de la papille (Mickey ears) et de lignes atrophiques et pigmentées en périphérie rétinienne (linear streaks) (fig. 41-5 et 41-6). L’affection étant récidivante, la coexistence de lésions actives et de lésions cicatricielles est classique dans les choroidites multifocales.


Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Jun 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 41: Syndromes des taches blanches inflammatoires et syndromes apparentés

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access