4: Traitement cœliochirurgical de la grossesse extra-utérine

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Avec environ 14 000 cas annuels en France, la grossesse extra-utérine (GEU) demeure l’urgence gynécologique par excellence, de par sa fréquence mais également de par sa gravité, puisqu’elle peut mettre en péril le pronostic vital [14]. Réalisé pour la première fois en 1973 par Bruhat et Manhès à Clermont-Ferrand, le traitement cœliochirurgical de la GEU est actuellement considéré comme le traitement de référence [2]. Il s’agit en fait d’un des tous premiers gestes chirurgicaux réalisés par cœlioscopie. Le traitement laparoscopique de la GEU tubaire peut être conservateur (salpingotomie) ou radical (salpingectomie). Les GEU extratubaires sont rares et leur traitement n’est pas codifié.



Indications du traitement chirurgical


Le choix d’un traitement médical ou chirurgical repose sur un faisceau d’arguments à la fois cliniques, échographiques et biologiques [3, 12, 17]. En pratique, l’indication d’un traitement chirurgical est retenue, soit d’emblée devant un tableau évocateur d’une GEU rompue ou à risque important de rupture, soit après échec du traitement médical. Par ailleurs, le traitement médical est également contre-indiqué en cas de difficultés de compréhension du protocole par la patiente ou du fait d’un éloignement géographique. Dans tous les cas, les modalités du traitement et de sa surveillance doivent recevoir l’adhésion complète de la patiente.



Cœlioscopie ou laparotomie ?


Une étude tirée du registre auvergnat, qui est actuellement le plus important registre des GEU, rapporte qu’entre 1992 et 1996, sur 835 GEU étudiées, 83 % ont été traitées exclusivement par cœlioscopie, 10 % par laparotomie et 7 % par méthotrexate [1]. Le traitement cœlioscopique de la GEU s’est imposé comme une technique fiable et parfaitement reproductible. Jouissant des avantages indéniables de cette voie d’abord, par rapport à la laparotomie en termes de qualité de vie pour les patientes, de coût pour la collectivité (réduction des adhérences et des douleurs postopératoires, le rétablissement rapide permettant un raccourcissement du séjour, bénéfices esthétiques) mais également sur le plan technique [18]. La cœlioscopie comporte, en fait, une seule contre-indication absolue : l’inexpérience du chirurgien en laparoscopie. Les autres contre-indications habituelles, comme un hémopéritoine massif et un état hémodynamique instable, une obésité morbide, une volumineuse hématocèle enkystée ou une GEU interstitielle ne sont plus considérées comme indiscutables par les équipes disposant d’une bonne expérience cœliochirurgicale et d’un matériel adapté. Le facteur limitant résidera plus dans les problèmes liés à l’anesthésie que dans ceux liés à la cœlioscopie elle-même : une bonne concertation préopératoire, au cas par cas, entre le chirurgien et l’anesthésiste permettra de définir au mieux la voie d’abord.



Approche cœliochirurgicale de la grossesse extra-utérine





Installation et matériel


La patiente est installée en décubitus dorsal, les jambes en abduction pour permettre un accès vaginal. Le sondage vésical évacuateur, voire à demeure en cas de nécessité de surveiller la diurèse, est systématique. La canulation utérine, réalisée uniquement si le diagnostic de grossesse intra-utérine (GIU) évolutive a été éliminé, permettra de mobiliser l’utérus et d’exposer ainsi les annexes pour faciliter les gestes chirurgicaux. Le matériel minimum nécessaire au traitement laparoscopique de la GEU comprend en fait des instruments de base de la cœliochirurgie avec en plus l’instrument capital pour le traitement conservateur de la GEU qu’est la pointe fine monopolaire (voir encadré).



L’insufflation de la cavité péritonéale est effectuée après réalisation des tests de sécurité habituels (voir chapitre 1). Dans la majorité des cas, l’optique est introduite par un trocart de 10 mm en transombilical et les instruments par trois trocarts opérateurs qui sont placés de la manière suivante : un de 5 mm dans chaque fosse iliaque et un de 10 mm en sus-pubien avec un capuchon réducteur de 5 mm. Le placement des voies d’abord pourra être modifié en fonction des caractéristiques de la GEU, des difficultés opératoires et des habitudes des opérateurs. Il est important de disposer d’un système d’aspiration efficace et de diamètre suffisant. Dans notre pratique, nous utilisons le plus souvent la canule d’aspiration de 10 mm de diamètre afin d’évacuer rapidement un éventuel hémopéritoine, mais aussi pour aspirer efficacement tout le trophoblaste.




Diagnostic cœlioscopique de la grossesse extra-utérine


La GEU se présente, dans sa localisation la plus fréquente, au niveau ampullaire sous la forme d’une trompe tendue par le trophoblaste et l’épanchement sanguin intratubaire (hématosalpinx), violacée, pouvant être fissurée, voire rompue et associée à un hémopéritoine de volume variable (fig. 4.2). Parfois, la GEU n’est pas visible, mais « palpable » sous la forme d’une induration tubaire, lorsque la prise en charge chirurgicale a été précoce. En cas d’avortement tubaire pavillonnaire, la GEU expulsée est « noyée » dans l’hémopéritoine. L’exploration pelvienne quantifie l’hémopéritoine. Si le siège tubaire de la grossesse n’est pas établi, il convient d’envisager un siège ovarien ou abdominal (mésentère ou épiploon).




Salpingotomie ou salpingectomie ?


Le traitement cœlioscopique de la GEU repose sur deux alternatives : le traitement conservateur par salpingotomie et le traitement radical par salpingectomie. La décision de conserver ou non la trompe dépend de plusieurs facteurs :



Nous utilisons un score [20] qui affecte un coefficient à chacun des facteurs influençant de façon significative la fertilité après GEU (tableau 4.1). L’élévation de ce score va de pair avec une élévation du risque de récidive de GEU et une altération du pronostic de la fertilité.



Tableau 4.1 Score préthérapeutique de Pouly.





















Antécédents Points
GEU 2
Adhésiolyse 1
Microchirurgie tubaire 2
Trompe unique 2
Salpingite 1











Laparoscopie Points
Adhérences homolatérales 1
Adhérences controlatérales 1














Score décisionnel Total
Traitement conservateur 1 à 3
Salpingectomie 4
Salpingectomie et stérilisation tubaire controlatérale > 4

Par ailleurs, il est démontré que les patientes n’ayant aucun antécédent de chirurgie tubaire ou d’infertilité et ayant une trompe controlatérale saine, présentent une fertilité comparable après un traitement radical ou conservateur [9].


Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 4: Traitement cœliochirurgical de la grossesse extra-utérine

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